L'affaire fait polémique depuis plusieurs semaines. Des objets ayant appartenu au premier Président sénégalais Léopold Sédar Senghor et susceptibles d'entrer dans le domaine public étaient mis aux enchères en France. Une délégation sénégalaise est dépêchée à Paris pour les rapatrier à Dakar.
Le Sénégal a fait suspendre la vente aux enchères, prévue samedi dernier à Caen (France), de 202 objets appartenant à Léopold Sédar Senghor, son premier Président de la République. « Solène Lainé, commissaire-priseur de la vente aux enchères, a entendu nos arguments. C'est une première victoire », s'enorgueillit Aliou Sow, Ministre de la Culture et du Patrimoine historique du Sénégal. Dépêché expressément en France, M. Sow poursuit : « Demain (le lundi, ndlr), nous nous rendrons à Caen pour finaliser, en cas d'accord avec les ayants droit, les modalités d'acquisition et de paiement pour rapatrier l'ensemble des objets au Sénégal ». Il s'agit de bijoux, d'objets de la vie quotidienne, des décorations dont certaines militaires décernées au Président Senghor par des pays amis comme la plus grande distinction que l'Egypte attribue à un Président étranger. Ce sont donc des objets qui entrent dans le domaine privé mais aussi public.
Héritage de Colette Senghor
Devant l'importance de tels objets, la question de leur appartenance se pose forcément. « Pour le moment, nous supposons que ce sont des héritiers légaux de Mme Colette Senghor, avance le Ministre Sow. D'après nos informations, certains sont de 4ème rang. Ces objets engendrent des charges fiscales pour eux, et ils sont décidés à s'en débarrasser par une vente aux enchères ».
Avec l'appui de la France, la délégation sénégalaise composée en outre du Ministre de la Culture et du Patrimoine historique, de Magatte Sèye, Ambassadeur du Sénégal à Paris, de Yoro Dia, porte-parole du Président de la République, de Amadou Lamine Sall, Commissaire et Secrétaire général du Mémorial de Gorée, et de Khoudia Diagne, Directrice des Arts, va se rendre à Caen. « Les résultats positifs de cette mission ont été obtenus grâce à l'appui du gouvernement français à travers le Quai d'Orsay (ministère des Affaires étrangères, ndlr), insiste le Ministre Sow. Senghor n'appartient pas qu'à sa famille, il fait partie du patrimoine mondial ».
Quelle suite ?
Sur la nécessité d'une telle opération, Aliou Sow se veut rassurant pour la suite. « Le Sénégal a des infrastructures culturelles de référence comme le musée Senghor ou encore le Musée des Civilisations noires. Ces objets seront remis au Président de la République qui prendra les décisions conformément à sa vision », a dit le Ministre.
Le Sénégal veut tout faire pour éviter de pareilles situations à l'avenir. Cependant, attaquer la légalité de l'acquisition de ces objets par les héritiers n'est pas une option. Toutefois, la délégation sénégalaise devra s'intéresser à la nature exacte du statut des objets. « Pour le moment, nous ne cherchons pas le contentieux. Mais désormais, nous allons anticiper pour éviter un engrenage », promet le Ministre Aliou Sow.