Cote d'Ivoire: Le responsable des médias catholiques - Nos 'utilisateurs' nous demandent surtout des prières

interview

Les médias catholiques en Côte d'Ivoire ont connu une profonde évolution ces dernières années. Un processus qui se confond avec le cheminement de toute la communauté ecclésiale, comme le rapporte à l'Agence Fides le Père Hervé Djezou, secrétariat exécutif national des Moyens de communication sociale de Côte d'Ivoire (SENMCS), le bureau de communication sociale de la Conférence épiscopale ivoirienne.

Comment les médias catholiques ont-ils évolué dans votre pays ?

Les médias catholiques en Côte d'Ivoire ont profondément évolué ces dernières années. Ils sont actuellement constitués de la radio nationale catholique (Voix de l'Evangile), de la télévision nationale catholique et de la presse en ligne. La radio est le média le plus ancien, puisqu'elle a été créée il y a 24 ans ; la création de la télévision remonte à huit ans. Il existe également plusieurs radios diocésaines qui travaillent de concert avec la radio nationale catholique. Tous ces médias collaborent entre eux. La Côte d'Ivoire compte 15 diocèses et la radio nationale couvre une dizaine de diocèses par ses émissions.

La programmation couvre-t-elle également des sujets sociaux ?

Oui, en plus des programmes strictement spirituels et liés au travail de l'Eglise, y compris la récitation du Rosaire, il y a des programmes liés au développement humain, à la santé, à l'éducation et à l'agriculture. Nous essayons d'aider nos auditeurs à améliorer leurs conditions de vie tant sur le plan matériel que spirituel. Il faut savoir qu'en Côte d'Ivoire, comme dans d'autres parties du monde, il existe encore une certaine coupure entre la ville et la campagne. Notre radio nationale est écoutée à Abidjan, la capitale économique, et dans les autres grandes villes, mais aussi dans les campagnes parce que c'est le média le plus facile pour tout le monde. On peut travailler dans les champs et écouter la radio en même temps. Et nous en profitons pour parler de Dieu. Pour nous, la radio est un très bon moyen d'annoncer l'Évangile. Nous avons des émissions non seulement en français mais aussi dans les différentes langues de Côte d'Ivoire, justement pour être proches de tout le monde.

Avez-vous une ligne directe avec vos auditeurs ? Quelles questions vous posent-ils ?

Oui, nous avons un "feedback" de nos auditeurs. Ils nous demandent surtout des prières. Beaucoup de gens nous appellent pour demander des prières pour la santé ou pour des choses matérielles. Mais il y en a beaucoup qui appellent pour demander des conseils spirituels aux prêtres qui travaillent dans les stations, tant nationales que diocésaines.

La Côte d'Ivoire sort d'années de guerre civile qui ont pris fin en 2011. Comment les médias catholiques contribuent-ils au processus de paix?

Nos évêques ont clairement indiqué que les médias doivent aider les gens à grandir spirituellement, humainement et moralement. Dans tous nos médias, nous parlons sans cesse de la paix, de la manière de la construire en créant de bonnes relations entre tous. Je dirais plutôt qu'il faut créer la joie d'être ensemble. Un discours qui englobe toutes les religions : catholiques, évangéliques et musulmans.

Nos auditeurs doivent comprendre que l'important est de témoigner de l'amour de Dieu en vivant l'amour et l'amitié entre nous.

Une grande partie des jeunes Africains qui émigrent en Europe sont originaires de votre pays. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Il est vrai que la guerre que nous avons connue en Côte d'Ivoire a créé une situation qui pousse de nombreux jeunes à tenter de traverser d'abord le désert, puis la Méditerranée, à la recherche d'une vie meilleure. Nos évêques ont rappelé à plusieurs reprises aux jeunes qu'on peut être heureux si on étudie, si on travaille, si on prend conscience de sa situation. On peut trouver la prospérité en Europe, mais on peut aussi être heureux en Côte d'Ivoire. J'ai étudié à Rome, mais j'ai été heureux quand je suis retourné dans mon pays il y a 20 ans pour travailler à la Conférence épiscopale. Malheureusement, il y a trop de jeunes qui partent à l'aventure et qui finissent par mourir dans le désert ou dans la Méditerranée.

A l'image de la Côte d'Ivoire, comment trouver une solution commune entre l'Europe et l'Afrique ?

Nous pouvons nous aider mutuellement en mettant de côté les préjugés. Nous pouvons apprendre de l'Afrique. Nous pouvons apprendre notre joie. Il y a une pauvreté matérielle, mais nous avons une richesse, une richesse humaine.

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