La Minusma, la mission de l'ONU au Mali, accélère son retrait dans des conditions difficiles. L'armée malienne accuse l'ONU de "départ précipité."
Alors que la Minusma doit avoir quitté le pays d'ici la fin de l'année, la reprise des combats entre l'armée malienne et les insurgés touaregs, dans le nord du pays, menace le déplacement de ses convois.
La Minusma reproche aux autorités maliennes de compliquer ses déplacements, tandis que les militaires au pouvoir à Bamako, ont accusé l'Onu d'avoir libéré une base, dans le nord du pays, sans leur en avoir transféré le contrôle.
Ce mardi (24.10.2023), l'armée malienne a accusé la mission de l'ONU de "départ précipité" après que celle-ci se serait retirée du camp d'Aguelhok, dans le Nord, sans attendre de le transférer aux autorités du pays.
Ce départ mettrait en péril la sécurité dans la zone, selon les autorités militaires.
Des "terroristes" auraient ainsi profité de la situation pour s'introduire dans le camp et, toujours selon l'armée, "détruire plusieurs installations".
Personnel menacé
En réponse, la Minusma, qui a aussi évacué lundi le camp de Tessalit, dit être forcée d'accélérer son retrait par l'escalade militaire qui menace son personnel.
Elle reproche aussi aux autorités maliennes de compliquer son désengagement en limitant ses mouvements, sans préciser de quels types d'obstructions il s'agit.
Selon Alexi Kalembri, directeur de publication du journal Mali Tribune, cette situation est le résultat d'une crise de confiance qui existait déjà depuis longtemps entre les différentes parties.
"Malgré qu'il y ait eu un agenda de retrait publié, les deux camps ne cessent de faire des communiqués. La Minusma se plaint parce qu'on ne lui permet pas un certain nombre de déplacements, l'Etat malien se plaint d'être mis devant le fait accompli. Il y a un problème de communication et de confiance qui a causé tout cela. La Minusma se plaint du manque de sécurité dans la zone. Le chronogramme, s'il était respecté, permettrait à l'armée malienne de s'organiser et de prendre possession des bases. Le fait que ce soit précipité fait de la zone un no man's land puisque des groupes terroristes pullulent dans la zone", explique l'analyste.
Reprise des hostilités
La Minusma redoute en effet de se retrouver prise au piège par les affrontements en cours dans le nord du Mali.
Les séparatistes touaregs ont repris les hostilités contre Bamako, tandis que le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, multiplie les attaques contre l'armée.
Fatou Kaba porte-parole de la Minusma rappelait récemment sur nos ondes que la première priorité est la sécurité des convois.
"Les moments de départs se font régulièrement, à peu près tous les jours. La sécurité de notre personnel, de notre convoi est primordiale et c'est dans ce cadre-là qu'on est en contact avec toutes les parties prenantes pour nous garantir la sécurité des convois. Mais le principe de rétrocession des emprises de la Minusma à l'Etat malien est un principe que nous respectons".
Avant la fin programmée du retrait, fin décembre 2023, la Minusma affirme avoir pris des mesures pour, si nécessaire, détruire ou mettre hors service des équipements de valeur qui ne pourraient être emportés, en raison notamment d'un délai trop court.
Sont ainsi concernés des véhicules, des munitions, des générateurs et biens d'autres instruments susceptibles de servir aux groupes armés qui s'opposent à ce que la Minusma remette ses bases aux autorités maliennes, notamment dans la région de Kidal.