Sénégal: Tambacounda - Des productions record de maïs hybride attendues l'interprofession « maïs » sollicite des moyens d'accompagnement pour l'autosuffisance alimentaire

20 Octobre 2023

Les membres de l'interprofession « Imaïs » ont parcouru la région naturelle du Sénégal Oriental afin de poser un oeil sur les champs de maïs hybride dont ils font la promotion. A Tambacounda comme à Kédougou, les producteurs exultent, convaincus que les rendements sont au rendez-vous du fait de la qualité des semences livrées par « Imaïs ».Seulement, des problèmes liés à l'équipement, au prix de vente et au matériel de transformation pourraient entamer l'élan des producteurs.

De plus en plus de jeunes s'investissent dans la culture du maïs dans la région naturelle du Sénégal Oriental. Dans la périphérie de Tambacounda, à Madialy et Médina Mamoudou dans l'arrondissement de Missira tout comme à Damboukoye et au quartier Trypano dans la région de Kédougou, 4102 hectares de maïs en semences hybrides et 2768 autres en semences certifiées sont emblavées. Les cultures se sont bien comporté et les producteurs soutiennent attendre une moyenne de 4 tonnes à l'hectare. « Je mets à profit les vacances pour m'investir dans la culture du maïs. Je suis conducteur de tracteur et j'ai mis en valeur mon champ que vous voyez comme ça, et qui me fait espérer gagner de l'argent avec lequel je pourrais subvenir à mes besoins », nous a confié Yaya Cissokho de Médina Mamoudou, il est élève en classe de seconde. Seydou Cissokho, un étudiant originaire de Madialy, fils d'un ancien émigré embraie, « avec ce que je vis dans mon champs de maïs tout comme les 300 hectares emblavés par mes parents du Gié Senelaa Kafoo, un énorme espoir est suscité par la qualité de la semence fournie par « Imaïs » et ce qui fait que l'an prochain, nous voudrons doubler les surfaces emblavées et passer à 600 hectares d'autant plus que nous pourrons manger à notre faim et vendre».

Des mesures d'accompagnement s'imposent pour maintenir et augmenter la cadence

Papa Banda Dièye, le président national du collège des producteurs de maïs s'est félicité de l'augmentation des emblavures, ce qui, à ses yeux, traduit une volonté grandissante des producteurs de s'engager dans la filière « maïs ».

« Nous nous réjouissons fortement de la confiance que nous a accordée la puissance publique pour parapher avec nous un contrat dans la dynamique de conduire notre pays vers la sécurité alimentaire dont le maïs constitue un formidable raccourci. Je salue les efforts de l'Etat qui nous a facilité certaines choses dont les pistes de production mais, nous devons à la vérité de dire qu'il reste encore du chemin à parcourir, notamment en termes d'équipements comme des semoirs, de tracteurs, de matériel de récolte, surtout pour les grandes surfaces, et de facilitation des conditions d' accès à la terre car il y a ici de bonnes terres et des zones identifiées comme étant des bassins maïzicoles comme les arrondissements de Maka Kolibantang, Koussanar et Missira» a-t-il souligné. Pour M.Dièye, si cela est fait, « la région de Tambacounda pourraient grandement contribuer à transcender le problème de l'autosuffisance car le fait d'effectuer des rotations entre le maïs et l'arachide dans les champs constitue un autre atout de taille en termes d'amélioration des rendements et, nous pourrons ainsi emblaver 20 000 à 30 000 hectares dans la région de Tambacounda ». Papa Banda Dièye de préciser qu'il faut tout de même s'y prendre à temps, en janvier-février afin d'identifier les producteurs, les géo localiser, mettre à leur disposition du matériel et les intrants adéquats. M.Dièye de remercier l'Etat pour sa volonté politique et son accompagnement à travers l'agropole Sud, ses services déconcentrés mais, l'invite à opérer une politique allant dans le sens de fédérer toutes les initiatives

Les membres de l'interprofession « Imaïs » mettent sur la table les prix pratiqués sur le marché mondial qui ne militent point en faveur des producteurs Sénégalais. En effet, selon Gnima Diaïté, la présidente de l'interprofession, « les intrants sont chers, tout comme la main d'oeuvre locale et cela se répercute sur nos prix. Nous pensons que l'Etat doit faire un effort à ce niveau », a-t-elle relevé.

