De plus en plus de migrants dans des pirogues de plus en plus chargées arrivent chaque jour. Plus de 23 000 migrants sont arrivés aux Canaries, depuis janvier, soit 80 % de plus que l'an dernier, à la même période.
Ce week-end, entre vendredi et ce dimanche 22 octobre, ce sont près de 1 200 personnes qui ont atteint l'archipel espagnol. Les pirogues sont parties des côtes sénégalaises. Les passeurs ont visiblement profité des bonnes conditions climatiques pour multiplier les départs.
Douze embarcations sont ainsi arrivées, depuis vendredi soir, à Tenerife et El Hierro. « Des pirogues surchargées », indiquent les services d'urgence espagnols avec notamment 321 personnes dans l'un des bateaux, en grande majorité des hommes mais également des femmes et des enfants.
Sur les photos diffusées par les autorités, certaines pirogues sont également de petite taille, utilisées habituellement pour la pêche côtière et pas adaptées à la haute mer. En effet, 1 600 km séparent le Sénégal de l'archipel des Canaries, une voie maritime dangereuse.
Boubacar Seye préside l'organisation de défense des migrants « Horizon sans frontières ». Il estime que les autorités sénégalaises ne cherchent pas de solution pour limiter ces départs... et il se sent impuissant face à la multiplication des départs. « L'État ne communique que dans les interceptions... C'est l'économie de la justification, c'est le tout policier. Cette stratégie ne peut pas marcher. Donc, il faudra tout simplement, effectivement avec cette autarcie, que l'État se remette en cause en s'attaquant à la cause principale. C'est l'extrême pauvreté, c'est l'état de la mauvaise gouvernance qui obstruent les perspectives d'épanouissement des couches les plus vulnérables, sans oublier aussi ces nouvelles donnes : la pêche artisanale se trouve malheureusement écrasée par la pêche industrielle ainsi que la pêche illicite et non réglementée. Sans oublier aussi la situation politique du Sénégal. Les gens n'ont plus d'espoir, il n'y a plus d'espoir. Aujourd'hui, le doute a tellement perforé notre environnement socioculturel que les gens pensent qu'ils ne peuvent plus vivre dignement dans ce pays-là », souligne-t-il.
Cette voie migratoire Afrique-Canaries est aujourd'hui la plus fréquentée car les contrôles ont été renforcés en Méditerranée, et ce, malgré les risques.
Depuis début octobre, plus de 8 500 migrants sont arrivés, « un record », indiquent les autorités espagnoles. Le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, estime que « cette recrudescence est liée à la déstabilisation du Sahel ».