Dakar — Vingt et une organisations de la société civile sénégalaise ont dénoncé, mercredi, les "restrictions de tous ordres" aux dépens de leaders de l'opposition et les "violations de la loi électorale par le ministère de l'Intérieur".
Dans une déclaration parvenue à l'APS, la Synergie des organisations de la société civile pour la paix (SOS/Paix) et d'autres organisations fustigent "des restrictions de tous ordres à l'endroit des acteurs politiques ou partis d'opposition, et des violations de la loi électorale par le ministère de l'Intérieur chargé [...] de la gestion du fichier général des électeurs".
"En dépit d'une décision de justice ordonnant la réintégration de M. Ousmane Sonko sur les listes électorales, le ministère de l'Intérieur refuse d'appliquer ladite décision, défiant l'autorité judiciaire", soutiennent-elles.
"Le pourvoi en matière de contentieux sur l'inscription sur les listes électorales n'est pas suspensif", arguent Démocratie, droits humains et développement (3D), la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), le Forum social sénégalais, Afrikajom Center, Présence chrétienne et les autres signataires de la déclaration.
Ces organisations font allusion à la décision de l'Agent judiciaire de l'État et des avocats de l'État de faire appel de la décision du tribunal de Ziguinchor annulant la radiation de l'opposant Ousmane Sonko du fichier électoral et ordonnant sa réintégration.
Malgré cette décision, la direction générale des élections, placée sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, a déclaré vouloir attendre la décision du procès en appel pour savoir s'il faut ou pas remettre les fiches de parrainage au mandataire de M. Sonko.
"Les visites de proximité et autres manifestations des leaders de l'opposition dans le cadre de la collecte des parrainages sont systématiquement interrompues, voire interdites, au moment où le candidat de la majorité sillonne librement le pays en organisant meetings et caravanes", soutiennent les organisations de la société civile.
Elles estiment que "cette situation, qui engendre une discrimination en faveur de certains acteurs politiques, n'est pas de nature à permettre l'organisation d'une élection libre, inclusive, transparente et apaisée".
"Veiller à l'intégrité et à la transparence du processus électoral"
"Nous [...] exigeons du ministère de l'Intérieur, et particulièrement de l'administration, le respect de la loi, une neutralité sans équivoque dans la gestion du processus électoral [et] une impartialité sans faille à l'endroit des candidats", ajoutent les auteurs de la déclaration.
La LSDH, 3D et leurs cosignataires appellent le ministère chargé des élections à "assurer le bon déroulement du processus électoral, conformément à sa mission de contrôle et de supervision" du scrutin présidentiel à venir.
Ces organisations recommandent en même temps "à l'administration de s'abstenir de tous [les] actes et attitudes remettant en cause sa neutralité et portant un sérieux coup à la confiance des acteurs politiques".
La direction générale des élections, elle, est invitée "à rendre publiques les informations sur chaque étape du processus électoral".
La déclaration recommande "à l'administration et aux institutions de régulation de veiller à l'intégrité et à la transparence du processus électoral".
L'APS a tenté vainement de joindre par téléphone le responsable du service de communication du ministère de l'Intérieur, dans le but de recueillir sa version des faits dénoncés par les organisations de la société civile.