La Coupe du Sénégal chez les Messieurs, remportée dimanche dernier par le Duc, a bouclé la saison de basket 2022-2023. Un exercice jugé satisfaisant par le président de la Fédération sénégalaise de basket-ball (Fsbb). Pour Me Babacar Ndiaye, plusieurs défis sont à relever, dont la maîtrise du calendrier et l'amélioration du championnat à travers une autre formule pour lui permettre de progresser davantage.
La saison vient de baisser ses rideaux. Quel bilan en tirez-vous ?
Le bilan, on peut le tirer à trois niveaux. D'abord, sur le plan sportif, il y a une satisfaction totale pour la Fédération dont l'obligation principale est d'organiser des compétitions sur le plan national. Les championnats chez les filles et chez les garçons ont été organisés régulièrement et on a eu de beaux vainqueurs. La Douane va représenter à nouveau le Sénégal à la Basket Africa League (Bal) et le Duc revient après deux à trois ans de disette. Il est important que le Duc revienne sur la scène et que l'As Ville de Dakar soit concurrencée.
La Jeanne d'Arc a joué les play-offs chez les filles ; cela veut dire qu'il y a un nivellement des valeurs. Chez les garçons aussi, la finale a été jouée sur trois matchs entre la Jeanne d'Arc et la Douane. On a assisté à de belles finales et à ce niveau-là, il y a une satisfaction totale. Le seul regret, c'est la durée du championnat liée au fait qu'il y a eu beaucoup de trêves (organisation de la Bal à Dakar, Afrobasket féminin, participation de l'équipe nationale au tournoi de Chine dans le cadre de la préparation du tournoi pré-olympique de Lagos). À cela s'ajoute l'indisponibilité de la salle pendant certains week-ends.
Ensuite, sur le plan financier, nous avons réussi à capter, à travers des ressources tirées du sponsoring, des moyens nécessaires pour l'organisation du championnat. Ce n'est pas évident parce que nous dépensons presque 2 millions de FCfa chaque week-end pour que le championnat puisse se tenir. Nous sommes la seule Fédération qui accorde une subvention pour le transport des équipes, paie les arbitres et les commissaires, alors que les Fédérations ne reçoivent pas de subventions annuelles qui leur permettent de faire face à leurs dépenses.
Enfin, la troisième satisfaction, c'est l'absence de violence. On a joué un championnat dans un cadre de fair-play, les équipes ont accepté la défaite. Il n'y a eu qu'un seul incident mineur, lors de la finale de la Coupe du Sénégal dames. Pour le reste, nous tirons notre chapeau à tous ceux qui gravitent autour du basket pour la réussite de la saison.
Comment appréciez-vous le niveau de notre championnat ?
Notre championnat a un bon niveau. La Douane a joué la finale de la Bal. Ça reflète que le niveau de notre championnat est bon. Il y avait dans cette équipe des joueurs locaux comme Jean Jacques Boissy et Pape Fall, qui sont par la suite partis en France. Cela prouve que sur les cinq joueurs de la Douane, il y avait au moins deux locaux qui étaient des titulaires à part entière. Également, dans l'équipe nationale qui a joué au tournoi de Lagos, il y avait des locaux. Même chez les filles, il y avait Couna qui a fait un tournoi correct et Mathilde. Cela veut dire que nous avons un bon championnat, mais qui mérite d'être amélioré à travers une autre formule. Parce que tant que l'on continuera à jouer des phases régulières avec des matchs où les scores sont connus à l'avance, ça ne fera pas progresser les joueurs. Il faut un championnat où les équipes de niveau moyen se rencontrent pour progresser vers l'élite où les équipes d'élite peuvent se rencontrer pour progresser vers le niveau international. C'est cela qui va nous permettre d'avoir un très bon championnat.
Chaque année, la saison tire en longueur. Qu'est-ce qu'il faut pour une bonne maîtrise du calendrier ?
