C'est la Présidente de l'Assemblée nationale de la Tanzanie, Tulia Ackson, qui va présider, pour les trois prochaines années, aux destinées de l'Union interparlementaire (Uip). Syndiqués par le Nigeria et l'Afrique du Sud, les anglophones, dont ceux de l'Afrique de l'Ouest (excepté quelques très rares comme la Gambie), ont fait barrage. Adji Diarra Mbergane Kanouté ne sera pas, cette année, la deuxième personnalité sénégalaise à être élue à ce poste, après Daouda Sow, il y a 35 ans.
Ils l'ont voulu et ils l'ont obtenu. Les pays anglophones d'Afrique, soutenus par d'autres groupes régionaux, ont finalement réussi à battre celle qui était considérée comme la favorite, jusqu'à peu, du scrutin d'hier. La candidate de la Tanzanie, Tulia Ackson, a, en effet, remporté, hier, l'élection à la présidence de l'Union interparlementaire (Uip) qui s'est tenue au dernier jour de la 147ème Assemblée de l'organisation dans la capitale angolaise, Luanda. Avec ses 172 voix sur les 309 valablement exprimées, Mme Ackson a distancé ses concurrentes puisque la suivante, la candidate du Malawi, Catherine Gotani Hara, a obtenu 61 votes en sa faveur. Cette dernière a engrangé deux voix de plus que la candidate sénégalaise, Adji Mbergane Kanouté (59), qui faisait pourtant office de favorite avec la candidate élue. Mme Marwa Hagi, de la Somalie, ferme la marche avec ses 11 voix. Autant dire qu'il n'y a pas eu besoin d'un second tour.
Jusqu'à jeudi, où les ultimes auditions devant le Conseil directeur de l'Uip se sont tenues, certaines candidates n'ont pas hésité à évoquer la nécessité de permettre à une autre zone géographique que l'Afrique de l'Ouest d'occuper ce poste, faisant ainsi allusion au mandat du Dr Daouda Sow à la tête de l'Uip il y a 35 ans.
Un monde plus juste
C'est donc tout l'engagement, la mobilisation de moyens colossaux et le lobbying intense de Mme Ackson, Présidente de l'Assemblée nationale de son pays, qui ont fini par payer. Les choses se sont précisées encore ces derniers jours et il n'y avait qu'à voir ses sorties et prestations accompagnées de hourras et acclamations de ses très nombreux partisans. Épaulée par son Ministre des Affaires étrangères et de tout son Parlement, elle a fini par rafler la mise. Elle ne pouvait qu'être « submergée de gratitude » après cette élection qui l'envoie au-devant de la scène de l'Uip pour les trois prochaines années. « Je voudrais vous dire merci pour la confiance que vous m'avez témoignée. J'accepte cette fonction avec une grande humilité et en étant consciente des responsabilités qui y sont rattachées », s'est exprimée la désormais présidente.
Rendant un hommage aux autres candidates, elle leur a demandé de la rejoindre sur l'estrade tout en leur témoignant de son « engagement à travailler main dans la main, avec tout le monde, pour le bien de l'Uip ». Mme Ackson leur a assuré avoir besoin de leurs « idées et visions » pour les « relayer ». Se réjouissant de l'élection d'une femme africaine, elle a affirmé qu'elle « assumera la fonction » et se « contenterai d'être au service de l'Uip » comme pour démontrer que la charge de présidente de son Parlement, un aspect sur lequel elle a été attaquée, ne nuira pas à sa nouvelle fonction. Ainsi, elle va pouvoir mettre en application ses « objectifs pour un monde plus juste et pacifique ».
Fair-play
L'avocate et Docteur en Droit ambitionne de « renforcer les Parlements et promouvoir une participation inclusive et la redevabilité ». Elle a encore souligné sa volonté d'oeuvrer dans les « tendances importantes comme les changements climatiques, les inégalités économiques et sociales croissantes, la fracture numérique, les menaces de plus en plus prégnantes sur la paix et la sécurité ». Cette volonté sera « ajustée à la collaboration et à la solidarité », a expliqué Mme Ackson.
Très fair-play comme les autres candidates, la Sénégalaise n'a pas démérité. Adji Mbergane Kanouté a souhaité bon vent à la nouvelle présidente. Elle a bénéficié d'un soutien permanent et d'une mobilisation quotidienne du Président de l'Assemblée nationale du Sénégal, Amadou Mame Diop, et de toute la délégation qui l'accompagne. Elle l'a naturellement remercié. Réservant aussi des « remerciements exceptionnels au Chef de l'État sénégalais » qui l'a soutenu et épaulé.
De notre Envoyé spécial