Sénégal: Établissements publics de santé - Un expert ausculte le mal des hôpitaux sénégalais

27 Octobre 2023

Contre-performance, dette insolvable, difficultés de fonctionnement, manque d'équipements, etc., ce sont, entre autres, les maux qui plombent les établissements publics de santé au Sénégal.

C'est ce qu'a relevé le Professeur Bara Ndiaye, Doyen de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odontologie de l'Ucad). Il a animé, le 25 octobre, à Dakar, un débat organisé par l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts).

La situation des hôpitaux est relativement « difficile » et « complexe », selon le Pr Bara Ndiaye, Doyen de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odontologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Professeur de chimie analytique et de bromatologie, le Pr Ndiaye, qui s'exprimait, le mercredi 25 octobre, lors d'un débat public organisé par l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), a indiqué que la plupart des hôpitaux sont confrontés à des difficultés de fonctionnement.

Ceci, malgré les efforts que l'État a faits, avec le recrutement d'agents ou l'octroi d'une subvention. « Mais, la subvention n'est pas assez conséquente pour permettre aux hôpitaux de faire face à leurs charges. Les besoins en investissement sont énormes et les hôpitaux n'ont pas toujours les moyens d'investir sans l'aide de l'État. Donc, ce qui est attendu pour que les hôpitaux soient performants, fassent de la qualité, c'est un appui substantiel en ce qui concerne l'investissement dans l'outil, en termes d'équipements, d'imagerie et de laboratoire, de bloc », a indiqué le Pr Ndiaye.

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Ce sont des équipements qui sont demandés dans la plupart des structures. Toutes les structures de santé du Sénégal sont plus ou moins confrontées à cela », a-t-il souligné. Selon lui, même si l'État a fait des efforts pour aider les Établissements publics de santé, les besoins sont encore « énormes », et l'État « ne suit pas toujours » au plan financier.

Subvention

« L'hôpital de Fann a un budget de 10 milliards de FCfa et sur ce montant, l'État donne une subvention d'un milliard de FCfa. C'est vrai que l'État assure le salaire des fonctionnaires mais, à côté, il y a des contractuels qui sont recrutés par l'hôpital et qui sont payés avec le budget de l'hôpital. En plus du personnel, les structures de santé doivent payer les factures d'électricité, d'eau, l'achat de médicaments, etc., sans compter les autres dépenses liées au bon fonctionnement de la structure », a-t-il soutenu.

Au-delà, le Doyen de la Faculté de Médecine a relevé que les hôpitaux sont aussi affectés par l'accroissement des pertes financières liées aux patients non-solvables et aux politiques de gratuité, avec le « Plan sésame » et la Couverture maladie universelle (Cmu), préconisées par l'État. Selon lui, actuellement, les hôpitaux ne bénéficient plus du Budget consolidé d'investissement (Bci).

Le Professeur de chimie analytique et de bromatologie a également fait savoir que la tarification est « inadaptée ». Parce que l'arrêté qui réglemente les tarifs qui sont pratiqués au niveau des hôpitaux date de 2005. Et depuis lors, il n'a pas été réactualisé. Alors que les hôpitaux pratiquent toujours ces tarifs. Également, du côté des acteurs, l'on se plaint des conditions de travail, des traitements du personnel. « Les hôpitaux ne peuvent pas être performants dans ces conditions. Ce qui a amené l'État à proposer des contrats de performance.

Ainsi, 15 ont été signés avec les hôpitaux de la place », a informé le Pr Baba Ndiaye. En fait, le contrat de performance est la traduction de l'engagement du ministère de la Santé et de l'Action sociale et des Établissements publics de santé (Eps) dans la démarche d'amélioration de l'efficacité et de la qualité du service public dans les hôpitaux par la promotion de soins et de prestations conformes aux standards. Ces contrats pourraient constituer un moyen pour contribuer à l'atteinte des objectifs principaux de la réforme hospitalière à savoir, l'accès aux soins, l'amélioration de la qualité des services et la bonne gouvernance des Éps.

« Le nombre de lits dans les services des urgences est faible »

À propos de la gestion des urgences, le Pr Bara Ndiaye, Doyen de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odontologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) qui intervenait, le 25 octobre, lors d'un débat public organisé par l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), a reconnu que c'est une question épineuse au Sénégal.

En particulier à Dakar où, le nombre de lits dans les services des urgences est extrêmement faible. « C'est difficile d'y faire face et la difficulté a été accentuée par la fermeture de l'hôpital Aristide Le Dantec qui prenait en charge une bonne partie des malades qui étaient dans l'urgence. La solution, c'est d'accroître la capacité d'accueil des structures pour leur permettre d'assurer la prise en charge des cas d'urgence qui sont nombreux. Il y a régulièrement des accidents de la circulation », s'est désolé le spécialiste de la santé.

Selon lui, il y a des pathologies qui surviennent d'un coup et il faut intervenir. « C'est un vrai casse-tête. Certes le ministère a pris à bras le corps ce problème mais, il reste entier », a-t-il lancé. « Les populations se plaignent toujours de ne pas être prises en charge en cas d'urgence et lorsqu'elles ont des malades qui présentent des pathologies qui ont besoin d'être soignées en urgence », a-t-il signalé.

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