Madagascar: Ali Bakhshi Hassan - « On souhaite que cette élection soit organisée dans l'apaisement »

Il est convaincu que la communauté internationale peut jouer un rôle important pour apaiser les tensions politiques actuelles.

Ali Bakhshi Hassan, ambassadeur de l'Iran à Madagascar, partage son point de vue sur la conjoncture qui prévaut à Madagascar comme ailleurs. Entretien.

Midi Madagasikara: Comment percevez-vous la situation politique actuelle dans le pays ?

Ali Bakhshi Hassan: Vous savez, je suis à Madagascar depuis 4 ans et je suis de près l'évolution de la situation.

Personnellement, je suis optimiste par rapport à la tenue de la présidentielle de novembre.

Il est certain que chacun a des efforts à faire pour gagner cette compétition.

Cela est aussi du jeu démocratique, mais je pense qu'au final, on aura une élection et que le peuple malgache va pouvoir choisir son nouveau président.

Tout ce que je souhaite en tant qu'ambassadeur d'un pays ami, comme les autres collègues des pays africains et des pays amis de Madagascar, notamment des pays membres des BRICS, est que cette élection soit organisée dans l'apaisement et la compréhension de chacun.

Il faut signaler que Madagascar a besoin de stabilité politique, du développement de son économie.

Et que cette stabilité a besoin de sacrifices et de mettre en priorité l'intérêt national du pays.

%

M-M: D'après vous, quel rôle devrait jouer la communauté internationale dans le dénouement des tensions actuelles ?

A-B-H: A mon avis, la communauté internationale pourrait jouer un rôle positif en facilitant et en soutenant les procédures électorales.

Autrement dit, un soutien financier, logistique, en menant une observation impartiale.

Je ne suis pas d'accord sur le fait que certaines puissances s'immiscent dans cette élection comme c'est à l'accoutumée en Afrique.

Cette ingérence ne peut qu'aggraver la situation et mettre en jeu les acquis démocratiques.

M-M: Depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés (en décembre 2022), comment a évolué la coopération entre l'Iran et Madagascar ?

A-B-H: Je pense qu'on n'a pas avancé selon le rythme souhaité.

Les changements des portefeuilles ministériels, l'ingérence de certaines puissances, le terrorisme économique de certaines puissances contre mon pays, etc. n'ont pas permis qu'on fasse bouger cette coopération.

Je peux dire qu'on a avancé comme le mouvement d'un caméléon, un pas en avant et un pas en arrière.

Je souhaite qu'avec le nouveau gouvernement issu de cette élection, nous aurons la vitesse nécessaire.

J'ai créé de très bons marchés pour vos produits divers en Iran et dans notre région.

Également, beaucoup de dossiers de coopérations dans plusieurs domaines sont sur les tables des ministères techniques.

M-M: La diplomatie tous azimuts de Madagascar a-t-elle réellement fait bouger la coopération économique entre les deux pays ?

A-B-H: Pas tellement. A mon avis, Madagascar devrait entamer une diplomatie offensive à travers le monde, et que ces ambassades soient renforcées, et la carte diplomatique réajustée.

Mon souhait est de voir Madagascar travailler avec de nouveaux partenaires.

J'espère voir un gouvernement plus technocrate, présenté par le nouveau président après la tenue des élections présidentielles de Novembre.

Mon pays est tout à fait disposé à accompagner le nouveau gouvernement.

M-M: L'Iran est de nouveau sous les feux des projecteurs, comme certains pays, dans le conflit armé qui oppose actuellement Israël et le Hamas en Palestine. Votre gouvernement va-t-il soutenir le Hamas dans cette guerre ?

A-B-H: Il faut dire que la riposte du Hamas n'est que la réponse appropriée à une injustice menée depuis 56 ans d'occupation.

Voyez-vous, la déclaration récente du Secrétaire Général des Nations Unies va dans ce sens.

Ce qui se passe à Gaza, c'est une tragédie, un génocide, un réel holocauste.

Comment peut-on observer tous ces crimes contre l'humanité et ignorer la situation, en fermant les yeux et les oreilles ?

On n'a jamais vu qu'on coupe l'eau, l'électricité, les médicaments, les services d'urgence à une population sous pression.

Pendant des années, on a fait de Gaza une prison à ciel ouvert sous un régime alimentaire contrôlé par les occupants.

Beaucoup de Malgaches ne savent pas que la Bande de Gaza, comme tout territoire palestinien, appartient aux Palestiniens, et ces Palestiniens subissent ces crimes dans leur propre territoire.

Vous les Malgaches, vous êtes trop attachés à vos terres, pourquoi pas les Palestiniens.

Pour quelle raison ? Depuis 2009, 150 000 Palestiniens, hommes, femmes, enfants ont été tués par ces Israéliens.

M-M: Concrètement, quelle posture va adopter votre gouvernement dans cette crise?

A-B-H: Nous défendons la cause palestinienne et les hautes autorités du pays l'ont déclaré à haute voix, mais notre soutien est moral et idéologique, tout en soulignant que le Hamas est un Groupe Indépendant.

L'Iran est l'ami de tous les pays opprimés du monde. Là où il y a de l'oppression, l'Iran est toujours opposé.

Le peuple palestinien est victime d'injustice depuis 75 ans. Il ne peut pas vivre sur son propre territoire.

Il a subi beaucoup de dégâts humains et matériels, combinés de tueries, de déplacés, de prisonniers.

Gaza est depuis des années, une prison à ciel ouvert. Ils sont en train de subir une punition collective, un génocide.

Les maisons, les mosquées, les hôpitaux, les églises, les marchés, même les boulangeries y sont sauvagement détruits par les bombardements israéliens.

On ne tolère ni les médecins, ni les journalistes, ni les blessés, ni les enfants, ni les vieillards.

On les massacre sans distinction, et sans merci.

On voit les images horribles des enfants déchiquetés, éparpillés et jonchés au sol. Je regrette, l'UNICEF, les Nations Unies, le Conseil de Sécurité, le Conseil de Droit de l'homme, et l'Unesco.

L'Humanité est morte, la moralité également, les consciences sont éteintes, la justice a perdu son sens.

On défend les agresseurs contre les agressés, on soutient des oppresseurs contre des opprimés, on donne des tonnes et des tonnes de bombes et artilleries aux agresseurs mais on empêche l'arrivée des médicaments et de nourriture aux familles massacrées et aux victimes.

On a coupé l'électricité dans les hôpitaux remplis de blessés.

Les ambulances sont visées par les chasseurs bombardiers, ce ne sont pas des films de Hollywood, ce sont des images réelles des atrocités des criminels.

Comment peut-on croire que même les manifestations anti-guerres en Occident soient interdites et réprimées.

Où est la liberté d'expression en Occident ? Comment l'Occident peut désormais prétendre au droit de l'homme ? Comment l'histoire va le juger ?

Quelle réponse avons-nous pour les générations futures ? Honte aux hypocrites ! Honte à ceux qui mènent une politique de deux poids deux mesures.

Nous n'avons pas oublié les démarches des organisations sportives comme FIFA, FILA et ainsi de suite vis-à-vis de la Russie, en écartant les équipes sportives de cette dernière, même de la Coupe du Monde, quand la crise ukrainienne a commencé.

Combien de personnes doivent être sacrifiées pour le réveil des consciences humaines. 6000 innocents ne suffisent-il pas ?

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.