Dakar — Le directeur général de l'Agence sénégalaise d'études spatiales (ASES), Maram Kaïré, explique dans une interview donnée à l'APS comment le Sénégal veut développer ses activités spatiales, un secteur dans lequel le pays aspire à devenir un "acteur", pas un "spectateur".
"Nous allons, dès l'année prochaine, entamer les chantiers prévus pour doter le Sénégal de toutes les infrastructures nécessaires [...] pour envoyer des satellites dans l'espace et réceptionner les données pour les traiter et les mettre à la disposition des populations", a-t-il annoncé.
Le Sénégal a envoyé des étudiants au centre spatial universitaire de Montpellier (France) pour leur formation, selon le directeur général de l'ASES qui s'entretenait avec l'APS en prélude de la première édition du Forum international UA-UE sur le Dialogue spatial prévue du 24 au 26 octobre à Dakar.
Il signale que "le projet" de développement des activités spatiales est suivi par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
Le programme spatial du Sénégal comprend les infrastructures, la formation du personnel et le transfert de compétences, selon Maram Kaïré.
"Aujourd'hui, nous mettons l'accent sur les missions, l'accompagnement des institutions de formation et la recherche, pour créer la synergie permettant au Sénégal de disposer des ressources humaines compétentes dans le domaine spatial", a assuré M. Kaïré.
Le directeur général de l'Agence sénégalaise d'études spatiales estime que le fait de "former des ingénieurs et des techniciens qui s'intéressent au spatial et vont en Europe ou aux États-Unis pour y rester serait une perte pour le Sénégal".
Dès lors, le Sénégal veille au retour au pays de ses citoyens envoyés à l'étranger pour des études spatiales, a-t-il assuré.
"L'objectif final, c'est que nous ayons des centres d'assemblage et de fabrication de satellites ici, et que ces jeunes puissent revenir travailler ici, au Sénégal", a insisté le directeur général de l'ASES.
"Nous allons mettre en place un programme d'échange, de partenariat et de formation avec les grandes universités du monde qui ont les compétences nécessaires, pour disposer très rapidement des ressources qu'il faut pour le développement spatial", a-t-il promis.
Le Sénégal va disposer de son premier satellite, le 10 novembre prochain, grâce à une convention de partenariat signée avec le centre spatial universitaire de Montpellier, a annoncé, la semaine dernière, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
Ce projet étant arrivé à son terme, le Sénégal va désormais concentrer ses efforts sur le programme spatial, selon Maram Kaïré.
"Au-delà de cette phase, une feuille de route a été élaborée. Nous voulons aller très rapidement vers le projet du deuxième satellite, certainement d'ici à 2025-2026, vers une première constellation de satellites ensuite..." a ajouté M. Kaïré.
Il précise que "le Sénégal ne veut pas entrer dans l'espace comme un spectateur, mais comme un acteur". "Nous sommes la 22e agence spatiale d'Afrique. Nous avons vraiment l'intention d'occuper une très bonne position dans ce domaine », a t-il dit.
L'ASES mise en même temps sur la coopération avec les autres agences spatiales du monde, selon son directeur général.
Par ce moyen, elle veut constituer "un écosystème qui génère suffisamment de revenus, pour que le spatial soit un levier de croissance économique", a-t-il souligné.
"Nous comptons emboîter très rapidement le pas à ce premier satellite, par la mise en place d'un deuxième satellite, beaucoup plus grand que le premier, avec une mission beaucoup plus large que celle de cette première tentative", a promis l'astronaute.
Le premier satellite sénégalais est le fruit d'une "convention de 1 million d'euros", environ 655 millions de francs CFA, qui a permis de former huit ingénieurs et cinq techniciens à la fabrication et à l'exploitation d'outils spatiaux, selon le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.