Le 20 octobre 2022, des manifestations contre une prolongation de la durée de transition politique au Tchad étaient violemment réprimées, faisant selon les autorités 73 victimes et jusqu'à 300 selon les organisateurs. Un an plus tard, les Transformateurs, un des partis d'opposition, qui avait manifesté durant ce « jeudi noir », estime qu'on veut « empêcher son retour sur la scène politique ».
Un an après la répression brutale des manifestations prodémocratie du 20 octobre 2022 au Tchad, qui a fait 73 victimes selon le gouvernement, plus de 300 selon les organisateurs, 128 selon la Commission nationale des droits de l'homme, le parti d'opposition Les Transformateurs a été de nouveau autorisé à fonctionner.
Mais à Ndjamena, les portes de son siège restent closes et ses adhérents militent dans une quasi-clandestinité.
Ce siège ne se trouve qu'à quelques mètres, mais Tog-Yeum Nagorngar, secrétaire national des Transformateurs, donne rendez-vous à RFI ce jour-là dans un restaurant juste à côté. Car, selon lui, c'est plus prudent : « Les affiches qui ont été préparées, même notre plaque, ont été encore emportées. Et nos jeunes, qui étaient en train de nettoyer le siège, ont été empêchés de le faire. Maintenant, pourquoi est-ce que tout cela est arrivé ? Il n'y a qu'une raison que je peux voir : c'est empêcher le retour des Transformateurs sur la scène politique. »
Il y a deux semaines, 72 militants qui faisaient leur footing en prévision du retour au Tchad finalement reporté de leur président, Succès Masra, ont été interpellés et sont depuis retenus sans accès à un avocat. « Ils recevaient une formation d'auto-défense quasi-militaire », répond le général Mahamat Charfadine Margui, ministre de la Sécurité publique : « La plupart des activités organisées par ce parti se sont toujours soldées par des casses, des actes de vandalisme, des affrontements violents. C'est pour cela que nous sommes beaucoup plus regardants sur chaque requête émanant de ce parti. Mais dire qu'ils font l'objet de restrictions particulières, non. »
« Nombre d'activités se font désormais en ligne, indique le secrétaire national du parti, mais peu importe, car être Transformateur, c'est un état d'esprit », conclut-il.