Ce qu'il faut, c'est commencer le championnat beaucoup plus tôt. Il y a des années, le championnat s'ouvrait au mois de novembre. Cette année, nous avons clôturé le 15 octobre, mais nous allons bientôt fixer le démarrage de la saison 2023-2024 au mois de décembre. Je vais proposer qu'on démarre le dernier week-end de décembre et en début de saison jouer les mercredis parce que si on attend tous les week-ends pour jouer, avec l'indisponibilité de la salle, ça risque encore de traîner en longueur. On va aussi réfléchir sur une nouvelle formule. La Direction technique va nous proposer un schéma. Si donc on démarre tôt, on pourra terminer tôt ; surtout que cette année, il n'y a pas de compétitions internationales, à part le Tournoi de qualification olympique (Tqo) qui va se dérouler sur une semaine et la Bal qui doit être prise en compte.
Le Sénégal va disputer prochainement le Tournoi de qualification olympique (Tqo). Quelles sont les chances réelles de l'équipe féminine de participer aux Jo de Paris ?
Nos chances sont réelles. Ce tournoi a la particularité de faire qualifier forcément une équipe africaine. Le Sénégal est logé dans la même poule que le Nigeria, les États-Unis et la Belgique. Il y aura donc deux places pour trois équipes puisque les Usa sont déjà qualifiés à la faveur de leur statut de champion du monde. La Belgique, championne d'Europe en titre, est donc favorite de ce groupe. La finale opposera donc le Sénégal au Nigeria, championne d'Afrique en titre. Les « D'Tigress » sont favorites, mais on peut bien les battre sur un match. C'est possible parce que lors de la finale du dernier Afrobasket, il n'y avait pas une supériorité systématique. Cette fois-ci, si on se prépare bien, on pourra bien les battre.
Justement, depuis la démission de Moustapha Gaye au lendemain de l'Afrobasket, l'équipe nationale féminine est sans entraîneur...
Nous sommes en train de chercher un entraîneur. Un Directeur technique national a été nommé et j'ai transmis ma proposition de nomination au Ministre des Sports et elle sera bientôt signée. Donc, le Dtn va nous faire une proposition pour le choix de l'entraîneur. Il y a des demandes qui sont sur sa table, avec de bons profils, dont un ancien entraîneur du Nigeria qui a gagné trois fois l'Afrobasket. Malheureusement, il ne sera pas disponible au mois de février parce qu'il enseigne dans une université américaine. Mais il y a d'autres profils assez intéressants. Après le choix de l'entraîneur, il va entrer en contact avec les filles et nous comptons organiser un regroupement de préparation pendant les fêtes de Noël, si possible, parce qu'il y aura une trêve en Europe à cette période. Si le ministère des Sports et le Cnoss nous aident à avoir des titres de voyage, ou pour organiser un tournoi externe qui permet au nouvel entraîneur de prendre contact avec le groupe et de pouvoir mettre en place ses choix tactiques, ce sera une bonne chose. Cela nous permettra, au mois de février, de continuer le travail parce qu'il n'y aura pas suffisamment de temps. La fenêtre, c'est sur une semaine, pour le regroupement et les matchs. Donc si vous avez un nouvel entraîneur, vous lui demandez de travailler sur une semaine, ce sera très compliqué. Ce que nous voulons, c'est avoir un entraîneur capable de réaliser un hold-up contre le Nigeria.
Vous avez une préférence nationale ou vous optez pour un technicien étranger ?
Pour moi, c'est le meilleur profil qui compte le plus. Ce que nous voulons, c'est un entraîneur capable de faire gagner le Sénégal ; le reste, ce n'est pas très important...
Après votre réélection, vous vous êtes engagé à instaurer un professionnalisme...
C'est en cours. On va faire le document nécessaire et le proposer lors de l'Assemblée générale d'informations de la saison 2023-2024 pour essayer de voir et permettre aux clubs de pouvoir remplir les conditions du cahier des charges. Il faut changer les textes qui régissent le basket et il faudrait en parler avec la tutelle. Le projet est en cours et avant la fin du mandat, les textes nécessaires seront déposés. On aura aussi une deuxième division d'élite à compter de la saison 2024-2025. Les équipes qui seront qualifiées pour le tournoi de montée pourront rejoindre la première division, parce qu'il y aura des équipes qui vont se qualifier. Donc, on aura une deuxième division d'élite de 16, 18 ou 20 équipes, mais avec deux poules de 8 ou 10. C'est devenu une nécessité et, compte tenu du manque de moyens des équipes de deuxième division et des distances éloignées, nous allons diviser le pays en deux zones géographiques, et pour chaque zone, il y aura une deuxième division d'élite. Le champion de chaque poule se qualifie pour la première division.
