Dakar — La ministre de la Santé et de l'Action sociale, Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye, a souligné jeudi l'importance de mener, dans le cadre de la réalisation des projets de développement, des recherches basées sur l'éthique dans l'optique d'aider les décideurs à prendre de bonnes décisions.
"Nos Etats essaient de prendre en charge les différents défis pour implémenter un développement durable à travers la recherche", a-t-elle rappelé en présidant la célébration de la certification ISO 9001-2015 du Comité national d'éthique pour la recherche en santé (CNERS).
Elle a toutefois rappelé que ce processus est jalonné »d'intempéries" qui, si des dispositions ne sont pas prises, pourraient freiner "notre marche vers le développement ou le déshumaniser".
En dépit de cela, dit-elle, l'existence au Sénégal d'un comité d'éthique en phase avec les standards internationaux et certifié ISO 9001 permet »d'avoir de l'espérance quant au développement d'une recherche basée sur une intégrité scientifique".
Et même si en biotechnologie le risque zéro n'existe pas, les chercheurs sont invités à se souvenir que "la science doit être soumise à la moralité pour éviter les débordements", a-t-elle déclaré.
Elle a rappelé que le continent africain se dote de plus en plus de laboratoires de hautes technologies au sein desquelles de grandes manipulations sont faites. "Nous appartenons à un monde de transdisciplinarité et de networking. Cela fait que tout ce qui apparaît quelque part dans le monde ne laisse pas indifférents les autres espaces de vie", a-t-elle expliqué.
Au moment où en Europe les Etats légifèrent sur l'euthanasie, la vente d'organes, le choix du sexe de l'enfant, la procréation médicalement assistée, le clonage humain, le développement fulgurant de l'anthropologie génétique, la médecine personnalisée, etc., "l'Afrique doit se préparer pour ne pas être surprise", a-t-elle préconisé.
Le ministre a estimé que la mise en place de comités nationaux de bioéthique, qui sont des instances hautement stratégiques dans l'éclairage des décisions de politiques publiques, doit être complétée par un dispositif d'accompagnement des différents comités de gestion opérationnelle des problèmes de bioéthique.
Il s'agit d'avoir, à différents niveaux, des référentiels pour émettre des avis en cohérence avec les valeurs humaines et l'orientation sociétale de nos pays, a-t-elle précisé.
"Il reste néanmoins établi que la capacité de notre système législatif et règlementaire à faire face aux risques de dysfonctionnement est fortement atténuée par la vitesse avec laquelle apparaissent les dérèglements et dérapages", a souligné Dr Marie Khémess Ngom Ndiaye.
Sur cette base, le ministre de la Santé et de l'Action sociale estime qu'il est nécessaire de prévoir un dispositif de transition, d'anticipation et d'accompagnement. Les comités nationaux d'éthique jouent à ce niveau un rôle capital.
"Au-delà des mutations sociales et sociétales, dit-elle, l'avancée de la science déclenche des alertes pour la préservation de la dignité humaine et la promotion d'un transhumanisme éthique", a-t-elle conclu.