Le prix du cacao est officiellement fixé à 1.000 francs CFA le kilogramme. Mais, ce prix est rarement respecté par les acheteurs.
Les planteurs des zones de production dénoncent les intermédiaires qui achètent le cacao en dessous du prix légal.
Julien Adayé, notre correspondant à Abidjan, s'est rendu dans des plantations de Méagui, la nouvelle boucle du cacao située dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire.
Située à 360 kilomètres au sud-ouest d'Abidjan, la petite ville de Méagui est entourée de centaines d'hectares de plantations de cacao. Ici, tout le monde ou presque vit de l'or brun.
Sur la route vers une plantation située à une quinzaine de kilomètres de la ville, nous rencontrons un camion embourbé qui transporte du cacao. Dans cette région, les routes sont dans un piteux état.
"Si ça s'enfonce, on est obligé de décharger et puis d'utiliser la force pour sortir. C'est toujours comme ça, on n'est jamais découragé. Souvent, on cherche un autre camion pour décharger", dit Yaya Camara, le chauffeur du véhicule.
"Ils ne respectent plus le prix de l'Etat"
C'est dans le village de Téreagui que nous rencontrons Boni Kamenan, responsable d'une coopérative qui est en prospection dans la zone.
Les coopératives sont les maillons essentiels entre producteurs et exportateurs.
Mais Boni Kamenan explique que les fonds manquent parfois pour acheter le cacao récolté. D'autres acheteurs en profitent pour casser les prix, en toute illégalité.
"Quand ça s'entasse chez le producteur, ceux qui ont de l'argent passent pour acheter à un prix dérisoire. Ils ne respectent plus le prix de l'Etat. Le producteur qui a son cacao, il attend depuis une semaine, deux semaines, trois semaines et il n'y a pas d'acheteurs. Donc celui qui vient et qui dit : moi je veux payer à 800 francs, il lui donne".
"Je suis en colère"
Les producteurs rencontrés dans cette vaste zone de production de cacao, loin de la ville de Meagui, sont isolés, avec de mauvaises pistes pour rejoindre leurs plantations. Ils sont donc des victimes faciles pour les acheteurs malhonnêtes qui rodent dans la filière.
Georges Tah et Margueritte Brou ne cachent pas leur colère.
"Le cacao se paye mal. On nous dit que c'est à 1.000 francs et on propose à 800 francs. On n'est pas content, mais on est obligé de le vendre quand même", lance amer Georges Tah.
"Je suis en colère. Je suis en colère parce que quand nous travaillons, le gouvernement dit voici le prix du cacao. Mais pour finir, ils ne le prennent pas à ce prix", ajoute Margueritte Brou.
Les producteurs de cacao de ces zones reculées sont donc oubliés et livrés à eux-mêmes. Certains se disent pris au piège. C'est le sentiment de Mathias Tanoh, un cultivateur de cacao.
"Je ne veux pas que mes enfants soient planteurs, parce qu'on souffre et on ne gagne rien", dit Mathias Tanoh.
Des plantations de cacao à perte de vue, mais des producteurs découragés. Dans cette région de Méagui, le ras-le-bol est général.
Alors que le pays est le premier producteur mondial de cacao, plus de la moitié des cacaoculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, malgré les efforts du gouvernement.