Le Gouvernement rassure qu'il n'y aura pas de perturbations dans la fourniture des carburants. Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, l'a affirmé mercredi 18 octobre.
Le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde avait convoqué mardi 17 octobre, une séance de travail avec le ministre de Finances, celui des Hydrocarbures, les représentants des banques ainsi que des pétroliers.
La problématique du payement de manque à gagner que le Gouvernement doit aux pétroliers pour parer à toute perturbation dans l'approvisionnement a constitué le principal point examiné.
Il en ressort, selon Nicolas Kazadi, une harmonisation des points de vue pour finaliser les accords intervenus entre le Gouvernement, la profession pétrolière et les banques.
« Cette réunion avait pour objectif d'harmoniser les points de vue pour finaliser les accords intervenus entre le Gouvernement, la profession pétrolière et les banques. Il s'agit de refinancement d'une partie de manque à gagner prévu par le Gouvernement aux pétroliers. Et donc, nous avons fait les derniers réglages », a rapporté Nicolas Kazadi.
Il espère que les trois parties vont, dans les prochains jours, procéder à la finalisation de cet accord.
« L'important était de rassurer toutes les parties et le public sur le fait que la question du payement de manque à gagner est correctement géré. Donc, il n'y aura aucune perturbation en approvisionnement des produits pétroliers », a-t-il conclu.
Au Conseil des ministres du 13 octobre, ministre des Hydrocarbures avait informé les participants des discussions avec les pétroliers pour garantir l'approvisionnement du pays en produits pétroliers et leur permettre de renouveler leurs stocks et contenir les prix sur le marché.
Le Gouvernement avait promis d'accompagner les discussions avec le secteur bancaire au sujet des pertes et manques à gagner.
Des pétroliers essoufflés
La peur de la perturbation dans l'approvisionnement en produits pétroliers est venue de la lettre que le Groupement professionnel des distributeurs des produits pétroliers avait adressée au ministre de l'Economie nationale, le 11 octobre.
Ce document alerté sur la situation dramatique que traversent les sociétés pétrolières en République démocratique du Congo, au risque de causer, dans les tout-prochains jours, des perturbations sérieuses dans l'approvisionnement en produits pétroliers :
« La faiblesse des stocks actuellement disponibles dans la partie Ouest du pays se caractérise par une persistance au niveau de différentes sociétés commerciales des stocks négatifs aux conséquences néfastes. Pour éviter au système une asphyxie totale qui causerait, au fur et à mesure, l'apparition des files de véhicules dans les stations-service, nous serons seront contraints d'appliquer, à compter du mercredi 18 octobre 2023, un contingentement, avec une adaptation des heures d'ouverture des stations-service, de 7h00 à 17h00, et cela pour prolonger, tant soit peu, la couverture pour les faibles stocks disponibles ».
La bouffée d'oxygène attendue avec le payement par l'Etat de la créance des pétroliers au travers des banquiers commerciales n'est toujours pas arrivée, se plaignaient les pétroliers.
« Les sociétés commerciales incapables de payer leurs fournisseurs subissent des menaces et font face aux réclamations d'intérêts débiteurs du fait des dettes arrivées depuis longtemps à échéance. Les lignes de crédit auprès des banques sont au maximum, sont autant de points relevés dans cette lettre », ont argumenté les pétroliers.
Un problème qui dure
Au mois de juin lorsque les prix des carburants ont été revus à la hausse dans différentes zones d'approvisionnement de la RDC, le Gouvernement a justifié cette hausse de prix par sa volonté de préserver l'équilibre du système d'approvisionnement en produits pétroliers et de renforcer la gestion de la subvention pétrolière en maitrisant la dépense fiscale et le coût budgétaire y relatif.
Cette augmentation visait également à soulager la trésorerie des sociétés pétrolières et à maintenir l'équilibre du système d'approvisionnement en carburants dans les pays. Mais cette lettre des pétroliers fait remarquer que le vrai problème n'est toujours pas résolu.
Le regroupement des sociétés pétrolières privées de la RDC estimait déjà que ce réajustement n'était pas à la hauteur de leurs recommandations formulées au Gouvernement.
En plus, pour les pétroliers, le Gouvernement devra payer les arriérés des distributeurs des produits pétroliers afin de leur permettre de renouveler rapidement les stocks.
Ce manque à gagner que le Gouvernement doit aux pétroliers se justifie par le fait que l'Etat paye, pour les consommateurs congolais, une partie du prix fixé à la pompe.
Cela pour empêcher une hausse vertigineuse du prix des produits pétroliers, qui peut entrainer le réajustement des prix des autres produits et services.
Solutions proposées
Certains experts et analystes économiques ont, au cours de leurs interventions sur Radio Okapi, fait des propositions pour décanter la situation de façon définitive.
L'analyste économique Willy Kalengayi avait déjà proposé la revisitation du système de subvention.
« Et la subvention augmente d'année en année. Nous sommes autour de 50% du prix à la pompe. Il faut augmenter l'offre pour pouvoir diminuer la subvention de l'Etat », a-t-il proposé.
De leur côté, les opérateurs pétroliers ont recommandé au Gouvernement congolais, lors de la précédente réunion de crise des carburants, de faire des pipelines pour optimiser et maîtriser les prix à la pompe et de combiner une étude dans la révision des prix pour supprimer les manques à gagner.
Les pétroliers demandent également au Gouvernement de certifier et payer les pertes qui ont déjà eu lieu.
« Mais en plus, nous avons proposé le renforcement de la bonne gouvernance, la suppression des fraudes et l'augmentation de volume. Parce que si le volume augmente, les prix à la pompe seront mieux maîtrisés par l'État. Nous avons également suggéré qu'on fasse une réflexion profonde sur l'optimisation de la logistique des importations des produits vers la RDC. Qu'on puisse faire des pipelines pour optimiser et maîtriser le prix à la pompe », avait rapporté l'administrateur directeur général d'Engen, Charles Nikobasa, qui s'était exprimé au nom de tous les opérateurs pétroliers présents à cette réunion.