Gabon: Splendeur et misère des Bongo

analyse

Il ne fait pas bon s'appeler Bongo ces derniers temps au Gabon depuis le coup d'Etat du 30 août 2023 qui a consacré le renversement du pouvoir d'Ali Bongo Ondimba, par le général Brice Clotaire Oligui Nguema.

Depuis lors, il y a curieusement comme un air de « débongoïsation » sur le pays de Léon Mba. Sitôt le locataire du bord de mer débarqué, son épouse française, Sylvia Bongo, et son fils Noureddin Bongo Valentin étaient les premiers à être inquiétés par les nouvelles autorités et la justice avec une enquête ouverte contre eux pour « détournements massifs d'argent public » ; l'ex-première Dame sera finalement inculpée de « blanchiment de capitaux et de faux et usage de faux » le 28 septembre et est incarcérée provisoirement.

En réalité, depuis l'accident vasculaire cérébral dont son mari a été victime en 2018 avec de graves séquelles, Sylvia et son rejeton étaient suspectés de diriger le pays par procuration. Aujourd'hui, le moins que l'on puisse dire, c'est que la régente et son héritier sont dans leurs petits souliers. Dernier tour de vis en date à leurs nouvelles conditions de vie : le rejet de la demande de liberté provisoire de la Franco-Gabonaise introduite par son avocate Me Gisèle Eyue-Békale.

Autre grand représentant de la dynastie à subir les foudres des nouvelles autorités, le lieutenant-colonel Frédéric Bongo, qui vient d'être radié de l'armée et de la garde républicaine par décret présidentiel en date du 19 octobre et rendu public le 23 octobre 2023. Cette mesure disciplinaire prise à l'encontre de l'ancien patron de la Direction générale des services spéciaux (DGSS).

Les raisons invoquées par les nouvelles autorités ? « Faute contre l'honneur, la probité et les devoirs généraux ; fautes contre la discipline militaire ; fautes tendant à soustraire leurs auteurs à leur obligation militaire ; manquement aux règles d'exécution de services ».

En effet il n'était d'ailleurs pas à son premier « haut fait d'armes », car en mars 2022 déjà, il avait été visé par une mesure similaire suite à un conseil de discipline mais son demi-frère et chef de l'Etat d'alors du Gabon avait mis son veto pour l'y soustraire. Cette fois-ci plus personne ne pourra le protéger.

A l'allure où vont les choses, on se demande bien à qui le tour. Pascaline Bongo devrait-elle aussi se faire du souci ? Difficile d'y répondre. Il faut dire que les Bongo père, fils et alliés ne sont pas des gens à plaindre, eux qui depuis plus de soixante ans règnent sans partage sur ce pays qu'ils considéraient pratiquement comme leur patrimoine personnel. En témoignent les multiples procès de biens mal acquis, d'abord contre Bongo père et ensuite contre le fils.

Cela dit, que le général Brice Clotaire Oligui Nguema veuille s'attaquer aux écuries d'Augias ou des Bongo, on veut bien, mais de quelle légitimité peut-il, lui se prévaloir pour cette opération mains propres quand on sait que celui qui joue les vierges effarouchées a profité de cette gabegie ?

Dès son arrivée au pouvoir, certaines informations ne faisaient-elles pas état de biens immobiliers qu'il a acquis aux Etats-Unis à hauteur de plus d'un million de dollars ? Ces informations précisent même qu'il a acheté, rubis sur l'ongle, une propriété à Silver Spring dans le Maryland à 447 000 dollars. Comme quoi à vertueux, vertueux et demi.

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