Madagascar: Affluanceurs

La campagne électorale est dominée par une question d'affluence. Le collectif des candidats a passé un test au Coliseum d'Antsonjombe du moins si la crédibilité d'une démarche était fonction du nombre de foule qu'elle peut rameuter. Bien que le laps de temps entre l'autorisation accordée par le préfet et le temps de préparation de ce meeting était très court, le meeting animé par des artistes de l'autre côté de la barrière a plus ou moins drainé du monde. La décision du préfet d'autoriser le meeting à Antsonjombe plutôt qu'au stade d'Alarobia était peut-être un piège pour voir la capacité du collectif des candidats à s'organiser dans un laps de temps très court ainsi que pour voir sa réelle audience auprès de la population. L'affluence a fait l'objet de nombreux commentaires.

À Mahajanga où le candidat Andry Rajoelina a repris sa campagne, le stade Rabemananjara s'est avéré trop petit pour contenir la foule des partisans du sortant. Andry Rajoelina a exhorté la population à aller voter et s'acquitter de son devoir le 16 novembre. À Vohémar les convaincus de la candidature de Siteny Randrianasoloniaiko ne se sont pas faits prier pour acclamer leur poulain. Bien évidemment le candidat numéro treize a promis de trouver une solution pour relever le prix de la vanille sans révéler les détails de sa stratégie.

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Le débat semble ainsi se résumer à une histoire d'affluence. On pinaille sur le recours ou pas à des artistes dont le « battle » constitue un match dans le match. Le vrai débat sur le développement et la résolution des grands problèmes du moment passent au second plan surtout pour les prétendants à la succession de Rajoelina. Ce dernier compte bien évidemment transformer l'essai marqué durant son premier mandat. Il n'a pas grand-chose à rajouter sinon de boucler les velirano en suspens pour diverses raisons.

Le candidat Siteny Randrianasoloniaiko a beau parler de décentralisation, son projet se résume à un octroi de budget aux régions. Une perception trop primaire pour être pris au sérieux. Réduire la décentralisation à une question de budget est trop réducteur et prouve une mauvaise maîtrise de l'administration. Le projet de société de Siteny Randrianasoloniaiko se base d'ailleurs sur la décentralisation et « la politique du ventre », idéal du Parti Social Démocrate, son parrain, durant la première République.

Pour les autres candidats en lice mais absents de la campagne électorale pour le moment, on ne retrouve pas non plus les traces d'un projet de société. Tout est basé sur les critiques des impérities du pouvoir en place, des dérives juridiques et des atteintes aux libertés d'expression. Certains souffrent visiblement de la maladie d'Alzheimer oubliant qu'ils avaient commis exactement, voire pire, les mêmes manquements quand ils étaient aux commandes. Des rugbymen accusés d'avoir fomenté un attentat étaient froidement assassinés en 2004 mais jusqu'à maintenant il n'y a jamais eu ni enquête ni procès.

Des politiciens ont croupi en prison pour avoir été trop bavards. Le fait est que le collectif des candidats rassemble bourreaux et victimes des brimades d'une époque. Il s'agit d'un collectif de candidats opportunistes réunis plutôt par un ennemi commun que par des similitudes des convictions. Autrement dit il risque de péricliter dès que l'intérêt individuel l'emporte sur l'objectif commun. Le mur s'est déjà lézardé par une première défection.

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