Incarcéré depuis sept mois à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d'affaires influent et controversé, continue de bénéficier d'un traitement de faveur. Il gère ses affaires à distance, reste en contact avec ses avocats et conserve une certaine liberté dans sa cellule individuelle.
Jean-Pierre Amougou Belinga, connu pour ses liens étroits avec le ministre de la Justice, Laurent Esso, a été inculpé pour "complicité de torture" le 4 mars dernier, en lien avec le meurtre du journaliste Martinez Zogo en janvier de la même année.
Le détenu particulier prend possession de la salle des avocats tous les matins, un lieu aménagé pour permettre aux prisonniers de communiquer avec leurs avocats. Il arrive généralement vers 10 heures, et l'administration pénitentiaire veille à ce qu'il ne soit pas confronté à la promiscuité subie par les autres prisonniers. Personne d'autre n'a accès à la salle des avocats jusqu'à au moins 14 h 30, à la fin des audiences de Jean-Pierre Amougou Belinga.
Il reçoit des membres de sa famille qui lui apportent ses repas dans des sacs isothermes Uber Eats. Il consulte également ses avocats pour discuter de ses demandes de mise en liberté provisoire et préparer les auditions devant le juge d'instruction.
De plus, Jean-Pierre Amougou Belinga continue de gérer ses affaires à distance. Malgré les fouilles régulières qui aboutissent à la confiscation des téléphones portables des prisonniers, il garde ostensiblement le sien. Il passe de nombreux appels, en particulier à Bruno Bidjang, le directeur général de la chaîne Vision 4, pour veiller sur ses entreprises.
Malgré son incarcération, Jean-Pierre Amougou Belinga conseille Bruno Bidjang et influence les décisions concernant les débats de grande écoute diffusés sur la chaîne de télévision Vision 4.
Bien que sa situation en prison soit relativement confortable, Jean-Pierre Amougou Belinga a des raisons de s'inquiéter. La cour d'appel du Centre a rejeté sa demande de mise en liberté provisoire, et l'enquête du juge d'instruction Florent Sikati se poursuit sous la pression de l'opinion publique.
Le cas de Jean-Pierre Amougou Belinga soulève des questions sur l'équité du système judiciaire et suscite des débats sur le traitement différencié des prisonniers en fonction de leur influence et de leurs connexions politiques.