Centrafrique: Abandon de charges contre Maxime Mokoum - La CPI finira-t-elle par signer son arrêt de mort ?

Le Coordonnateur national des opérations des anti-balaka en République centrafricaine, Maxime Mokom lors de son audition à la Cour Pénale internationale (CPI)
19 Octobre 2023
analyse

Un tournant décisif ! C'est en ces termes que l'on peut qualifier le rebondissement que vient de connaître l'affaire Maxime Mokoum, du nom de cet ex-chef des anti-balaka arrêté en mars 2022 au Tchad et transféré à La Haye.

En effet, à l'issue d'une procédure menée confidentiellement, les juges ont ordonné la libération immédiate de l'ex-seigneur de guerre sur qui pesait une vingtaine de chefs d'accusations dont des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

Il était soupçonné d'avoir coordonné, planifié et exécuté des attaques dirigées contre des civils, des meurtres, des viols, des pillages et des attaques contre des mosquées entre 2013 et 2014 en République centrafricaine (RCA).

En fait, la décision prise par les juges de la Chambre préliminaire de libérer Maxime Mokoum, fait suite à la notification du procureur de la CPI qui appelait à l'abandon des charges contre l'ex-chef milicien pour manque de preuves.

Pour le parquetier, il n'y avait plus « de perspectives raisonnables de condamnation au procès, même si les charges étaient confirmées ». Sans donner plus de précision, il affirme que les témoins clés de l'affaire ne sont « plus disponibles ».

Ainsi donc, Maxime Mokoum s'en tire à bons comptes. Il ne sera pas inquiété par la Justice internationale qui, pourtant, a passé des années à le rechercher. Est-ce le temps mis avant son arrestation devant permettre l'ouverture d'un procès, qui a joué en sa faveur ? Tout porte à le croire ; tant beaucoup d'eau, il faut le reconnaître, a coulé sous les ponts.

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La CPI apparaît désormais comme un « machin » inutile et incapable de protéger les populations victimes d'exactions

En effet, non seulement certains indices matériels ont disparu, mais aussi bien des témoins ont été subornés. Tant et si bien que les juges, en l'absence de preuves irréfragables, ont préféré le libérer même si celui-ci est connu pour être un grand criminel.

Et n'eût été sa condamnation à des travaux forcés à perpète par la Justice centrafricaine pour atteinte à la sûreté de l'Etat, l'ex-chef anti-balaka serait retourné en RCA pour narguer ses victimes et leurs parents.

Sans doute beaucoup d'entre eux ont-ils fait grise mine dès l'annonce de l'abandon des charges contre leur bourreau d'hier. Et le procureur de la CPI, Karim Khan, en est conscient. « J'ai pleinement conscience que cette nouvelle pourrait être mal venue pour de nombreux survivants et leurs familles... », a-t-il laissé entendre, comme s'il faisait son mea culpa.

En tout cas, à l'allure où vont les choses, la CPI qui est constamment sous les feux des critiques, finira par signer son propre arrêt de mort ; tant elle apparaît désormais comme un « machin » inutile et incapable de protéger les populations victimes d'exactions.

A preuve, l'affaire Maxime Mokoum vient rappeler les cas Jean-Pierre Bemba de la RDC, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé de la Côte d'Ivoire et Uhuru Kenyatta et William Ruto du Kenya, qui, les uns après les autres, ont été libérés ou acquittés pour faute de preuves et ce, alors même que les crimes pour lesquels ils étaient poursuivis, sont avérés. Qu'il est donc vrai que la Justice a ses raisons que la raison ignore !

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