Ile Maurice: Une île, plusieurs interrogations...

Le dossier Agaléga a encore retenu l'attention au Parlement mardi.

Une fois de plus, Pravind Jugnauth a préféré préserver le mystère, en ne dévoilant que le minimum de détails sur les projets de «développement» en voie d'être achevés sur l'île.

Les Agaléens, eux, sont depuis mardi encore plus remontés et surtout inquiets. Nous avons pu nous entretenir avec quelques-uns d'entre eux, hier...

Lors de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval, mardi, Pravind Jugnauth a encore une fois utilisé comme prétexte la clause de confidentialité entre Maurice et l'Inde pour ne pas divulguer certaines informations sur les développements infrastructurels, notamment dans l'accord entre les deux pays. Base militaire indienne ?

Ou, comme le clame le PM, projets pour améliorer la vie de «nos frères et soeurs agaléens» ? Seul lui le sait.

Entre-temps, nous avons parlé à des habitants qui sont en colère, voire révoltés, que le gouvernement ne fournisse pas d'explications claires.

«Nous estimons avoir un droit légitime de savoir ce qui va se passer dans quelques mois et voulons nous préparer. Nous avons à maintes reprises posé la question à notre Resident Manager sur l'île mais il nous a fait comprendre qu'il n'en sait rien lui-même» , explique Franco Poulay.

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Cet Agaléen déclare avoir remarqué que les travaux sont en phase d'être complétés car «des nettoyages» sont en cours.

«Des bâtiments, qui, on nous dit, seront deux centres communautaires - un dans l'île du Nord et un dans celle du Sud - sont presque prêts et reçoivent un dernier coup de peinture en vue de l'inauguration prochaine.»

D'autres Agaléens, eux, attendent avec impatience cette inauguration car «il nous a été dit que le Premier ministre fera le déplacement. Ce sera l'occasion de lui parler en face et d'écouter ses explications...»

Ils ajoutent que c'est chagrinant, mais à la fois grave, de se retrouver face à des développements d'une telle ampleur sans «koné ki ena déryer sa» .

Continuant sur leur lancée, ces interlocuteurs, qui n'ont pas souhaité être cités, soutiennent que les Agaléens ont eu vent qu'il s'agirait d'un évènement d'une très grande envergure.

«Selon nos informations, du matériel de sonorisation fera le trajet Maurice-Agaléga. Aster nou pa koné si vré ou manti... Parski nanié pa lé kominik ofisiel ek nou.»

Quant aux autres projets d'infrastructure, on nous affirme qu'il y a «une immense aérogare, des hangars, une tour de contrôle, un terminal, bref tout ce qu'il y a dans un aéroport international. La piste d'atterrissage de même que la jetée ont déjà pris forme».

D'ailleurs, Pravind Jugnauth a lui-même confirmé au Parlement qu'elles seraient opérationnelles d'ici la fin de l'année.

«Nous avons aussi remarqué que plusieurs travailleurs indiens ont déjà quitté l'île. Il y en avait 1 200 au début, il n'en reste maintenant qu'environ 500» , dont des ingénieurs, des médecins...

Mécaniciens et électriciens à la pêche

Selon Franco Poulay, les quelques jeunes Agaléens qui travaillaient avec Afcons n'ont plus d'emploi depuis peu.

«Ils ont fait des demandes auprès de l' Outer Islands Development Corporation (OIDC) pour exercer dans plusieurs domaines mais attendent toujours une réponse. Il y a environ 25 à 30 jeunes sans emploi et qui pêchent entre-temps, alors qu'ils ont des compétences dans plusieurs domaines, notamment l'électricité et la mécanique.»

On nous confie aussi que certains Agaléens sont employés comme handymen par l'OIDC, alors qu'ils sont mécaniciens, et perçoivent de ce fait un salaire dérisoire...

50 logements ?

Le PM a soutenu que l'OIDC et la National Housing Development Co Ltd se proposent de construire 5 maisons et que l'appel d'offres a déjà été lancé, avec comme date butoir le 7 novembre.

«Est-ce normal de parler de bibliothèque au lieu de faire des logements pour les habitants ? Depuis 2014, il n'y a pas eu de construction d'une seule maison, même si le projet de 50 logements a été réitéré dans les six derniers Budgets ! Nous n'y croyons plut. De plus, nous ne pouvons plus acheter du ciment, ni des feuilles de tôle. À la quincaillerie, il n'y a plus grand-chose. Le stock est épuisé. Pou gagn enn robiné mem, boukou problem. Tou pe fini ek nanié pa pe ranplasé... Si le gouvernement avait à coeur le bien-être des Agaléens, il aurait dû investir plutôt dans le secteur de la santé, pour que les femmes, par exemple, ne soient plus obligées de se rendre à Maurice pour accoucher.»

On apprend par la même occasion que dans les deux dispensaires du Nord et du Sud, plusieurs médicaments manquent depuis quelque temps. «Par contre, pour les denrées alimentaires, aucun problème à signaler pour l'heure !»

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