Afrique: Les Douze africains favorables à la non-ingérence

L'Union africaine et malgache, autrement appelée le Groupe des Douze pays, est née à Yaoundé, en mars 1961, sur la base de la Charte de Brazzaville. Elle regroupe la Côte d'Ivoire, la Haute-Volta (Burkina-Faso), le Dahomey (Bénin), le Niger, le Sénégal, la Mauritanie, la République centrafricaine, le Tchad, le Congo, le Gabon, le Cameroun et Madagascar. L'organisation des Douze est la deuxième des trois regroupements de pays africains de l'époque, les deux autres étant celui de Casablanca et l'Union des États africains, fondée en mai 1961 à Accra. L'Union africaine et malgache possède une charte qui doit être acceptée par tout pays qui souhaite intégrer la communauté restée ouverte.

Il s'agit d'un code de non recours à la violence et de bon voisinage. Selon l'observateur politique, René Vermont, « une répudiation de la guerre et de la subversion est proposée par le Groupe des Douze aux autres États d'Afrique ». En fait, c'est une tentative de régler pacifiquement les différends entre pays africains. C'est également l'amorce d'une coopération régionale sur les plans économique et technique. Ce, malgré les oppositions internes.

La tendance occidentale est, en effet, d'opposer le Groupe des Douze à celui de Casablanca. Mais « cette division systématique entre États révolutionnaires (ou progressistes) d'un côté, et États réformateurs (ou modérés) de l'autre, est une vue occidentale trop tranchée ». Comme l'explique alors le président ivoirien Houphouët Boigny, « les Africains sont en train de se chercher, ne dramatisons pas les choses ». D'après la charte de Brazzaville, l'Union africaine et malgache prend position sur des évènements importants et d'une façon non équivoque, en particulier sur la Communauté franco-africaine et sur les problèmes internationaux posés à l'Afrique.

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Concernant la Communauté franco-africaine, la déclaration du 28 mars 1961 définit ainsi cette « communauté de fait »: « Une communauté d'intérêts, de sentiments et d'actions, dont la nécessité s'affirme plus que jamais dans un monde qui cherche à préserver la paix et à assurer un avenir heureux à l'humanité. Une communauté qui s'appuie sur la coopération économique et culturelle, sur la base de l'indépendance et de l'égalité des États. » Toujours d'après René Vermont, « plus intéressante et originale » est l'affirmation des positions des Douze sur le plan international et, en particulier, africain, c'est-à-dire selon l'esprit de Brazzaville.

« Quatre principes de base animent ces États»; principes de coexistence pacifique qui sont singulièrement précis et sans aucune clause échappatoire. Outre la coopération économique qui se concrétise par la création de l'Organisation africaine et malgache de coopération économique, le second principe est la recherche, par tous les moyens, de la paix. Selon la charte, « cela suppose pour chacun des États, le non recours à la guerre pour quelque motif que ce soit et la non-participation à une coalition quelconque dirigée contre l'un d'eux. Cela suppose également que si l'un d'eux est l'objet d'une agression, les autres se portent à son secours. Doit être considéré comme sacré le respect des frontières qui sont celles des États au moment de leur accession à l'indépendance ».

Le troisième principe est la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. « Aucun État indépendant n'entretiendra sur son territoire un gouvernement provisoire tendant à renverser le régime d'un autre État africain indépendant. Tout État indépendant interdira sur son territoire les menées subversives dirigées contre un autre État membre. » Le quatrième principe est la diplomatie concertée en vue d'une politique internationale commune.

a« C'est assurément sur ce point que des tiraillements ont eu lieu et auront lieu. Sans doute sur l'action de l'ONU sur le Congo ex-belge, l'Algérie, la Mauritanie, le Cameroun et la politique de l'apartheid, l'accord s'est-il réalisé aisément. » Toutefois, deux courants semblent partager les Douze sur la question du « neutralisme ». Ainsi, le Sénégal fait des avances à Pékin en vue d'une ouverture d'ambassades, mais Madagascar et la Côte d'Ivoire s'y opposent pour eux-mêmes. « En réalité, la tentation du neutralisme- l'on dit plus volontiers de l'africanisme- est forte pour les Africains. »

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