Destruction des habitats des oiseaux, une raréfaction de certaines espèces de poisson, la migration...
À Saint-Louis, le Parc national de la Langue de Barbarie subit les conséquences de la brèche creusée en 2003.
Pour ne rien arranger, les changements climatiques se greffent aux menaces qui pèsent sur la réserve ornithologique ceinturée par 17 villages.
Au-delà du drame humain, avec la disparition de centaines de pêcheurs depuis sa création, la brèche de Saint-Louis (270 km de Dakar) pourrait engendrer un péril environnemental.
En effet, le Parc national de la Langue de Barbarie (Pnlb) subit de plein fouet les conséquences de ce canal creusé sur 7 kilomètres en octobre 2003 pour éviter des inondations.
Éco-garde dans le Pnlb, Arona Fall est conscient des dangers qui guettent l'un des 6 parcs nationaux du Sénégal.
« Le Parc est menacé parce que le coeur du parc, c'est l'îlot de reproduction des oiseaux. Comme l'embouchure avance du Nord vers le Sud, l'îlot est menacé. Il y a une destruction des habitats des oiseaux, une raréfaction de certaines espèces de poisson, la migration de certaines espèces...», liste M. Fall, président du Gie des éco-gardes au Parc national de la Langue de Barbarie.
Il est interrogé lors du passage de notre équipe à Saint-Louis pour les besoins des reportages de cahier vacances.
De plus, le Pnlb a laissé beaucoup de plumes après l'apparition de la grippe aviaire en mars dernier. « Nous avons perdu plus de 600 espèces d'oiseaux comme la sterne royale, des oiseaux migrateurs», déplore Arona Fall.
Pour freiner la chaîne de propagation, M. Fall et ses camarades ont mené des actions au niveau des services vétérinaires.
Réserve ornithologique fragile de 2000 hectares, créée en 1976, le Parc de la Langue de Barbarie s'étire sur une quinzaine de kilomètres et une largeur de quelques centaines de mètres à près d'un kilomètre entre le fleuve Sénégal et l'Océan atlantique.
Sa partie exposée à la mer est constituée de dunes fixées par des filaos alors que côté plage, le sable sert de ponte pour les tortues marines.
17 villages autour du parc
Mais, les changements climatiques risquent d'avoir raison de son existence. «Le dérèglement climatique entraîne la modification des écosystèmes sur la qualité des sols.
Il y a aussi la raréfaction des ressources halieutiques et la prolifération des maladies zoonotiques.
Nous avons constaté que, depuis l'ouverture du canal en 2003, avec les températures extrêmes, les modifications s'entraînent au niveau des communautés périphériques au parc», alerte M. Fall.
L'éco-garde constate également une destruction des filaos de la Langue de Barbarie, le rétrécissement du trait de côte dû à l'avancée de la mer.
Avec cette situation, ce sont les 17 villages qui entourent le parc qui voient leurs activités sérieusement entravées. «La salinité pose des problèmes aux femmes de Gandiol avec des conséquences sur le maraîchage. Ainsi, les femmes se tournent vers des activités d'adaptation», a-t-il indiqué.
Bénéficiaire d'un financement de 100 000 euros, soit plus de 65 millions de FCfa de la Fondation Sanofi, Arona Fall compte mettre en oeuvre, sur 2 ans, son projet de renforcement de la résilience des communautés périphériques au Parc national de la Langue de Barbarie face aux impacts sanitaires des changements climatiques.
Sa démarche vise 3 objectifs : la sensibilisation, le reboisement et la communication, avec un accent particulier sur le reboisement de la mangrove qui joue un rôle de repos biologique pour les poissons.
«Les populations seront impactées parce que le parc est entouré des villages périphériques et ils sont tous impactés par les changements climatiques. Nous allons accompagner ces femmes avec des activités d'atténuation et d'adaptation dans le parc», annonce Arona Fall.