Congo-Kinshasa: Caricatures - Un condensé des grands moments du dernier mandat de Kabila

Trié sur le volet parmi plus d'un millier de dessins du prolifique caricaturiste Thembo Kash produits en sept ans, de 2012 à 2018, « Fin de course », le nouveau recueil présenté le 13 octobre au Musée national, revient sur l'atmosphère sociopolitique qu'il a dépeinte avec sa verve satirique habituelle en complément à son crayonné d'une subtilité désarmante.

Le travail de Kash nourri d'une inventivité, qui s'est affinée en trente-trois ans de pratique quotidienne, n'arrête pas de surprendre comme on peut aisément le constater dans Fin de course.

En effet, avec le recul, le piquant des caricatures n'en est que plus apparent.

Le génie du dessinateur archive si magnifiquement l'histoire souvent si tumultueuse de sa chère patrie, la République démocratique du Congo (RDC), que l'envie saisit tout de suite de le remercier de le faire avec toujours autant de passion que de professionnalisme.

Savoir que « la caricature est une forme de journalisme », comme bien a pris à Kash de le signifier vendredi dernier. Et qu'à ce titre, notre dessinateur de presse fait bien oeuvre utile.

Partenaire principal du projet autour de la publication de Fin de course, des formations de jeunes talents à la caricature et le concours « Dessine-moi la paix », le représentant pays d'Osisa, Nick Elebe ma Elebe, en a souligné la pertinence. « Avec le temps, j'ai réalisé que la caricature est une autre forme d'expression artistique et culturelle, c'est la démocratie aussi », a-t-il dit en commentaire.

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Pour lui, Fin de course « ne termine pas une course mais commence une course » le considérant tel « un beau témoignage de ces années tendues, difficiles, belles également parce qu'elles ont marqué un engagement ; le courage, la volonté de citoyens congolais de tout bord en faveur d'une pratique et d'une culture démocratique en faveur de la liberté qui force le respect à plus d'un titre ».

Au bout du compte, Fin de course n'est autre que le témoignage de l'histoire de la RDC. Et qu'il ouvre la voie à « une nouvelle course pour les prochains défis qui s'imposent à nous ».

Ce, a-t-il précisé, « qu'ils soient économiques, politiques mais également artistiques et culturels ».

Des conflits de longue date

Pour sa part, le Pr Hilaire Mbiye, faisant la recension du recueil, a évoqué les débuts de carrière de Kash affirmant qu'il est le premier à s'être aventuré dans la caricature politique.

Il avait osé caricaturer le feu président Mobutu à la suite de son discours sur la démocratisation de la RDC le 24 avril 1990.

Et, Fin de course, centrée sur les années Kabila, comporte sept chapitres correspondant à chacune des années de son second mandat.

Le nouvel album, a-t-il dit, « constitue dans l'ensemble un récit visuel qui peint les évènements et décrit les acteurs politiques congolais ».

De son avis, « ces caricatures constituent un miroir de la société congolaise et une miniaturisation du champ politique situé dans un cadre réel où différents acteurs communiquent, s'opposent et cherchent à se neutraliser et non à travailler en synergie ».

Citant à titre d'exemples les dessins des première et quatrième pages de couverture, il a relevé ici la nette illustration que « les conflits entre l'Eglise et l'état » ne sont pas une nouveauté.

Ces conflits qui datent, Kash les symbolisent par des caricatures éloquentes de deux défunts personnages emblématiques, en l'occurrence le Lider Maximo de l'UDPS et le Cardinal Mosengwo, engagés à faire échec à la hardiesse de Kabila à demeurer coûte que coûte dans « la course ».

En feuilletant Fin de course, il apparaît toute l'actualité où la politique, la vie socio-économique et culturelle se trouve dépeinte de manière critique. Tout y est passé au crible, à travers notamment les croquis évoquant « les élections de 2011, les diverses concertations politiques, l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, l'insécurité dans l'Est, les massacres de Béni, la rébellion du M23 soutenu par le Rwanda, la pression de l'Eglise catholique contre un 3e mandat de Kabila, la désignation du dauphin de Joseph Kabila, l'assassinat du colonel Mamadou Ndala et du général Bahuma, la mort d'Etienne Tshisekedi, l'expulsion des Congolais d'Angola, etc. », a indiqué le scientifique expert en histoire de la bande dessinée africaine précité.

Autodidacte, Kash s'est attaché à la caricature et d'aucuns reconnaissent qu'il lui revient le mérite d'avoir su lui donner ses lettres de noblesses en RDC.

Et, la sortie de son nouvel album Fin de course témoigne à suffisance de la maîtrise qu'il a de cet art qu'il a choisi d'élever assez en leur offrant de se classer dans une certaine mesure au niveau d'archives historiques assortie d'une valeur de témoignage des épisodes qu'il cristallise en usant de son vif crayonné.

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