L'historienne Jeanne Razafiangy Dina née Fotomanantena, 72 ans, a présenté ses travaux de recherche sur l'identité « Masikoro ». Elle a obtenu son Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) vendredi dernier.
Il n'est jamais trop tard. Jeanne Razafiangy Dina née Fotomanantena, docteur en histoire à l'université de Toliara, décroche son diplôme d'Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) et devient ainsi professeur à 72 ans. Appelée communément par le diminutif « Dina Jeanne» par la grande famille de l'université de Toliara, elle est également surnommée « Maman », vu son âge. L'impétrante a déjà été recteur de l'université de Toliara, tout comme son époux, Alphonse Dina, d'ailleurs.
Elle assure encore quelques cours car elle reste une figure incontournable de l' « histoire de l'Histoire». Il faut passer par elle pour tous travaux de recherche en histoire et même de simples données et informations politiques, sociales et économiques sur l'ethnie Masikoro et l'identité ethnique qui compose la région Atsimo-Andrefana, celle de Menabe et les autres régions du Nord-ouest en particulier.
Connaissant du bout des doigts l'histoire de Madagascar, et formée à la faculté d'Aix-en Provence en France, sur l'histoire de la colonisation, elle s'adonne particulièrement au plaisir à partager ses connaissances sur l'Afrique continentale, les relations historiques de Madagascar avec le reste du monde, et aussi la formation des ethnies à Madagascar. L'État a fait plusieurs fois appel à ses compétences en la nommant sénatrice, directrice de cabinet dans divers départements ministériels, et Jeanne Dina a même été sollicitée pour remplacer Camille Vital, alors premier ministre en 2011.
Place
Avec tout ce parcours académique, scientifique et politique riche, c'est dans une santé resplendissante et une coiffure typique de l'ethnie « Masikoro » qu'elle s'est présentée devant les membres du jury pour soutenir ses travaux de recherche intitulés : « Le Sud-ouest Malagasy comme champ d'investigation sur l'histoire de Madagascar, des pistes de recherche, exemple de la formation de l'identité Masikoro».
« La désignation d'un peuple commence par sa localité pour devenir une identité», c'est en ces termes qu'elle a axé le résumé de sa présentation, sans oublier de préciser les noms des rois d'antan des diverses ethnies pour situer le peuple Masikoro. « Les Masikoro, le peuple du fleuve de Mangoky et de Fiherena, ne s'éloignent pas de l'identité Vezo du littoral Sud-ouest et de celle des Sakalava. Avec ces trois identités ethniques, les Mikea font partie de l'ensemble », explique-t-elle. Jeanne Dina a présenté la place de la femme chez les Masikoro, laquelle prend actuellement une importante considération. « Elles sont acceptées comme pouvant faire partie des Hazomanga, des notables qui font le lignage et qui garantissent l'existence, l'authenticité et la reconnaissance de ses membres comme citoyens de statut libre », relate-t-elle.
Le nouveau professeur conclut par l'importance de l'unité du peuple malgache. « Il n'y a pas de Malgache du Nord qui ne comprenne pas un autre Malgache du Sud. Nous nous comprenons tous à travers une langue unique. Et même les us et coutumes présentent des équivalences dans les autres régions, pour ne citer que la circoncision, savatse dans le Sud-ouest et sambatra dans le Sud-est ». Le professeur émérite Lucile Rabearimanana a été le président du jury et l'examinateur et les rapporteurs ont tous été les étudiants de Jeanne Dina.
