Madagascar: Inondation, digue rompue et éboulement

Les conséquences des pluies diluviennes posent toujours problème à Antananarivo, même si aucun cyclone ne traverse la ville. Un chroniqueur des années 1940 relate ce qui s'est passé à cette époque.

Certains problèmes, et non des moindres, restent d'actualité. Entre décembre 1940 et mars 1941, des pluies abondantes sont tombées sur Madagascar, provoquant une montée anormale des rivières qui prennent leur source sur les Hautes-Terres. Et dès janvier, une première crue de l'Ikopa nécessite la prise des dispositions de défense prévues contre les inondations. Mais la persistance des pluies maintient assez élevé le niveau du fleuve et quand, en février-mars, les précipitations s'amplifient, la situation s'aggrave au point de susciter de sérieuses inquiétudes chez ceux qui ont « la délicate mission » de protéger les immenses rizières de la plaine du Betsimitatatra. « Le problème fut encore compliqué, le 24 février dans la nuit, par la rupture inopinée d'une digue située sur la rive droite de la Sisaony.

Cet accident entraîna le déversement brutal des eaux de cette rivière dans l'Ikopa, en amont de Tananarive. La crue continuant, on notait dans la nuit du 6 mars la cote maximum de 4 mètres. » De quoi craindre l'extension de l'inondation qui peut se produire de deux manières: soit par submersion de certaines parties des digues suivie de leur rupture, soit par infiltration à travers ces digues en charge depuis plusieurs semaines. « Infiltration pouvant créer un renard, c'est-à-dire une fissure qui, s'élargissant progressivement, aurait permis la ruée des eaux. » Ainsi, une surveillance constante, de jour comme de nuit, de la totalité des digues est alors assurée, tandis que des approvisionnements de matériaux divers (terre, sable, pieux et madriers) se constituent sur de nombreux points névralgiques.

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« Dans cette véritable mobilisation, les indigènes des fokonolona et les militaires mis à la disposition de l'administration ainsi que le personnel des services techniques ont fait preuve du plus grand dévouement. » Par chance, la retenue d'eau du barrage de Mantasoa « qui continue à avoir une tenue parfaite », et les aménagements de Bevomanga et de Farahantsana terminés depuis quelques années, permettent d'éviter une catastrophe: ces ouvrages réduisent de 45 cm la crue de l'Ikopa et empêchent ainsi l'envahissement par les eaux d'une partie de la région d'Antananarivo, notamment la ville basse.

En revanche, certains points des digues se révèlent comme étant trop bas et des parapets de défense définitifs devront « être exécutés sans délai pour remplacer les banquettes de fortune réalisées au cours de l'alerte. De plus, on devra parer au danger que constituerait une nouvelle rupture de la digue de la Sisaony, en transformant en digue de cloisonnement celle de Soavina près d'Ambodirano ». Cette lutte contre les inondations se révèle efficace. Elle permet de sauver la presque totalité des rizières menacées et d'éviter des accidents graves dans les agglomérations sur le point d'être envahies par les eaux.

Toutefois, dans la plaine, un certain nombre de maisons construites en briques crues ne peuvent résister à l'imprégnation des eaux et s'écroulent. Sur les pentes, la latérite détrempée glisse en maints endroits. Dans la ville même, dont on connaît le site très accidenté, de nombreux éboulements se produisent. Dans les parties hautes, en particulier, la chute d'importantes masses de terre et de blocs de rochers entraîne des dégâts importants à quelques rues qui doivent être interdites dans les deux sens à la circulation. Plusieurs maisons sont aussi fissurées à la suite de tassements du sol, sinon détruites par les éboulements et « quelques morts » sont à déplorer. « Ces accidents furent, au reste, réduits au minimum par suite des sévères mesures de protection qui avaient été prises en temps utile par les services techniques. »

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