Journaliste, écrivain, membre actif du Cercle Belgo-Africain pour la Promotion Humaine (CEBAPH), dont le siège est basé à Bruxelles, la capitale européenne, il s'indigne du fait de la lenteur dans la conclusion de la part des juges sur l'enlèvement et l'assassinat le 17 janvier dernier de Martinez Zogo dont le corps a été découvert à Yaoundé, le 22 janvier.
« Ce qui se passe au Cameroun avec l'assassinat de Martinez Zogo est une énième attaque contre la liberté de la presse. Le traitement que les assassins ont réservé à Martinez Zogo est révoltant, inhumain et inacceptable. Il y a aussi lieu de craindre que Martinez Zogo ne soit que le énième d'une liste de journalistes et hommes des médias en danger. Ceux qui essaient encore de tenir le public camerounais informé de la mauvaise gestion de l'État et des scandales de corruption qui gangrènent les pans entiers de la société, voient la machine du pouvoir les broyer. Cette situation est inquiétante pour les professionnels de la communication et de l'information exerçant au pays », remarque Hugues Seumo, journaliste et écrivain d'origine camerounaise exerçant à Bruxelles.
Pour lui, la terreur dirigée contre les journalistes au pays de Pius Njawé, est révélatrice du contexte de plus en plus difficile dans lequel ils doivent travailler.
« Le règne de l'impunité »
"Avec cet autre lenteur dans la décision de justice suite à l'assassinat de Martinez Zogo, il y a lieu de craindre que les conséquences de cet acte ignoble .Sans liberté d'expression, il ne saurait avoir de presse libre".
Dans ce contexte de plus en plus répressif, les médias camerounais auront de moins en moins de marges de manoeuvre pour couvrir les cas de violations des droits humains ou travailler sur des sujets sensibles liés à plusieurs manquements, etc. », prévient encore le journaliste et écrivain, qui craint par ailleurs que justice ne soit jamais rendue.
« Entre intimidations, détentions arbitraires et accès difficile aux sources, les journalistes camerounais jonglent au quotidien avec les dangers dans l'exercice de leur profession. L'assassinat de Martinez Zogo s'ajoute à la trop longue liste des personnes tuées, violentées, condamnées au Cameroun pour s'être exprimées sur des manquements divers, et cela, dans une impunité totale ».
Et d'interpeller l'état de droit au Cameroun : « Les autorités camerounaises promettent de tout mettre en oeuvre pour identifier les auteurs de ce crime et les traduire devant la justice. Comment y croire quand on sait qu'une enquête concernant la disparition et la mort en détention du journaliste Samuel Ajiekah Abuwe dit « Wazizi », arrêté par les forces de défense et de sécurité en août 2019 à Buea reste pendante dans les tiroirs de nos décideurs. Le cas de Martinez risquerait de se retrouver à l'abandon si rien n'est fait par la société civile et politique.
Ce qui est certain, c'est qu'on a beau cassé des plumes et fermer des micros ou briser des vies, on ne pourra jamais étouffer la vérité ». Ça au moins c'est une certitude.