« Amplifier la voix du plaidoyer pour la réduction des méfaits du tabac à travers l’Afrique ». C’est le thème développé lors de la 3ème édition de la Conférence sur la Réduction des Risques liés au tabagisme. Cet événement d’une envergure mondial qui s’est tenu à Nairobi, au Kenya, a porté l’accent sur les initiatives de la réduction des méfaits du tabac dans le continent.
La conférence a regroupé des Docteurs et des scientifiques experts en la matière dans le but de sensibiliser et mobiliser les populations sur les risques de l’addiction aux tabacs et aux substances qui nuisent à la santé de l’Être humain, particulièrement les jeunes et les femmes.
Ainsi, la réduction des méfaits fait référence aux interventions visant à réduire les effets négatifs des comportements liés à la santé sans nécessairement éliminer complètement ou définitivement les comportements problématiques en matière de santé.
Dr Kgosi Letlape, président de l'Association médicale africaine et de l'Association des conseils médicaux d'Afrique, a mis les gouvernements africains au défi pour l'adoption des approches de réduction des risques afin de réguler les enjeux de santé publique.
En l’en croire, la réduction des méfaits est une stratégie plus transformatrice que les politiques fondées sur la prohibition et vaut mieux que de prôner l’abstinence totale. Il s’y ajoute que c’est aussi une meilleure approche pour réduire les décès et les maladies liés au tabac.
Selon lui, « la réduction des méfaits est une approche pratique et transformatrice qui intègre des stratégies de santé publique axées sur la communauté, notamment la prévention, la réduction des risques et la promotion de la santé, pour donner aux personnes qui consomment des drogues et à leurs familles le choix de vivre en bonne santé et de manière autonome ».
Devant cet état de fait, « Nous espérons que nos efforts de lobbying susciteront de nouvelles discussions sur la réduction des méfaits du tabac entre toutes les parties prenantes, y compris les régulateurs et les décideurs politiques. Ce qui pourrait conduire à une réglementation efficace et à un accès à des produits alternatifs non combustibles pour les fumeurs adultes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas arrêter de fumer », a-t-il déclaré.
Par conséquent, Dr Vivianne Manyeki d’affirmer que partout dans le monde, des stratégies de réduction des méfaits ont été déployées en santé publique comme une approche pragmatique et compatissante pour résoudre divers problèmes, notamment dans le contexte de la consommation de substances et d’autres comportements à risque.
Certaines de ces stratégies comprennent les programmes d'échange de seringues, les sites d'injection supervisés, la distribution de préservatifs, la PrEP (prophylaxie pré-exposition), la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN), le vapotage, les cigarettes électroniques, ainsi que la consommation supervisée de médicaments.
« Les organisations qui pratiquent la réduction des méfaits intègrent un éventail de stratégies qui répondent aux besoins des gens là où ils se trouvent et peuvent servir de voie vers des services de santé et sociaux supplémentaires, y compris des services supplémentaires de prévention, de traitement et de rétablissement », déclare-t-elle.
Les médias africains, facteurs clés pour la sensibilisation sur la réduction des risques
Pour sa part, le Dr Tendai Mhizha, directeur d'Integra Africa, a souligné le rôle que les journalistes et les médias devraient jouer dans la gestion de la désinformation sur la réduction des méfaits du tabac.
Il porte l’accent sur les médias qui jouent, selon lui, un rôle essentiel en accélérant les progrès vers la pleine adoption de stratégies de réduction des risques dans toutes les sphères de la santé à travers le continent.
Avec l’avènement de la technologie, « nous constatons que la désinformation devient de plus en plus répandue avec la démocratisation de l’espace informationnel. À l’avenir, il faudra s’assurer que les parties prenantes soient bien informées des informations actuelles et pertinentes sur la science, les changements qui se produisent et la manière dont nous pouvons avancer vers un monde sans fumée », a déclaré le Dr Tendai.
En à croire Amadou Mahtar Ba, co-fondateur d’Allafrica Global Media, cette troisième participation des médias à cet événement est la preuve que cette échange sur la réduction des méfaits liés au tabac s’améliore d’année en année, et cela témoigne également l’engagement des journalistes dans ce domaine.
Il s’y ajoute que cela atteste que beaucoup de choses qui se produisent dans ce domaine de la réduction des risques à travers le monde, élève le débat d’un niveau très haut. Ceci, pour ainsi dire que les médias jouent un rôle fondamental dans ce combat.
