A l'exception du sacre polémique de 2004, le football tunisien (équipe nationale) n'a jamais brillé, aussi bien au niveau régional qu'international, alors que d'autres nations, autrefois en retard, ont réussi à franchir des paliers considérables.
L'événement, tout comme sa date, sont restés mémorables. Le 10 novembre 2001, au stade mythique de Boca Junior, La «Bombonera», à Buenos Aires (Argentine), Diego Armando Maradona, devant plus de 60 000 supporters, fêtait son jubilé et prononçait, après avoir joué son dernier match, son discours d'adieu : «Le football est le sport le plus beau et le plus sain au monde. Et personne ne devrait en douter. Et si on se trompe, le football ne doit pas en payer le prix.
Car le ballon ne se salit pas. Et j'espère que l'amour que je ressens pour le football ne se termine jamais».
Des mots simples qui résument, d'une belle manière, ce que devrait être le football. Un sport fédérateur, spontané et surtout propre.
Malheureusement, depuis quelques années, les choses ne sont plus les mêmes.
Le football est devenu une industrie, qu'on façonne, chacun à sa manière, et dans lequel l'enjeu financier est désormais «roi». Une nouvelle vocation qui a faussé le jeu. Et du coup, le football s'est transformé en sport à scandales, marqué par des pratiques négatives qui ont fini par le contaminer.
La Tunisie n'a pu y échapper
Les chantages et les malversations se sont positionnés comme les fondamentaux du nouveau football. Et tous les pays ou presque ont été touchés par ces nouveaux paramètres.
Dans ce paysage, où le football, dépossédé de son éthique, le monde du ballon rond s'est replacé comme une manne financière tendancieuse, et les stades et leurs coulisses comme des champs d'affrontements directs et indirects.
La Tunisie, malheureusement, n'a pas échappé à cette nouvelle tendance. D'ailleurs, depuis une dizaine d'années, on assiste à des conflits d'intérêts interminables et à des dépassements très graves. On parle ainsi de corruption, de détournements de fonds, de trucage et d'impunité. Sans parler d'une politisation manifeste. A tel point que le football s'est transformé aujourd'hui, et comme le relève Elyess Kasri, ancien ambassadeur, en «malaise national qui touche tous les segments de la population». Et cela s'est répercuté sur la formation, l'encadrement et l'accompagnement, notamment d'une jeunesse, désoeuvrée.
Rapports tendus
Les scènes de violence récurrentes et souvent très graves qui perturbent régulièrement tous nos stades sont des preuves supplémentaires de ce qu'est devenu le football tunisien.
Le plus préoccupant, c'est qu'en raison de cette ambiance malsaine, notre ballon rond a été pris dans un tourbillon complexe et surtout très lourd de conséquences sur les performances des sportifs.
D'ailleurs, à l'exception du sacre polémique de 2004, le football tunisien (équipe nationale) n'a jamais brillé, aussi bien au niveau régional qu'international, alors que d'autres nations, autrefois en retard, ont réussi à franchir des paliers considérables. L'exemple de l'équipe marocaine, demi-finaliste de la dernière Coupe du monde, en dit long. Et notre sport vedette ne semble pas encore près de se relever.
La mise en détention, le 25 octobre 2023, du président de la FTF, Wadie El Jary, suite à une «plainte judiciaire déposée par le ministère de tutelle, en raison de l'illégalité d'un contrat contre la fédération et un directeur technique» reflète tout le mal qui entoure désormais la scène footballistique.
Un dossier lié, dit-on encore, à des soupçons de corruption financière, et qui risque d'être un premier épisode d'une série noire qui pourrait plomber le présent du football national et plus encore obérer son avenir.
Et il faut reconnaître que depuis sa prise de fonction, l'action du président de la fédération a été toujours contestée, ce qui qui explique des rapports tendus avec les différents acteurs de la scène footballistique.