Alors que la jeunesse constitue la majorité de la population congolaise, elle se sent souvent oubliée par les leaders politiques.
Comme souvent, Marcus, 18 ans, est venu ce dimanche retrouver quelques amis sur la place des Evolués de Kinshasa. S'il rêve de devenir footballeur, les sujets liés à la politique ne l'intéressent "vraiment pas." "La politique de mon pays, qu'elle avance ou non, cela me passe au-dessus de la tête", admet le sportif.
A quelques mètres de là, Jonathan et Junior passent en revue les photos qu'ils ont prises tout au long de l'après-midi. Pour Jonathan, âgé de 18 ans et étudiant en droit, la jeunesse a tout de même son rôle à jouer dans l'échiquier politique. "On dit qu'une société sans jeunes est une société morte", philosophe le jeune homme, "c'est donc nous l'avenir de ce pays. Nous sommes censés aller voter pour l'émergence de notre pays."
Engagement militant
La jeunesse comme acteur du changement, c'est cet idéal qui a poussé Sephora Tshimé, 27 ans, à s'engager dans le réseau Po na Congo, une organisation de promotion des droits civiques qui regroupe plusieurs milliers de jeunes à travers une petite trentaine d'antennes dans le pays.
"Je me suis dit que rien ne fonctionnait et je cherchais à ce que les choses changent. Et lorsque Po na Congo s'est présenté à moi, l'organisation a présenté une vision et des valeurs qui concordaient avec les valeurs et le cadre que nous souhaitions."
Et si elle avoue que son engagement n'a pas été facile à faire accepter, notamment dans sa famille, elle regrette que peu de jeunes soient aujourd'hui impliqués dans le domaine de la politique.
Un tiers des Congolais a entre 18 et 30 ans
Car en RDC, plus d'un tiers de la population a entre 18 et 30 ans. Une tranche d'âge fragmentée et tiraillée entre différents idéaux, qui a donc du mal à s'unir, selon le politologue Christian Moleka. "Une grande partie de la jeunesse est certes organisée en beaucoup de mouvements, mais il n'existe pas de synergie de façon à ce que le rapport de force change", explique l'analyste, "il existe aussi une grande catégorie de la jeunesse qui est presque défaitiste, qui ne croit plus aux acteurs, qui est désenchantée et rêve peut-être de quitter le pays."
Selon lui, la jeunesse vote paradoxalement pour les hommes et partis politiques traditionnels, malgré le fait que la majorité des 43 millions de Congolais inscrits sur lefichier électoral sont âgés de moins de 37 ans d'après les données de la Céni.