Où en est la politique de relance des équipes nationales de jeunes ?
À ce niveau, la Fédération a une satisfaction totale. Parce qu'à la dernière Coupe du monde, nous avons atteint, pour la première fois dans l'histoire du basket sénégalais, les quarts de finale. Nous avons été éliminés par les États-Unis. C'est un bon travail qui a été fait. Et l'équipe a permis l'éclosion des jeunes talents. Au-delà même du résultat obtenu, ce qui est davantage visé, la relève, on est en train de l'obtenir. Il faut faire la même chose chez les filles, parce que chez les garçons, nous n'avons pas un problème d'effectif. C'est au niveau des filles qu'il faut bien préparer la relève, mais il faut être patient, démarrer à partir des U16, préparer une bonne équipe des U18 et faire en sorte de pouvoir, au moins, permettre une éclosion de quatre ou cinq joueuses qui puissent intégrer l'équipe nationale.
Le Sénégal est-il candidat pour l'organisation de l'Afrobasket féminin 2025 ?
C'est notre souhait, mais il y a des préalables. Pour organiser l'Afrobasket, il faut d'abord l'autorisation et l'engagement de l'État à prendre en charge les frais d'organisation, à savoir les droits d'organisation qui s'élève à 1,5 million de dollars (près de 1 milliard de FCfa) pour que la Fiba vous accorde le droit d'organiser. Il y a aussi les frais d'organisation qui tournent autour de 500 millions de FCfa. Si on a à peu près 2 milliards de FCfa, on peut organiser la compétition. Et sur les 2 milliards, on peut avoir des ressources internes tirées du sponsoring, du ticketing. À la limite, si tout est organisé, on peut trouver des ressources qui vont tourner autour de 300 voire 500 millions. Pour cela, il faudra s'y prendre très tôt pour pouvoir trouver des sponsors. Je vais saisir officiellement le Ministre des Sports pour autorisation, avant de déposer une demande d'organisation de l'Afrobasket en 2025 au niveau de la Fiba.
Quelles sont les perspectives pour la prochaine saison ?
L'objectif principal, c'est de se qualifier pour les Jeux olympiques « Paris 2024 » avec les filles. On l'a déjà réussi en 2016, à Rio. On va donc essayer de rééditer cette performance l'année prochaine. Il y a aussi l'organisation à temps des championnats pour pouvoir terminer au mois de juillet. Ça fait aussi partie des défis pour la saison à venir. On veut aussi accompagner la Douane pour lui permettre de réussir une bonne participation à la Bal, et essayer de préparer l'Afrobasket 2025, parce qu'il ne faut pas attendre 2025 pour se préparer, surtout avec les garçons. Nous envisageons donc de faire un camp d'entraînement, de participer à un tournoi, parce que nous recevons des invitations ; ce qui nous permettra d'être prêts pour réussir une bonne compétition.
Comment voyez-vous l'avenir du basket sénégalais ?
Le basket sénégalais n'a jamais régressé. Chez les filles, c'est 5 Afrobasket pour 4 finales, participation à la Coupe du monde 2018, qualification pour la première fois au deuxième tour, participation aux Jo de Rio. Chez les garçons, on est médaillé de bronze lors des deux derniers Afrobasket 2017 et 2021. On était qualifiés pour la Coupe du monde 2019. Aujourd'hui, sur le terrain, on s'était qualifiés à la Coupe du monde. Malheureusement, avec le forfait du Mali, on a été éliminé par le règlement. Nous sommes au top aujourd'hui. Il faut gagner chez les filles comme chez les garçons. Il faut avoir de la chance. J'ai perdu trois demi-finales sur des scores étriqués avec les garçons. Il y a un petit effort supplémentaire à faire en termes de motivation, de fighting, pour accéder en finale. C'est le discours qu'il faut tenir aux joueurs et aussi à l'entraîneur.