Ile Maurice: «C'est ma fille qui a filmé la scène pendant que mon concubin me tabassait...»

Elle vit un enfer aux côtés de l'homme qu'elle croyait aimer depuis 12 ans. Mais Sarah B., 32 ans, n'en peut plus. Après un énième passage à tabac le samedi 14 octobre, elle a choisi d'exposer sa triste vérité sur TikTok - et la vidéo a choqué tous ceux qui l'ont vue... Elle a accepté, de son lit d'hôpital vendredi, de nous raconter son calvaire, son cauchemar éveillé.

C'est une vidéo assez troublante que vous avez-vous-même postée sur Tiktok. Racontez-vous ce qui s'est passé.

Je dois vous dire d'abord que ce n'est pas la première fois que mon concubin - avec qui je partage ma vie depuis 12 ans maintenant - me frappe, me maltraite, me fait vivre cette horreur. Cela a toujours été le cas depuis le début de notre relation. Mais j'ai tout supporté parce que j'estimais que mes enfants avaient besoin de leur père *(NdlR, Sarah a quatre enfants. L'aînée de 14 ans est issue d'une première union et les trois autres - une fille et deux garçons âgés de 10, 7 et 3 ans - de son concubin). *

Le jour fatidique, soit samedi dernier, il n'y a pas eu de 'grosse' dispute au préalable. Je suis rentrée du travail et j'étais fatiguée. Je lui ai demandé de baisser le volume de la musique. Chose qu'il n'a pas faite. Je me suis levée pour aller aux toilettes et j'ai éteint l'appareil entre-temps. C'est là qu'il est entré dans une colère noire. Il m'a traînée par terre, m'a giflée, a essayé de m'étrangler et me menaçant et me maltraitant devant mes enfants. C'est l'une de mes filles qui a filmé toute la scène...

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Pourquoi avoir choisi cette fois-ci de publier cette vidéo ? Est-ce un appel à l'aide ?

Oui et non. J'ai à maintes reprises porté plainte contre lui dans le passé et bien souvent les policiers eux-mêmes me demandaient de retirer la plainte parski mo misyé sa... Ils me disaient : «Madam, tou sa baté ou gagné la ou kontinyé fer zanfan ek li...» Mais moi comme je vous l'ai dit, je retournais toujours avec lui parce qu'il y avait mes enfants. Je ne voulais pas qu'ils grandissent sans leur père, avec des parents divorcés, séparés. Je lui pardonnais toujours parce que mes enfants ne voulaient pas que leurs parents ne vivent plus sous le même toit. La vidéo, je l'ai aussi postée pour que tous sachent quel genre de personne c'est. Bien souvent quand il me frappe, il y a des proches qui peinent à croire que je dis la vérité. C'était pour montrer ce que je vis, mon quotidien. Pa ti ena vré prev zamé, zordi éna...

Personne ne savait avant cela que vous étiez victime de violence domestique ?

Si, certains proches le savaient. J'avais accouché de mon dernier enfant, j'avais fait une césarienne. Mon fils avait à peine trois mois et il m'avait rouée de coups. Il avait piétiné mon ventre. Li ti pé dir li pou fer mo trip sorti. Heureusement qu'à ce moment-là, mon papa a vu toute la scène et est intervenu pour que ce ne soit pas plus grave. Mon père l'a fait fuir à l'aide d'un morceau de bois...

Depuis l'incident de samedi dernier et avant qu'il ne soit arrêté par la police lundi, vous vous êtes parlé ?

Lundi vers 16 heures, il est venu chez ma mère où j'ai élu domicile depuis samedi dernier avec mes enfants et m'a suppliée de le reprendre, de lui pardonner. Il m'a demandé qu'on se remette ensemble et m'a dit qu'il avait vu que j'avais publié les vidéos. Il m'a dit qu'il allait changer. Mais il a aussi fait un live sur Facebook (voir hors-texte) le même jour où il justifiait son acte en m'accusant d'être infidèle...

Comment vos enfants vivent-ils cette situation ?

Très mal. Ils sont tous très stressés. Ma fille de 14 ans, qui est en Grade 8 et son frère qui est en Grade 4, sont en période d'examens. Ils m'ont dit de ne pas leur crier dessus s'ils échouent car ils ne peuvent se concentrer sur leurs études. Zot latet fatigé... Je les comprends. Moi-même je suis admise à l'hôpital de Flacq et je ne peux pas m'occuper d'eux comme il se doit. De plus, nous avons dû déserter le toit familial. Ce n'est pas évident. Ils ont toutes leurs affaires là-bas.

Et vous, comment vous sentez vous ?

Pas bien. Je suis stressée, j'ai peur. Je ne sais pas comment je vais faire quand il (NdlR, le concubin, qui a été arrêté depuis) obtiendra la liberté conditionnelle. Je crains pour ma vie et celle de mes enfants. Surtout celle qui a filmé le passage à tabac de samedi dernier. J'ai peur qu'il lui fasse du mal. J'ai dû être hospitalisée parce que mon visage est devenu bleu. Ma tête est sensible à certains endroits. Je ne peux pas coiffer mes cheveux. Je ne peux pas également parler trop longtemps.

Vous savez, pas plus tard que mai dernier, il avait été arrêté parce qu'il voulait m'agresser à coups de sabre devant des policiers. J'avais même un protection order contre lui. Mé li pann sanzé mem apré sa... Douze ans que j'endure toute cette souffrance. J'ai dû faire face à tellement de choses, il y a eu des coups, des mots blessants. En 12 ans, il a à maintes reprises crié haut et fort qu'il ne voulait pas qu'on se marie. Li ti pé dir mwa mo zis bon pou fer zanfan... Ou koné kouma mo santi mwa ? Souvent, les coups arrivent lorsqu'il est sous l'influence de l'alcool mais heureusement qu'il n'a jamais battu les enfants.

Que comptez-vous faire à votre sortie d'hôpital ?

Me reprendre en main. Me concentrer sur moi-même et mes enfants. Qu'on puisse s'en sortir ensemble. J'ai assez souffert, je ne veux plus d'homme dans ma vie. Ma priorité est de faire en sorte que mes enfants aient une éducation et que mes filles soient autonomes, indépendantes. Je ne veux pas qu'elles subissent le même sort que moi. Ma mère était une femme battue et cela a été le cas pour moi. Je veux que cela s'arrête ! Moi j'ai dû arrêter l'école lorsque j'étais en Form 4 faute de moyens, je ne veux pas que cela se reproduise pour mes enfants...

Steeve Arlapen, le concubin, s'exprime sur Facebook...

Il a fait un live d'un peu plus de 25 minutes sur Facebook lundi pour justifier son acte barbare envers Sarah. Steeve Arlapen a, entre autres, clamé que sa concubine envoyait des messages à un autre homme depuis cinq mois et il s'est auto-qualifié par la même occasion d'être «enn bon dimounn... [mo] bann kamarad dan landwra finn sonn mwa pou demann mwa kifer monn finn bat li, li fer tou seki li anvi akoz li éna enn restriction order kont mwa...» Peintre de profession, l'homme âgé de 44 ans, habitant Quartier-Militaire, a été arrêté le même jour.

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