M. Ba a cité les propos de Thomas Jefferson, 3ème Président des États-Unis sur la déclaration d’indépendance américaine qui disait que : « s'il fallait choisir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, il n’hésiterait pas un seul instant à choisir la dernière hypothèse. » Donc en gros, cela met en perspective le rôle du gouverneur ou le rôle des journalistes dans la société, déclare-t-il.
Dr Michael Kariuki, spécialiste de la santé publique et secrétaire général de la Harm Reduction Society du Kenya, pour sa part, souhaite attirer l’attention sur les personnes qui participent à cette conférence.
« Si l'on considère que la lutte anti-tabac est une offre intéressante, cela signifie qu’en réalité, il s'agit d'une gamme d'offre et de demande de stratégies naturelles visant à améliorer la santé de notre population en éliminant ou en réduisant sa consommation du tabac », souligne t-il.
Avant d’ajouter que « la réduction des méfaits est la meilleure voie à suivre, parce qu’avec cette option, les régulateurs fournissent aux fumeurs adultes des informations, des choix et un soutien pour élargir la voie de sortie du tabagisme tout en continuant à réduire la consommation des mineurs.
De ce point de vue, offrir aux fumeurs adultes des alternatives moins nocives à la cigarette est une étape importante dans la réalisation de cet objectif.
En effet, plusieurs pays africains ont déjà mis en œuvre des politiques et programmes THR (Réduction des méfaits du tabac). A titre d’exemple, l’Afrique du Sud a légalisé la vente de cigarettes électroniques et de produits du tabac chauffé. Le Kenya a également pris des mesures pour réglementer les produits THR et envisage de légaliser les cigarettes électroniques.
L’harmonisation de la réglementation des soins de santé publics concernant les produits THR en Afrique constituerait une étape positive vers la réduction des méfaits associés au tabagisme. Cela montrerait également que les gouvernements africains sont déterminés à protéger la santé publique et à protéger leurs citoyens contre les dangers de la fumée de tabac.
Selon l’OMS, la nicotine ne cause pas de cancer
Selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé, la nicotine ne cause pas de cancer, mais le Dr Kariuki a apporté des précisions par rapport aux dangers de cette substance dans la santé de l’Homme.
A son avis, la nicotine est la drogue addictive contenue dans la fumée du tabac et qui pousse les fumeurs à continuer de fumer. En plus de la nicotine, les fumeurs inhalent environ 7 000 autres produits chimiques présents dans la fumée de cigarette.
Ainsi, bon nombre de ces produits chimiques proviennent de la combustion des feuilles de tabac. Certains de ces composés sont chimiquement actifs et déclenchent des changements profonds et dommageables dans l’organisme.
La fumée du tabac contient plus de 70 produits chimiques cancérigènes connus. Assurément, fumer nuit à presque tous les organes du corps, provoquant de nombreuses maladies et réduisant la santé en général.
Il a ensuite étaler les effets du tabagisme sur les bébés, notamment L'exposition in utero à la fumée de tabac qui augmente le risque de surpoids pendant l'enfance, le risque de problèmes d'apprentissage et de problèmes neurocomportementaux et le risque de cancers infantiles.
Concernant les femmes qui ne peuvent pas s’empêcher de fumer pendant la grossesse, il leur conseille d’utiliser le PTH ou parathormone qui est nécessaire pour le métabolisme du calcium qui est une option viable étant donné que « 53 % des femmes qui fument quotidiennement continuent de fumer pendant la grossesse ».
Il indique que les stratégies visant à promouvoir l'abandon du tabac parmi les études ont montré que les fumeurs prometteurs aimeraient arrêter de fumer. De nombreuses personnes ont simplement essayé d'arrêter de fumer par elles-mêmes. La plupart ont réussi mais d’autres rechutent. “Nous devons ainsi éviter de fumer ou être à l'écoute”, a-t-il lancé.
Le Dr Kariuki souligne que les prestataires de soins jouent un rôle clé auprès des femmes enceintes. “ Je devrais vraiment être familier avec les recherches en cours sur le nombre rapidement croissant d’interventions fondées sur des preuves disponibles, des lacunes importantes subsistent dans la recherche et de nombreuses questions se posent dans nos silos. Ainsi, les jeunes et les prestataires de soins de santé doivent rester informés des dernières avancées, conclut-il.