Ile Maurice: Agaléga - Le PM brandit une nouvelle fois la clause de confidentialité

La première Private Notice Question (PNQ) du leader de l'opposition, en cette rentrée parlementaire, portait sur Agaléga. Mais le Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth, a soutenu que pour le développement en cours dans l'archipel, il y a un accord rattaché à une clause de confidentialité qui a été signé avec l'Inde et que cette dernière ne veut pas divulguer tout le contenu de ce document. De ce fait, il doit respecter cette décision.

Répondant à une question supplémentaire de Xavier-Luc Duval, le PM a même souligné que contrairement à ce que le leader de l'opposition avait dit, à l'effet que l'Inde était disposé à rendre public cet accord, il a eu l'occasion d'évoquer la question avec le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, et, qu'à aucun moment, son gouvernement n'a eu l'intention de dévoiler tous les détails de l'accord signé. Auparavant, Xavier-Luc Duval avait souligné que l'opposition aurait bien aimé applaudir ce que fait le gouvernement indien, mais que tant que l'accord est gardé secret, elle ne pourra pas le faire.

«Pas une source officielle»

Pravind Jugnauth a par ailleurs démenti les nouvelles publiées dans la presse indienne, notamment Hindustan Times, qui avait évoqué la construction d'une base militaire à Agaléga. Malgré le fait que Xavier-Luc Duval ait qualifié ce journal indien de très sérieux, le PM a maintenu qu'il ne se fie pas aux journaux, mais à ce que dit le gouvernement. Au sujet d'une affirmation de l'Indian Defence ResearchWing, qui avait évoqué la présence d'avions militaires, dont des Destroyers, Pravind Jugnauth a souligné qu'il a eu l'occasion d'en parler avec le gouvernement indien, qui a affirmé que cette aile de recherches indienne n'est pas une source officielle. «C'est simplement du bla-bla-bla... Ils veulent nuire aux relations indo-mauriciennes.»

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Xavier-Luc Duval est revenu, à au moins deux reprises, sur le fait qu'une cinquantaine de militaires indiens seront postés à Agaléga et a voulu savoir s'ils seront sous le commandement du commissaire de police de Maurice. Pravind Jugnauth n'a pas directement répondu à la question, affirmant que «comme je l'ai dit à plusieurs reprises, tous ceux qui travailleront à Agaléga seront sous la 'houlette' des autorités mauriciennes. Si vous ne comprenez pas que cela veut dire, 'les autorités mauriciennes', alors la population le sait».

Le chef du gouvernement a de plus soutenu que plusieurs Mauriciens seront appelés à travailler à Agaléga ; cependant, là où l'expertise mauricienne fera défaut, l'Inde mettra un personnel qualifié à la disposition du gouvernement mauricien. Le coût de ce personnel sera assuré par le gouvernement de la Grande péninsule.

À une autre question du leader de l'opposition qui voulait connaître l'estimation du coût de maintenance des infrastructures et si ce sont les contribuables du pays qui en feront les frais, le PM a annoncé qu'il y a un comité placé sous la présidence d'un Senior Advisor du bureau du Premier ministre qui travaille sur tous ces aspects. «À l'heure actuelle, je ne veux pas avancer un chiffre. Mais une fois que tout sera complété, et je l'espère à la fin de cette année, je vais vous révéler tous les détails.»

Un plan d'urgence

Pravind Jugnauth a en outre confié que le 1eᣴ mars, il y avait un essai du Dornier sur la piste d'atterrissage en présence du commissaire de police et du directeur de l'aviation civile, entre autres. L'aviation civile a fait des recommandations pour un personnel qualifié et pour la mise sur pied d'un plan d'urgence, notamment.

Le PM a une fois de plus affirmé que pour assurer la surveillance de la zone économique, d'une superficie de 2,3 millions de kilomètres carrés, pour combattre le terrorisme, pour prévenir la pêche illégale, pour combattre la pollution marine et pour répondre aux urgences, il faut qu'il y ait des avions équipés qui puissent atterrir à Agaléga, car il ne voit pas le Dornier ou l'ATR mener de telles missions.

Dans sa réponse initiale, Pravind Jugnauth avait aussi évoqué la construction de plusieurs infrastructures, dont une bibliothèque, des maisons, un bureau administratif et une salle polyvalente.

Xavier-Luc Duval: «La population et les Agaléens sont dans le flou»

Lors d'un point de presse qu'il a animé aux côtés de Paul Bérenger et d'Arvin Boolell après la première partie de la séance parlementaire d'hier mardi 17 octobre, Xavier-Luc Duval a déploré le manque de transparence autour de l'accord signé entre les gouvernements indien et mauricien en ce qui concerne Agaléga. «La population et même les Agaléens sont dans le flou. Qu'est-ce qui va se passer si on signe un accord avec la Corée du Nord, l'Iran ou la Chine ?» s'est-il demandé.

Il a rappelé que quand il avait évoqué la déclaration du ministre des Affaires étrangères lors d'une précédente question, il faisait référence à Sushma Swaraj, ancienne chef de la diplomatie de l'Inde et non à Jaishankar, l'actuel ministre des Affaires étrangères. Il s'est aussi dit déçu que le PM n'ait pas pu donner des détails sur le coût de maintenance des infrastructures.

Le leader de l'opposition a demandé au PM que des membres de l'opposition soient invités à se rendre à Agaléga, d'autant plus que quand il lui avait écrit pour qu'une délégation se rende dans l'archipel, le PM avait répondu que des membres de l'opposition auraient l'occasion de le faire quand il y ferait le déplacement.

Paul Bérenger a, lui, rappelé que quand il était au gouvernement, il était question d'y faire construire 20 bungalows pour attirer des touristes. Il a aussi fait valoir que quand il était PM, une délégation de ministres et de diplomates étrangers devaient se rendre à Agaléga, mais que l'avion que La Réunion avait mis à la disposition de la délégation était tombé en panne. Seuls trois membres de la délégation avaient pu se rendre dans l'archipel par le Dornier.

Le chef de file du MMM s'en est pris à la nouvelle ministre du Commerce pour son absence du pays. De ce fait, l'opposition a dû retirer toutes les questions ayant trait aux produits pétroliers. En ce qui concerne la raison du retrait des questions destinées à la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, c'est par respect pour le décès de son père, Prem Koonjoo.

Arvin Boolell a, quant à lui, mis en exergue le fait que l'ancienne ministre des Affaires étrangères Sushma Swaraj lui avait confié que l'Inde n'avait pas d'objection à rendre l'accord entre Maurice et l'Inde public...

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