Au Togo, le tribunal militaire poursuit l'audition des accusés dans l'affaire de l'assassinat du colonel Bitala Madjoulba, commandant en chef du premier bataillon d'intervention rapide. Son corps avait été retrouvé gisant dans son bureau au matin du 4 mai 2020. Une enquête avait été ouverte et plusieurs personnes arrêtées. Au troisième jour de ce procès qui s'est ouvert lundi 23 octobre au tribunal militaire, six prévenus sont passés à la barre, tous visiblement ne reconnaissent pas les faits qui leur sont reprochés.
Le colonel Bitala Madjoulba a été retrouvé mort dans son bureau alors qu'il venait d'assister à la prestation de serment du président Faure Gnassingbé élu pour un quatrième mandat de cinq ans.
Les trois prévenus qui sont passés devant les juges mercredi 25 octobre sont tous des hauts gradés. Parmi eux, il y avait le commandant Akila-Esso Kpatcha Atèkpè, chef de l'unité de la sécurité militaire. Il est poursuivi pour avoir organisé une enquête parallèle. À la question du procureur : « Reconnaissez-vous avoir écouté le Lieutenant Madjoulba, fils de la victime chez lui ? » Il reconnaît avoir agi sur ordre de ses supérieurs hiérarchiques. « C'est sur ordre de Gal Yark - le ministre de la Sécurité au moment des faits - affirme-t-il, avant d'ajouter, des ordres que j'ai reçus, aucun n'est manifestement pas illégal pour refuser d'obéir. »
Le lieutenant colonel Kouma Agbonkou est, lui, le commandant en second du premier bataillon d'intervention rapide, il est appelé à la barre pour abandon de poste, aides et concours apportés à des autorités militaires non autorisées dans ce dossier. « Vous avez l'habitude de faire des rondes sur les positions, pourquoi ne l'avez-vous pas organisé dans la nuit du 3 au 4 mai ? », interroge le juge. « Nous étions en alerte depuis la veille, quand l'alerte a été levée après la fin de la cérémonie de prestation serment, je suis rentré chez moi », explique Kouma Agbonkou. « Et pensez-vous que votre chef peut dormir sans son arme ? », lui demande le procureur. « C'est inconcevable », répond-il.
Tous les accusés se rejettent les torts, confie une source judiciaire. Ce jeudi 26 octobre, ce sera le tour du dernier accusé, le général Abalo Kadangha, chef d'État-major général des forces armées togolaises, au moment de la mort du colonel Bitala Madjoulba.