Tunisie: Comment se déroule la rentrée des étudiants subsahariens après les violences anti-migrants

En Tunisie, les étudiants subsahariens font leur rentrée universitaire avec prudence après le discours du président Kaïs Saïed en février dernier contre la migration irrégulière. Bien qu'en règle, de nombreux étudiants subsahariens avaient été des victimes collatérales de la répression envers les migrants sans papiers. Certains s'étaient fait agresser et ont dû se confiner chez eux pendant les campagnes sécuritaires de février à mars. Pour cette rentrée, les universités tentent de rassurer les étudiants qui sont restés, malgré une baisse des inscriptions et réinscriptions variant entre 10 et 30%.

Auguste Kevin Balima, un Burkinabè, vient par exemple de faire sa rentrée universitaire dans un centre de formation en contrôle des industries agroalimentaires à Tunis. « Certains étudiants ont décidé de ne pas poursuivre leur cursus mais moi je suis là pour continuer, explique-t-il. On va garder le même état d'esprit qu'au début. Même avec ce qu'il s'est passé, il y en a qui étaient toujours avec nous, qui nous ont envoyés des messages, qui nous ont apportés même des vivres donc on entretient des bonnes relations ».

Malgré cet optimisme, certains étudiants ne sont pas revenus et des pays comme la Côte d'Ivoire ont suspendu les bourses de coopération avec la Tunisie. Une décision politique selon Yao N'Zi Ernest, étudiant en data science et président de l'association des Étudiants et stagiaires ivoiriens en Tunisie. « C'est un message fort que notre État envoie, pour dire que ses étudiants ne se sentent pas en sécurité. Ça, c'est un premier point. Et deuxième élément, c'est qu'il faut travailler sur les conditions de l'intégration ici ». Une intégration sur laquelle travaillent de près les universités privées comme celle d'Esprit, l'École supérieure privée d'ingénierie et des technologies.

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Salah Bousbia est directeur des relations internationales. Il explique : « Nous avons lancé plusieurs programmes pour rassurer nos étudiants subsahariens, notamment grâce à des réunions d'information, de sensibilisation, de conseil. On a une cellule d'écoute en cas d'incident, en cas de contrôle policier. »

Mais les associations estudiantines réclament plus d'efforts face aux lenteurs administratives pour l'octroi des cartes de séjour.

La Tunisie a enregistré un stock de près de 10 000 étudiants internationaux dont une grosse moitié au niveau du privé et une autre moitié au niveau du public. 70% à peu près de ces étudiants proviennent de l'Afrique subsaharienne. Il est vrai que cette année, nous avons augmenté l'offre que nous mettons à disposition des pays africains de 25%. Il s'agit de voir dans quelles conditions ces étudiants viennent, quelles sont les dispositions prises pour leur bon accueil. Il a été décidé que le processus soit plus fluide, plus rapide, digitalisé et accessible aux étudiants avec la mise en place d'une voie express on va dire, d'un bureau spécial pour les étudiants internationaux et la possibilité à partir de cette année de faire la reconduction de la carte de séjour séance tenante.

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