Congo-Kinshasa: A Beni, UNPOL forme la police congolaise à la prévention de l'extrémisme violent

communiqué de presse

La police de la MONUSCO a formé du 16 au 20 octobre des policiers congolais à la lutte contre l'extrémisme violent à caractère religieux.

Quarante officiers et agents de la Police nationale congolaise (PNC) de Beni et Oicha ont notamment appris des techniques d'investigation pour savoir identifier des individus susceptibles, par exemple, de commettre des attentats avant qu'ils ne passent à l'acte.

« Il y a un problème de terrorisme à Beni », confirme le commissaire supérieur adjoint François Kalonda, de la Légion nationale d'intervention (LENI), lequel a fait partie de l'équipe des formateurs.

Pour lui, il ne fait aucun doute que les policiers de Beni doivent être formés aux questions liées au terrorisme. « Depuis dix ou douze ans, il y a un problème de terrorisme dans ce milieu. Et nous devons rôder la police aux pratiques, aux méthodes, aux tactiques qu'utilisent les terroristes pour lui permettre d'identifier les terroristes, les suivre et les arrêter », argumente le commissaire supérieur adjoint François Kalonda.

Détecter des signaux faibles

Le commissaire principal Israël Mumbere Mutoto, commandant du commissariat de Mbau, à 20 kilomètres de la ville de Beni, abonde dans le même sens.

Il a vu se multiplier ces dernières semaines, à Mbau, des actes qu'on pourrait qualifier de terroristes. Il se rappelle encore les évènements du 19 octobre 2012.

Des hommes armés font irruption dans un couvent et enlèvent trois prêtres de la paroisse catholique Notre Dame des Pauvres de Mbau. Ils n'ont jamais été retrouvés.

« C'est clairement un acte terroriste parce que le terrorisme consiste à poser des actes de nature à créer de la terreur. Quand on enlève des prêtres d'une paroisse, cela sème la terreur parmi les croyants », note le commandant de police.

Pendant les cinq jours de formation, les discussions ont notamment tourné autour de la détection des comportements des personnes qui se radicalisent.

« Une personne qui commence à présenter des signes de radicalisation peut être reconnue dans la communauté quand on fait bien attention. Notre formation a porté sur ces signes. Il y a notamment l'isolement. L'individu commence à s'isoler de sa famille, de ses proches et à ne vouloir discuter qu'avec des personnes qui partagent sa nouvelle idéologie », détaille le commissaire principal Israël Mumbere Mutoto.

Ce sont ces signaux que les policiers ont appris à identifier.

Car, comme l'explique le formateur François Kalonda, « en matière de terrorisme, il faut mettre l'accent sur la prévention. Une fois que l'individu passe à l'acte, on peut déjà dénombrer des victimes ».

« Avant, c'était l'intuition »

Le commandant du commissariat de Mbau affirme que lui et ses hommes ont déjà eu à intervenir notamment sur la base de dénonciations venant de proches ou de voisins.

Cependant, il avoue qu'ils manquaient de méthode : « Nous l'avons déjà fait par intuition parce que le terrorisme est aussi une forme de criminalité. Cette formation vient maintenant nous fixer pour que nous puissions travailler de manière méthodique ».

L'une des faiblesses qu'il dit déceler dans l'action intuitive contre l'extrémisme violent, c'est l'absence de preuves matérielles qui, en définitive, vont permettre aux juges de décider et de poser un jugement.

« Avant, nous faisions des arrestations avec comme seul motif "raisons d'enquête". Ici, on a appris qu'il faut avoir des indices sérieux qui aboutissent à des preuves que la personne arrêtée est bien coupable. Quand vous arrêtez sans réunir des preuves solides, le juge finit par décider sa libération », fait savoir le commissaire principal Israël Mumbere Mutoto.

Depuis 2021, Beni et ses environs ont connu des attentats qui ont causé des morts parmi la population civile. Attentats perpétrés par les ADF, une rébellion ougandaise qui revendique son affiliation au groupe Etat islamique.

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