À Madagascar, la présidente de l'Assemblée nationale a ouvert la seconde session ordinaire de l'année avec un message fort à l'endroit des 13 candidats à l'élection présidentielle, du gouvernement intérimaire, mais aussi de la communauté internationale, invitée pour l'occasion. Issue du parti présidentiel, la cheffe de la chambre basse a pointé du doigt la situation extrêmement délétère du pays.
« Notre pays va mal, notre peuple est en souffrance, et nous sommes la cause de cette défaillance », lance Christine Razanamahasoa. « Nous sommes dans l'impasse. Les germes d'un conflit ne cessent de s'amplifier ». La présidente de l'Assemblée nationale a présenté son institution comme le cadre légal et légitime pour trouver une issue à la crise.
Les députés de tous bords acclament la présidente de l'Assemblée nationale. De quoi contraster avec un début de séance perturbé par des députés de l'opposition qui réclamaient, banderoles à la main, le départ du Premier ministre Christian Ntsay.
Une prise de parole salvatrice
À la sortie de la session, la députée indépendante Masy Goulamaly exulte, satisfaite des paroles de sa présidente : « C'est ce qu'on attendait depuis longtemps ! Elle a parlé clair et net : il faut respecter la Constitution. En quelque sorte, c'est un désaveu de ce que fait le gouvernement actuel. »
Pour Eléonore Johasy, représentante de l'un des candidats du « collectif des 11 », cette prise de parole est salvatrice : « Il était temps ! La présidente de l'Assemblée nationale a enfin admis, que nous étions en situation de crise [contrairement au nouveau président du Sénat qui a affirmé le 13 octobre que le pays n'était pas en crise, NDLR] et que véritablement, il y a un déséquilibre dans la conduite des affaires de l'État. Et pour nous, c'est essentiel que ce soit dit. »
La nécessité de faire des concessions
Côté camp présidentiel, des discours plus nuancés commencent aussi à se faire entendre. Célestin Lovanirina Fiarovana est député de la majorité : « Elle a bien souligné que la démocratie se déroule en chambre basse. Chaque institution joue son rôle. Nous pouvons être le lieu d'une médiation, nous sommes les élus du peuple, nous ! »
D'autres, comme le député Paul Bert Rahasimanana, élu lui aussi de l'IRD, ne mâchent pas leurs mots : « Le gouvernement actuel est vicié. Pour ne pas dire illégal. La prise de pouvoir de mon ami le général Ravalomanana au poste de président du Sénat est contestée. On ne peut pas avoir des élections normales avec ça. La seule façon de clouer le bec à ces messieurs du collectif, c'est de les battre légalement aux élections. Et si on est aussi costauds, puisqu'on fait des démonstrations de force partout, pourquoi ne pas faire une élection normale ? Puisqu'on est sûr de notre force à nous ? Pourquoi on s'aventure dans des choses illégales comme ça ? C'est inacceptable. » Le député appelle les deux camps à faire des concessions.
Quant à la présidente de l'Assemblée nationale, elle a exhorté la communauté internationale à agir : « Le temps n'est plus à la diplomatie, chers diplomates. Notre responsabilité respective est engagée. »