L'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture interpelle les autorités du Cameroun. L'Acat s'inquiète du silence autour de la mort d'un prêtre : Jean-Jacques Ola Bébé, habitué des plateaux télé et des radios. Il intervenait régulièrement dans les médias sur des sujets d'actualité et de société. Il a été retrouvé mort à Yaoundé il y a près de huit mois à l'extérieur de son domicile. C'était deux semaines environ après la disparition du célèbre animateur radio, Martinez Zogo. Un assassinat sur lequel le père Jean-Jacques Ola Bébé s'était exprimé publiquement.
Deux semaines après la disparition, le 17 janvier, de Martinez Zogo - de son vrai nom, Arsène Salomon Mbani Zogo -, le Cameroun est sous le choc. Le corps sans vie de l'animateur de la quotidienne « Embouteillages » sur Amplitude FM vient d'être retrouvé au petit matin du dimanche 22 janvier, portant des traces de sévices.
Le 31 janvier, sur le plateau de l'émission « Boîte Noire » sur Mo'o Radio Tv, interrogé par le journaliste Paul Daizy Biya, le révérend Jean-Jacques Ola Bébé, affirme que « l'affaire Martinez Zogo » est entourée de « manipulations ». Pour lui, de fausses informations circulent dans le but d'incriminer certaines personnes au détriment de la vérité.
Dans les deux jours qui suivent, Jean-Jacques Ola Bébé alerte ses proches. Il se dit « filé », se sent menacé. Au matin du vendredi 3 février, sa compagne reçoit un appel de la gendarmerie du quartier de Mimboman l'informant que le corps de Jean-Jacques Ola Bébé a été transporté à la morgue de l'Hôpital central de Yaoundé. Il allait avoir 41 ans.
La famille et des membres de l'Église catholique orthodoxe byzantine à laquelle il appartenait attendent alors des jours et des jours avant de pouvoir voir le corps et l'identifier. La levée du corps a lieu le 27 avril, près de douze semaines après le décès. Le rapport d'autopsie n'a pas été communiqué aux proches de Jean-Jacques Ola Bébé.
Depuis ce décès survenu il y a près de huit mois, le porte-parole du bureau des droits humains de l'ONU Seif Magango, la directrice général de l'Unesco, Audrey Azoulay, l'ONG Human Rights Watch et, plus récemment, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture ont interpellé les autorités camerounaises, les appelant à faire preuve de transparence.
Selon le Directeur de l'observatoire des médias du ministère de la Communication du Cameroun, des réponses aux questions posées par la directrice général de l'Unesco ont déjà été apportées. Audrey Azoulay avait demandé aux autorités d'enquêter sur ce crime et d'établir si celui-ci était lié au travail de journaliste de Jean-Jacques Ola Bébé. Selon Denis Omgba Bomba, « Mr Jean-Jacques Ola Bébé n'était pas journaliste. Et rien n'indique que sa mort est liée à l'affaire Martinez Zogo. »
« Y a-t-il ou non une enquête ? » s'interroge Clément Boursin de l'ONG Acat-France (Action chrétienne pour l'abolition de la torture) qui appelle ses adhérents à écrire au président de la République du Cameroun, Paul Biya. « Que les autorités camerounaises considèrent ou non Jean-Jacques Ola Bébé comme journaliste, elles ont l'obligation d'entreprendre une enquête sur l'assassinat d'un citoyen. »