Madagascar: Déclaration des pays du G7 - Le gouvernement riposte

Droit dans ses bottes, le patron de l’Exécutif, Christian Ntsay, affronte les pays partenaires de la Grande Ile.

L'Exécutif décide également de sortir de son silence après la sortie d'un communiqué signé par les grandes puissances occidentales. Le gouvernement dénonce une « ingérence ».

La teneur de la déclaration commune des pays membres du G7 du 16 octobre dernier a fait réagir le gouvernement. Tard dans la soirée de mardi, le gouvernement a décidé de riposter à travers un communiqué long de quatre pages qui s'apparente à une plaidoirie. L'Exécutif tente de démonter les arguments avancés conjointement par l'Union européenne, la France, les Etats-Unis, la Suisse, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Corée du Sud, le Japon et l'Organisation Internationale de la Francophonie. Le gouvernement s'inquiète, en effet, de « l'ingérence sous forme de jugement porté sur le fonctionnement des services publics de l'Etat ainsi que des forces de défense et de sécurité dans leur mission de maintien de l'ordre ». Le gouvernement, voyant dans ces questions soulevées une intrusion inopportune dans les affaires nationales, estime que ces pays ne devraient pas jouer les trouble-fête en enfreignant la clôture de la souveraineté internationale du pays. L'Exécutif fait ainsi appelle « à la plus grande réserve ».

Actions malveillantes. La manifestation des onze candidats à la prochaine course présidentielle est l'épicentre de l'inquiétude, particulièrement en ce qui concerne les droits humains, dont la transgression de certains principes est condamnée par le bureau des droits de l'Homme des Nations Unies. Cette dénonciation est reprise par les pays signataires de la déclaration du lundi 16 octobre dernier, amplifiant ainsi le tumulte autour de cette question. Le gouvernement est visé par ces critiques des instances internationales mais il ne voit pas les choses ainsi. « Les arrestations, au cours des manifestations non autorisées durant la période de pré-campagne, sont essentiellement dues à des agressions physiques envers les éléments des forces de l'ordre en exercice » justifie le gouvernement. Puis, les procédures appliquées par les forces de l'ordre afin « d'anticiper la prévention des actions malveillantes de destruction de biens publics, d'incitation à la rébellion et à la haine » ne transgresse aucune législation en vigueur, soutient-on. L'Exécutif reste diamétralement opposé aux évaluations de ces pays et organismes étrangers en ce qui concerne l'évolution de la tension politique dans le pays.

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Armes blanches. Attribuer au mouvement mené par le Collectif des onze candidats le qualificatif « pacifique », tel que l'affirme le bureau des droits de l'homme des Nations Unies et les pays membres du G7, n'est pas non plus partagé par le gouvernement. Il persiste et signe que « les manifestations sur les voies publiques organisées par les onze candidats, en plus d'être illicites, sont d'une violence caractérisée et loin d'être des manifestations pacifiques ». « D'intenses campagnes de dénigrement et d'appel à la violence à l'endroit des forces de l'ordre ont été menées, des armes blanches et des armes de précision ont été découvertes auprès des hommes se trouvant parmi les partisans de ces manifestations, des jets de pierre contre les éléments des forces de l'ordre sur terrain et des bousculades ont eu lieu débouchant aux blessures de six éléments » dans leur rang sont les faits avancés par le gouvernement pour rejeter le caractère « pacifique » du mouvement des onze candidats.

Tolérance administrative

Le gouvernement répond également aux inquiétudes des pays étrangers sur les manifestations pendant la campagne électorale. Sur ce sujet, Mahazoarivo n'accorde aucun crédit au mouvement initié par les adversaires de l'ancien président Andry Rajoelina. « Les manifestations et réunions publiques organisées par le Collectif des candidats à l'élection présidentielle durant cette période de campagne électorale officielle ne constituent absolument pas une campagne électorale en soi » selon le gouvernement collégial. « Il n'y a aucune manifestation de campagne et le collectif n'y incite pas les électeurs à voter pour les candidats membres » poursuit-on. Toutefois, « dans un souci d'apaisement durant cette période de campagne électorale, le gouvernement a adopté une mesure de tolérance administrative en dépit du caractère illicite des manifestations et réunions publiques de ces derniers jours » lit-on dans le communiqué publié mardi dans la soirée.

CENI. Le « dialogue évoqué par la communauté internationale devrait être organisé au niveau de la commission électorale », martèle le gouvernement. « Le cadre légal de dialogue dans le processus électoral est celui mis en place par la CENI, seule structure habilitée par la Constitution et les lois en vigueur » soutient l'Exécutif. Et « le gouvernement a toujours montré qu'il est disposé au dialogue et a répondu présent à tous les dialogues organisés par la CENI » poursuit-on.

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