Drapeaux en berne et des coups de klaxon. À Madagascar, la plateforme de la société civile « Rohy » invite les citoyens à exprimer leur ras-le-bol face à la crise politique qui agite le pays, à près de trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Le « collectif des 11 » et le président sortant, Andry Rajoelina, s'affrontent toujours sur les conditions du scrutin.
« Les Malgaches ne sont pas à sacrifier, il est temps de vous parler ! » Ce message, les citoyens sont invités à le diffuser massivement sur les réseaux sociaux. Qu'elles viennent des leaders religieux ou de la communauté internationale, les tentatives de médiation entre les différents candidats à la présidentielle ont jusqu'ici échoué.
La plateforme « Rohy » espère qu'un mouvement initié par les citoyens changera la donne. Car elle prévient : si rien n'est fait, ce bras de fer risque de plonger le pays dans une crise profonde pour les cinq prochaines années.
Harijaona Andriamoraniaina est le coordinateur technique de l'organisation. « Nous allons organiser à partir de jeudi un évènement "drapeau en berne". On offre une autre opportunité à chaque ménage, à chaque citoyen, pour que les dirigeants entendent que les citoyens crient et demandent le dialogue pour sortir le pays de cette crise imminente », indique-t-il.
Menace de grève par les syndicats
La Solidarité Syndicale de Madagascar, la plus importante plateforme syndicale du pays, a menacé d'entrer en grève à partir de jeudi, si les deux parties - d'un côté le « collectif des 11 » comprenant onze candidats de l'opposition et de l'autre, le président sortant, Andry Rajoelina - ne parvenaient pas à dialoguer d'ici là.
Une perspective qui inquiète Lucie Ravaosolonirina, représentante de l'ONG Move Up Madagascar. « Si les fonctionnaires se mettent à enrayer la machine administrative, tout le monde sera perdant, y compris ceux qui pensent qu'ils pourront gagner les élections. Bien sûr, la date [du 1er tour de l'élection présidentielle] approche, mais se mettre sur une table de négociations, ça ne prend pas plusieurs mois, ça prend quelques heures, ou quelques jours », lance-t-elle.
Ce vendredi, à partir de 12 heures, les citoyens malgaches sont appelés à faire du bruit par tous les moyens possibles : marmites, cloches, ou encore klaxon doivent retentir à travers tout le pays.