Au Mali, les usagers de EDM (Electricité du Mali) sont à bout... Depuis plusieurs mois, les délestages sont légion dans tout le pays et la situation s'est encore aggravée, ces dernières semaines.
Bamako, Mopti, Kayes ou Ségou, le rythme et surtout la durée des délestages électriques augmente. Ménages, artisans ou industrie... personne n'est épargné, au point que certaines organisations de la société civile appellent à manifester pour réclamer de l'électricité.
Les conséquences peuvent être graves comme nous l'explique ce médecin à Frédéric Garat, de la rédation Afrique de RFI : « En pleine intervention chirurgicale et pour les enfants brûlés, il faut absolument que la salle soit régulièrement climatisée. Donc, des interruptions répétées... imaginez un peu qu'il y en ait deux, trois coupures tous les jours, cela entraîne beaucoup de problèmes. »
« Nous souffrons tous. Moi que vous voyez, on me fait la coupure d'électricité, comme tout le monde », souligne Bintou Camara, ministre de l'Énergie du Mali.
Bamako admet que le gasoil destiné aux centrales thermiques est souvent détourné de manière illicite par des trafiquants. À la télévision nationale et face à la grogne générale dans le pays, Bintou Camara incrimine les trafics de carburant qui seraient la cause de ces délestages incessants : « Quand on fait par exemple du dispatching, que l'on met deux citernes sur Dar Salam [un district de Bamako, NDLR] et, en cours de route, il y a une citerne qui disparaît. Eh bien, (ça) nous le qualifions de vols... »
Et la ministre de prôner la patience, mais le problème, c'est que la patience des usagers maliens fond à la vitesse du gasoil dans une citerne.
« Cela est de la responsabilité de l'État malien. Cela fait des années que l'on voit que l'EDM est en train de mourir. L'EDM est devenue une sorte de manne financière pour des partis politiques. Chacun vient puiser dedans. L'EDM aujourd'hui est comme une vieille dame en train de mourir et on veut sauver cette dame », s'indigne Clément Dembele, président de la Plateforme contre la corruption et le chômage.
Selon les autorités maliennes, l'urgence est de mettre fin au trafic de carburant qui serait la cause principale des coupures. Dans un second temps, des projets éoliens et solaires seraient à l'étude avec des partenaires russes, affirme la ministre de l'Énergie, Bintou Camara.