Vainqueur 1 - 0 du Cameroun lundi dernier, à Lens, le Sénégal a pris un ascendant sur son adversaire, en attendant les choses sérieuses qui démarrent le 13 janvier prochain en Côte d'Ivoire. Sacrés en 2022, au Cameroun, les « Lions » auront un défi de taille à relever au pays des « Éléphants » : éviter à tout prix la « malédiction » du champion en titre.
« On sait que ça va être une grande Can puisque toutes les grandes équipes sont présentes. C'est à nous de déjouer les statistiques qui disent que souvent les vainqueurs de la précédente Can sont éliminés au premier tout, on va tout faire pour déjouer ces statistiques et là on fera de notre mieux pour aller le plus loin possible et défendre notre titre ».
Cette mise en garde du capitaine des « Lions », Kalidou Koulibaly renseigne sur l'immensité de la tâche qui attend le Sénégal, champion d'Afrique en titre, dans moins de trois mois, en Côte d'Ivoire. Parce que défendre son titre n'est pas une mince affaire.
L'Algérie l'a appris à ses dépens. Sacrés en 2019, en Égypte, les « Fennecs », réputés imbattables avec sa pléiade de stars, ont mordu la poussière dès les phases de poules, au Cameroun.
Accrochés d'entrée par la Sierra Leone (0-0), puis battus (1-0) par la Guinée équatoriale, les « Verts » ont subi face à la Côte d'Ivoire le revers de trop (1-3), qui scelle leur sort dans cette 34e édition de la Can remportée par le Sénégal.
L'équipe algérienne termine dernière de sa poule et est éliminée sans gloire de la compétition. Comme en ... 1992, au Sénégal, où elle avait été, pour la première fois, victime du syndrome des tenants du titre (éliminée dès le premier tour).
Depuis 1957, ces désillusions font partie de l'Adn de la Can.
L’histoire a montré que les tenants du titre ne sont pas à l'abri de grosses déconvenues...
Et cette bérézina connue par l'Algérie, loin d'être inédite, en rappelle bien d'autres.
En effet, le même scénario s'est déjà produit à plusieurs reprises depuis la première édition de la Can.
C'est le cas de l'Égypte (1962, 1988, 2000 et 2012), de l'Éthiopie (1963), du Ghana (1968, 1980 et 1984), de la République démocratique du Congo, ancien Zaïre (1970 et 1976), du Congo, ancien Congo Kinshasa (1976), du Soudan (1972), du Maroc (1978), du Nigeria (1982, 1996 et 2015), du Cameroun (1990, 2004 et 2017), de la Zambie (2013) et de la Côte d'Ivoire (2017).
Ces champions ont connu de sévères désillusions. Certains ont vu l'aventure s'arrêter dès le premier tour et d'autres en quart et rarement en finale (l'Égypte en 1962, le Cameroun en 1986).
Gagner la Can est parfois l'objectif d'une vie pour beaucoup de joueurs et l'attente d'une première couronne continentale est parfois plus forte.
Car après avoir touché le Graal, fournir à nouveau des efforts extraordinaires exige un engagement encore plus extraordinaire ; surtout face à des adversaires hyper motivés, déterminés à se payer la tête du tenant du titre.
Finaliste en 2019 et sacré en 2022, le Sénégal qui connaît la meilleure progression lors de ces six dernières éditions (10 victoires, 2 nuls et 2 défaites pour 17 buts inscrits et 4 encaissés) rêve de s'inscrire dans la dynamique de l'Égypte, du Ghana et du Cameroun, les trois seules nations de l'histoire de la compétition à avoir réussi à conserver leur titre. Si l'équipe d'Aliou Cissé, logée dans le groupe C, en compagnie de la Gambie, de la Guinée et du Cameroun, veut rééditer son exploit de 2022, elle devra donc savoir renouveler son effectif, son style de jeu ; car l'histoire a démontré que les stratégies gagnantes du passé ne sont pas forcément celles gagnantes du futur.
Et Aliou Cissé qui disputera sa quatrième Can (en tant qu'entraîneur) gagnerait bien à tirer des leçons de ces différentes faillites sportives pour éviter ces fiascos footballistiques qui n'ont pas épargné toutes ces nations.
Et il en est bien conscient ; lui qui a reconnu, après la victoire du Sénégal sur le Cameroun, à Lens, qu'il restait encore des réglages à faire pour espérer accrocher une deuxième étoile sur le maillot national.
« Nous sommes conscients qu'il y a des choses à parfaire. C'est difficile d'atteindre la perfection, mais c'est ce que nous cherchons tout le temps, à chaque sortie de l'équipe nationale. On sait qu'il y a beaucoup de choses à améliorer. On est sur le bon chemin, la mentalité est bonne et les garçons adhèrent à ce que nous leur proposons », a-t-il déclaré à la fin du match.
Et d'ajouter : « Gagner en Côte d'Ivoire, c'est ce que nous désirons. Quand on a perdu le match contre l'Algérie, beaucoup ont commencé à douter de nous en pensant que notre dynamique a été freinée par une équipe qui a l'habitude de nous battre. Mais comme je dis, ces matches amicaux doivent nous permettre de changer de stratégie et d'essayer d'autres joueurs ».
Aliou Cissé a donc du pain sur la planche et il demeure convaincu que ses protégés gagneraient donc à élever leur niveau de jeu et à faire preuve de plus de réalisme devant les buts.