Niger: Retrait en bon ordre

19 Octobre 2023

Les premiers soldats français qui ont quitté leurs bases au Niger par la route en direction du Tchad sont arrivés « sans encombre » à N'Djamena, prélude d'un processus complexe qui doit s'achever d'ici fin décembre, a annoncé Paris jeudi.

Parti de Niamey, le convoi est sorti du Niger « en sécurité et en coordination avec les forces nigériennes », a indiqué à l'AFP le colonel Pierre Gaudillière, porte-parole de l'état-major français.

Il est « bien arrivé sans encombre particulière » à N'Djamena, capitale du Tchad voisin, après dix jours de trajet.

Les rotations aériennes du Tchad vers la France seront organisées « dans les prochains jours », a ajouté le porte-parole.

Chassée du Niger, l'armée française doit évacuer hommes et matériels en majeure partie par voie terrestre vers le Tchad puis probablement le Cameroun, avant leur rapatriement en France.

Un parcours de plus de 3.000 km dont une partie qui traverse des zones hostiles où des groupes jihadistes sont actifs par endroits.

N'Djamena abrite le commandement des opérations françaises au Sahel avec environ un millier de militaires français.

Selon le colonel Gaudillière, la moitié des sites des bases avancées à Ouallam et Ayorou (nord-ouest du Niger), dans la zone dite des « trois frontières » avec le Burkina Faso et le Mali, ont été vidés.

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Après avoir rejoint Niamey, le convoi est parti en direction de la frontière tchadienne.

N'Djamena a indiqué dans un communiqué « accepter d'offrir un corridor de son territoire pour le retour des troupes françaises en France ».

« Les forces tchadiennes assureront l'escorte de ces convois depuis la frontière nigérienne jusqu'à N'Djamena pour l'aéroport (...) et à la frontière camerounaise pour le port de Douala », a précisé dans ce texte le chef d'état-major général de l'armée tchadienne, le général Abakar Abdelkerim Daoud.

Les groupes jihadistes sont très présents dans la zone des trois frontières, mais « le niveau de menace sécuritaire est faible sur la route » de Niamey à N'Djamena, a indiqué à l'AFP une source militaire française.

La présence française au Sahel ne cesse de fondre depuis 2020. Des coups d'Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger ont mis fin à la force antijihadiste Barkhane déployée depuis 2014 au Mali, qui a compté jusqu'à 5.500 militaires déployés dans la zone.

Barkhane a cristallisé le sentiment anti-français d'une partie des opinions publiques africaines, faisant peser le risque de manifestations le long des convois. Mais les relations entre la France et le Tchad restent détendues.

Mercredi, le chef de l'Etat français Emmanuel Macron s'est entretenu à l'Elysée avec le président de la transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby. Ils ont échangé « sur l'ensemble des dossiers régionaux (...) ainsi que sur le retour en France de nos moyens militaires », a précisé la présidence française.

Les semaines à venir seront consacrées à la clôture de ce retrait de l'ensemble des forces françaises du Niger, avec nécessairement l'acheminement par voie terrestre puis maritime d'un certain nombre de matériels lourds via un pays tiers.

Chaque option entraîne son lot de discussions avec les autorités concernées. « Quand on parle d'un retrait en bon ordre, en sécurité et en coopération, tous ces mots sont importants », a souligné le porte-parole des armées françaises.

Le port de Cotonou aurait été idéal, mais la frontière entre le Niger et le Bénin, opposé aux putschistes nigériens, est toujours fermée. Douala, au Cameroun, « fait partie des options qui peuvent être envisagées » mais n'est pas la seule, a-t-il précisé.

« Il y a très probablement du matériel lourd qui partira par bateaux. L'itinéraire pour rejoindre les ports n'a pas été arrêté ».

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