Alors que l'escalade de la violence et les violations généralisées des droits de l'homme dans les provinces de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) déclenchent une nouvelle vague de déplacements, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est vivement préoccupée, mardi, du sort des populations déplacées par les violences dans cette partie orientale de ce pays des Grands lacs
Malgré un récent accord de cessez-le-feu dans la province du Nord-Kivu, les équipes du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) ont rapporté que plus de 90.000 personnes dans les territoires de Rutshuru et de Masisi ont été forcées de fuir leurs maisons au cours des premières semaines d'octobre. La province du Sud-Kivu, qui se trouve à la périphérie du conflit principal, a accueilli 260.000 personnes déplacées internes.
« Les familles déplacées ont un besoin urgent de nourriture, d'eau potable et d'abris, mais l'accès humanitaire aux populations affectées est sévèrement restreint en raison des conflits en cours », a déclaré en visioconférence depuis l'Afrique du Sud, Valentin Tapsoba, Directeur du Bureau régional du HCR pour l'Afrique australe.
Plus de 8.200 violations des droits humains signalées pour le seul mois de septembre
Sur le terrain, les équipes de surveillance et de protection du HCR ont révélé une détérioration dramatique de l'environnement de protection dans la province. Au total, elles font état de plus de 8.200 violations des droits de l'homme signalées pour le seul mois de septembre, y compris « des meurtres, des pillages et des viols ».
C'est dans ce contexte de déplacement que des épidémies, notamment de choléra et de rougeole, continuent de ravager les sites de déplacés du Nord-Kivu. Ces maladies sont exacerbées par la surpopulation et le manque d'eau potable.
« Sur le million de personnes ayant un besoin urgent d'abris bâchés dans les provinces orientales, seules 115.000 en ont reçu depuis le mois de juin », a ajouté M. Tapsoba, relevant que pendant ce temps, les enfants de dizaines d'écoles du Nord-Kivu ne vont pas à l'école car leurs salles de classe sont utilisées pour abriter les familles déplacées.
Confrontées à des circonstances désastreuses, les familles déplacées, qui préféreraient rester près de leurs réseaux familiaux élargis et de leurs moyens de subsistance, sont forcées de franchir les frontières internationales. De janvier à août 2023, environ 45.000 nouveaux réfugiés de la RDC sont arrivés dans les pays voisins, notamment en Ouganda, en Tanzanie et au Rwanda. Dans ces pays, les besoins en matière d'abris et de protection pour les nouveaux arrivants sont aigus.
Des appels de fonds pour la RDC largement sous-financés
Ces pays d'asile voisins sont également touchés par un grave sous-financement. Les références médicales ont été réduites à 70 % au Burundi, et la fourniture de tous les soins de santé au-delà des références d'urgence aux soins secondaires a été interrompue au Rwanda. Dans ce pays, le HCR a également mis fin à tous les programmes d'aide en espèces pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial réduira son aide en espèces pour la nourriture à partir de novembre.
En Tanzanie, l'assistance aux personnes ayant des besoins spécifiques, comme les survivants de violences sexistes, d'exploitation et d'abus sexuels, et les enfants à risque, a été considérablement réduite.
En Ouganda, la disponibilité et le niveau des services d'eau, d'assainissement et d'hygiène ont été réduits, ce qui est attribué à l'écart entre le taux élevé d'arrivées en provenance de la RDC et les ressources disponibles pour l'expansion des infrastructures dans les zones d'habitation.
Malgré ces besoins énormes, le Plan régional de réponse aux réfugiés 2023 pour la situation en RDC n'est actuellement financé qu'à hauteur de 16 % des 605 millions de dollars requis.
Dans le même temps, l'appel du HCR de 232 millions de dollars pour répondre de manière adéquate aux besoins des personnes déplacées en RDC cette année, n'a reçu que 40 % de ce montant. Des fonds qui doivent permettre de venir en aide à 2,7 millions de personnes sur les 5,5 millions de personnes ayant les besoins les plus urgents.