Ile Maurice: «Victime d'attouchements», une ado se rétracte, les enquêteurs ciblent sa mère pour complicité

Elle avait vu son frère se faire égorger en 2018. Alors que son enfance est déjà marquée par ce traumatisme qu'elle portera toute sa vie, elle se retrouve mêlée à une histoire «glauque».

Cette adolescente de 14 ans, habitant Gros-Cailloux, a allégué à la police qu'elle a été victime d'attouchements, le 13 octobre, de la part de son beau-père, Preetam Rambocus, un habitant de Bambous de 46 ans.

Mais elle s'est ensuite rétractée. Sa mère et elle parlent désormais de pressions de la police pour cet aveu.

Les policiers du poste de police d'Albion disent, eux, avoir vu la mineure et le beau-père se rendre à la plage publique d'Albion, le 17 octobre vers 20 heures.

Ce dernier, qu'elle prénomme «grand papa», a été arrêté par la police pour attentat à la pudeur.

Que s'est-il vraiment passé ? La mère, Khushboo, et sa fille ont donné leur version des faits et le concubin a été arrêté pour attentat à la pudeur.

Il est toujours en détention après sa comparution en cour de Bambous, mercredi. Comme la police a objecté à sa remise en liberté, il y restera.

Cependant, toutes les deux allèguent avoir subi des pressions des policiers au poste de police afin d'accuser ce dernier pour attentat à la pudeur. Khushboo nous explique que la police lui aurait confié que des images CCTV ont été visionnées et qu'il y a bien eu des attouchements lors de la sortie du vendredi 13 octobre.

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Sollicitée, une source au Police Press Office soutient que la Brigade de la famille a été appelée en renfort pour prendre la déposition de la jeune fille et qu'elle l'a fait de bonne foi jusqu'aux petites heures du matin.

«La police, lors d'une ronde, a constaté qu'une mineure et un homme de 46 ans étaient seuls sur la plage. Les policiers du poste d'Albion ont averti la mère et c'est là qu'elle est venue en quatrième vitesse. Mais elle n'était présente à aucun moment à Albion pour camper comme elle le prétend. La police oriente son enquête vers la mère car il se pourrait qu'elle soit complice de cette histoire pour de l'argent.»

La version de la mère

Khushboo et sa fille sont tous deux d'accord que le beau-père a seulement baissé la robe de cette dernière, qui s'était un peu relevée alors qu'elle s'était endormie.

La mère, que nous avons rencontrée, est prête à mettre la main au feu pour innocenter son concubin.

«Nous nous sommes rendus à la plage publique d'Albion le vendredi 13 octobre car nous avons l'habitude de nous distraire. Nous sommes partis camper un ou deux jours sur la plage. Nous sommes toujours en compagnie de mon concubin à chacune de nos sorties. Depuis deux ans, nous vivons ensemble après la mort de mon époux. Il nous accompagne, en famille. J'ai cinq enfants de mon premier mariage, dont un est mort. Avec lui, j'en ai un. Il était un ami de mon époux depuis que j'étais enceinte de mes enfants. Il les a vus grandir et ne commettrait pas un acte aussi indécent.» Elle ajoute :

«Une fois la nuit tombée, nous nous sommes endormis. La robe de ma fille s'était relevée. Il s'est réveillé pour baisser la robe de ma fille, mais à aucun moment, mon concubin n'a touché ses parties intimes.»

Elle dit qu'elle s'adonne à une session de prières sur la plage publique à chaque fois qu'ils s'y rendent et que cela n'a rien à voir avec celles faites par son concubin.

«Il ne s'adonne pas à la magie noire, mais nous sommes religieux. Nous faisons des prières pour demander la bénédiction de la déesse de l'eau Gangama et pour lui demander sa protection quand nous sommes sur place.»

La mère nous dit qu'elle cherchera des conseils légaux pour savoir comment procéder après l'arrestation de son concubin, qu'elle trouve arbitraire.

La version des policiers remise en cause

Avec la permission de la mère, l'adolescente nous a confié que son beau-père ne lui a pas fait d'attouchements comme le prétendent les policiers du poste de police d'Albion.

«Je m'étais endormie quand j'ai senti ses mains sur ma robe. Mais il n'est pas allé plus loin.»

Elle dit avoir eu une session de travail avec le psychologue du ministère de l'Égalité des genres mais que ce dernier a fait la sourde oreille. «Je lui ai confié qu'il ne s'était rien passé. Mé linn dir mwa,eski ou pé dir lapolis pé koz menti?»

Du côté du ministère de l'Égalité des genres, une source nous informe qu'il y a une enquête policière en cours.

Un passé qui hante la fille

Selon sa mère, sa fille a eu de la malchance. «Depuis le meurtre de son frère Ritesh, elle a suivi des traitements avec un psychologue afin qu'elle puisse oublier sa mort.»

En effet, l'adolescente a été témoin de la violence avec laquelle son grand frère avait été tué, le 20 octobre 2018, par l'ami de beuverie de son père. Il a écopé de la prison à vie en cour d'Assises.

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