Afrique: Nawaz Sharif - La figure clé du Pakistan tente un nouveau retour en politique

L' ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s'apprête à faire un nouveau retour en politique après presque quatre années d'exil à Londres, dernier épisode d'une carrière longue et mouvementée, au cours de laquelle il a été chassé trois fois du pouvoir.

Deux fois auparavant, Nawaz Sharif avait vu ses mandats interrompus: en 1993 pour des soupçons de corruption, puis en 1999 après un putsch du général Pervez Musharraf

A 73 ans, ce personnage central de la vie politique pakistanaise depuis trois décennies est rentré samedi dans son pays pour aider son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), à remporter les élections prévues fin janvier. Il reste sous le coup d'une condamnation à sept ans de prison pour corruption datant de 2018, mais les observateurs estiment qu'il a obtenu suffisamment de garanties pour pouvoir échapper à la prison.

Le destin politique de ce magnat de l'acier, surnommé "le lion du Pendjab", épouse les contours de l'histoire politique contemporaine du Pakistan, au gré de ses relations fluctuantes avec la toute-puissante armée. Il avait attribué à celle-ci sa chute lors de son dernier mandat.

Il a été destitué pour corruption par la Cour suprême en 2017, après des révélations sur sa famille par l'enquête des Panama Papers. Il a nié toute malversation et dénoncé un complot de l'armée à l'approche des élections visant à faciliter la victoire d'Imran Khan, finalement devenu Premier ministre. Après quelques mois d'emprisonnement, il s'est exilé à Londres fin 2019.

Avec ce retour, il fait une nouvelle fois preuve de sa capacité à rebondir, en profitant des vicissitudes de la vie politique pakistanaise. Cette fois-ci, c'est Imran Khan lui-même qui se retrouve emprisonné et inéligible, après - selon les analystes - s'être à son tour brouillé avec les militaires.

Deux fois auparavant, Nawaz Sharif avait vu ses mandats interrompus: en 1993 pour des soupçons de corruption, puis en 1999 après un putsch du général Pervez Musharraf. Il est à la tête de l'une des deux dynasties familiales qui dominent depuis des décennies la politique pakistanaise, avec le Parti du peuple pakistanais (PPP) de la famille Bhutto.

En 2013, il avait été largement réélu pour un troisième mandat historique, réussissant la première transition démocratique au Pakistan d'un gouvernement civil à un autre. Silhouette ronde et crâne dégarni, il reste populaire auprès d'une partie de la population, séduite par son profil d'entrepreneur et par ses efforts passés pour développer les infrastructures et attirer des investissements, notamment chinois.

Il a aussi encouragé la privatisation de grandes entreprises nationales pour réduire la dette publique, dans des procédures néanmoins souvent entachées d'accusations de corruption. Au pouvoir, il a été accusé de placer dans les tribunaux des juges à sa botte, de manipuler la Constitution à son avantage et de truquer des élections provinciales au profit de son parti.

Né dans une riche famille d'industriels du Pendjab, considéré comme le centre de gravité politique et économique du pays, Nawaz Sharif a étudié le droit avant de rejoindre l'aciérie de son père. Il a fait son entrée en politique sous le parrainage du dictateur militaire Zia-ulHaq, accusé d'avoir favorisé une islamisation radicale du pays. Mais il s'est ensuite distancé de l'armée et a cherché à affirmer la primauté du pouvoir civil.

En 1990, il a battu aux élections son éternelle rivale Benazir Bhutto. Mais après trois ans au pouvoir, il a été contraint de démissionner en raison de soupçons de corruption et remplacé par cette dernière. Revenu en 1997 à la tête du gouvernement avec une large majorité, Nawaz Sharif a lancé des politiques libérales et de grands travaux qui ont assis sa popularité. C'est sous son gouvernement que le Pakistan est devenu le seul pays musulman doté de l'arme nucléaire, un accomplissement populaire dans ce pays très nationaliste.

Destitué par le putsch de 1999, il a été condamné à la prison à vie, avant d'être autorisé à s'exiler en Arabie saoudite. Rentré au pays en 2007 pour participer aux législatives marquées par l'assassinat de Benazir Bhutto, il a finalement dû attendre six ans pour revenir au pouvoir. Son dernier mandat a été marqué par une reprise économique et une légère amélioration de la situation énergétique. La sécurité a aussi été renforcée à la frontière avec l'Afghanistan, mais le mérite en est largement attribué à l'armée.

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