Lomé a abrité les 21 et 22 octobre un important forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Durant ces 2 jours, les participants venus de 10 pays majoritairement africains, ont planché sur le thème principal des transitions politiques en Afrique. 6 panels ont introduit de riches brainstormings, véritables autopsies des sécuritaires qui affectent le monde, particulièrement en Afrique avec des remises en cause des processus démocratiques.
Le Burkina, le Mali et le Niger, invités à cette rencontre, ont vu leur situation nationale servir de champs d'école pour répondre à cette question d'actualité : quel modèle de transition vers quel système de gouvernance des pays en crise et dans quels délais ces pays doivent réaliser les objectifs de paix, de stabilisation, de relance économique et de refondation démocratique ?
En accueillant ce forum sur cette importante question d'actualité, le Togo ne cache pas ses ambitions d'offrir une alternative diplomatique à la résolution des problématiques cruciales de paix et de sécurité. En effet, le président Faure Gnassingbé, avec le soutien de l'ONU et de l'Union africaine, rattrape la mauvaise donne des invectives, des sanctions et les menaces d'intervention militaire de la part d'organisations sous-régionales, continentales et internationales contre les pays affectés par des coups d'Etat et sous régime de transition.
Si cette indexation des coups d'Etat et les tentatives de mettre au ban de la communauté internationale leurs auteurs se justifient par des questions de principes, elles sont incompréhensibles, inacceptables et improductives d'un point de vue logique et dynamique de recherche de la paix, de la sécurité et de la bonne gouvernance. De fait, si les interruptions de régimes présumés démocratiquement issus des urnes sont la résultante de leur incapacité à prévenir et à résorber les crises sécuritaire, humanitaire et de mal gouvernance, c'est se tromper de cible que de sanctionner les auteurs de coup d'Etat. La bonne politique serait plutôt de regarder à la fois en amont de ces crises multidimensionnelles pour proposer des solutions pragmatiques, structurantes, innovantes pour ne pas dire révolutionnaires en aval.
C'est le défi que les participants à ce forum sur la paix et la sécurité de Lomé se sont efforcés de relever. Si les résultats de leurs travaux, des recommandations à l'ONU, à l'Union africaine et aux pays sous régime de transition, ne sont pas encore connus, ils devraient s'inscrire dans la logique des discours du Premier ministre togolais, Mme Victoire Tomégah- Dogbé. En effet, dans son allocution prononcée au nom du président Gnassingbé, elle a appelé les participants à des « échanges éclairés, profonds dans une démarche constante de défendre les idéaux de paix et de sécurité. » Mme Tomégah-Dogbé les a aussi invités à faire des recommandations qui renforcent les transitions politiques en cours afin que, moins vulnérables ces pays s'inscrivent dans « une appropriation endogène de la démarche collective de consolidation démocratique. »
Renforcer les transitions et non les déstabiliser, appropriation endogène de consolidation démocratique et non pas replâtrage de modèles prêt-à-porter qui ont fait la preuve de leur échec, tout ou presque est dit sur la nécessité pour les pays en transition politique et au-delà, tous les pays subsahariens de faire un bon diagnostic des crises récurrentes qui les affectent pour mieux envisager leur avenir. Ce n'est pas gagné d'avance si nos gouvernements de transition ne sont pas dans une logique d'inclusion, de réconciliation politique mais oeuvrent plutôt à réaliser des agendas cachés extraquinquennat.
Pour sûr le discours de la Baule sur la démocratie en Afrique a pris plus qu'un coup d'obsolescence. Plus de 30 ans après l'Afrique doit s'autoriser « une appropriation endogène » d'une gouvernance vertueuse au service des générations futures. Et si les multiples coups d'Etat, les régimes de transition, leur volonté de rupture avec le passé, ce forum de Lomé étaient un déclic ?