Michel Ngor Faye, le chargé des relations extérieures des Grands Moulins et représentant des industriels au sein de l'interprofession « Imaïs » confirme en laissant entendre « qu'un industriel ne saurait voir un prix comme celui pratiqué sur le marché mondial, qui est plus compétitif qu'au Sénégal, car tournant autour de 200 francs du fait aussi des subventions que font les pays européens et de l'Amérique du sud, pour l'acheter localement à 300 francs. Hormis l'engrais et les semences au Sénégal, il n'y a pas beaucoup de subvention, ce qui fait que le producteur endosse toute la charge qui fait que le kilogramme avoisine 300 francs, donc bien en deçà du marché international. Nous espérons que l'Etat peut faire un apport de 100 francs par kilogramme afin que nous puissions acheter toute la production parce que si on fait une comparaison, les besoins tournent autour de 300 000 tonnes pour toutes les entreprises et nous sommes très loin d'avoir cette quantité de production parce qu'en une semaine nous pouvons tout acheter. Sous ce rapport, il y a des efforts que l'Etat doit faire pour booster la production et ne guère décourager les producteurs».

Comme dans l'interprofession « Imaïs », au-delà du collège des producteurs il y a aussi celui des transformateurs, eux aussi, à travers leur président Baba Ndiaye, souligneront avoir un certain nombre d'épines dans les pieds. « Il y a du matériel de nouvelle génération pour les besoins de la transformation et qui sont beaucoup plus performantes, et jusqu'ici nous n'y avons pas accès parce qu'il n'y a pas assez d'argent d'autant plus qu'il faut les importer. Ce que ces machines transforment en un jour c'est ce que nos machines actuelles font en 3 jours. Nous avons bon espoir que l'interprofession portera ce combat afin que les transformateurs puissent eux aussi bénéficier des subventions de l'Etat. Il nous faut aussi des boutiques de référence dans les 45 départements pour tous les autres produits transformés et ces produits seront de qualité d'autant plus que les transformateurs sont des professionnels avec toutes les certifications requises ».

Saraya, « il faut faire avancer le front agricole au détriment du front minier »

Le département de Saraya est connu pour son sous-sol riche en minerais. Ici, la principale activité est l'exploitation artisanale de l'or aux côtés de grandes entreprises qui sont dans la recherche ou l'exploitation industrielle de l'or. Pour Sambou Danfakha, membre du bureau national des producteurs de maïs chargé du partenariat et membre de l'interprofession « Imais », il y a des efforts que l'Etat doit fournir pour encourager les populations à s'investir dans l'agriculture qui est durable. « Cette année, nous avons fait une vingtaine d'hectares de maïs hydride que l'interprofession Imaïs nous a donné, et les rendements seront à coup sûr bons car tournant autour de 4 tonnes à l'hectare », nous a-t-il confié. M. Danfakha croit dur comme fer que le potentiel existe dans le département de Saraya pour transcender les problèmes d'insécurité alimentaire, notamment avec la culture du riz.

Il a même mis en relief l'anecdote de cette année de surproduction où, avec la politique rizicole mise en oeuvre par la Sodefitex, des producteurs se payaient le luxe de piler du riz et de peindre les murs avec. « Je n'ai jamais fréquenté un site d'exploitation traditionnelle de l'or car mon intime conviction est et demeure qu'un pays ne saurait se développer sans l'agriculture. Nous devrons nous battre pour tirer les jeunes des sites d'orpaillage dans la mesure où la terre est disponible ici malgré la présence des compagnies minières ». Le président de la coopérative agricole de Saraya de poursuivre, « nous avons besoin de petit matériel car disposant d'hectares de bas-fonds non exploités à Samékhoto, Baytilaye, Saroudja et Nafadji qu'il suffit d'aménager ».

Sambou Danfakha de se poser la question de savoir « ce que des sociétés et projets comme la Sodagri et le Padaer font dans le département de Saraya notamment en termes d'aménagement et d'équipements ». Il martèle, « nous ne les entendons point dans le département de Saraya ». Il terminera par signifier que même des maliens établis dans la contrée, et qui étaient jadis dans la culture du coton, lui ont promis de s'investir lors de la prochaine campagne agricole dans la culture du maïs hybride fourni par « Imaïs », chose, à ses yeux, qu'il faut encourager.

Pour rappel, les membres de l'interprofession « Imaïs » étaient dans une tournée nationale qui les a conduits dans les régions de Tambacounda et Kédougou.

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