Afrique: Attaques incessantes, écroulement des systèmes de santé et de protection - Les femmes et les filles de Gaza face à « des difficultés inimaginables »

GAZA, Palestine — « Je dors dans la rue, telle que vous m'avez trouvée. La situation ici est insupportable », raconte à l'UNFPA une femme enceinte, qui doit accoucher dans quelques semaines.

Gaza connaît actuellement une terrible crise humanitaire et de sécurité. Depuis que l'escalade des hostilités avec Israël a commencé le 7 octobre dernier, un siège a été imposé sur la bande de Gaza : il bloque l'entrée de nourriture, d'eau, de carburant et de fournitures médicales.

Le conflit a déplacé la majeure partie de la population gazaouie et provoque de sévères pénuries, qui touchent fortement les femmes et les filles. Selon l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), l'augmentation des tensions dans les refuges surpeuplés de Gaza ainsi que l'effondrement des services et des mécanismes de protection accroissent les risques liés à la violence basée sur le genre.

Parallèlement, 160 femmes enceintes en moyenne doivent accoucher chaque jour au cours du mois à venir, alors même que l'accès aux services de santé tels que les soins obstétricaux d'urgence est faible, voire inexistant. Selon l'Organisation mondiale de la santé, près des deux tiers des cliniques de santé ne sont plus opérationnelles.

L'UNFPA, l'agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive, s'est jointe à plusieurs autres agences de l'ONU afin d'appeler à un cessez-le-feu humanitaire, « ainsi qu'à un accès humanitaire immédiat et sans restriction dans toute la bande de Gaza afin de permettre aux intervenant·e·s humanitaires d'atteindre les civil·e·s dans le besoin, de sauver des vies et d'éviter de nouvelles souffrances humaines », a déclaré la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l'UNFPA.

« Nous demandons un accès sûr et durable à l'eau, à la nourriture, aux soins de santé, notamment la santé sexuelle et reproductive, ainsi qu'au carburant, qui est nécessaire pour assurer les services essentiels », a ajouté la Dr Kanem. « La situation humanitaire à Gaza était déjà désastreuse avant les dernières hostilités. Elle est désormais catastrophique. »

Déplacées et en grand danger

Des centaines de milliers de personnes à Gaza se sont réfugiées dans les hôpitaux, les écoles, les églises et autres bâtiments pour se mettre à l'abri. Aucun endroit n'est cependant sûr, car les hôpitaux et les camps sont vulnérables aux attaques. Les tensions qui règnent dans les refuges provisoires sont très élevées et pourraient mener à l'augmentation de la violence domestique.

« Nous n'avons aucune intimité. Nous n'avons plus aucune dignité ici », explique à l'UNFPA une femme, évoquant ses conditions de vie.

Si des petits convois d'aide humanitaire ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza, la livraison de carburant n'a pas été permise : les hôpitaux et les refuges de l'UNRWA doivent se débrouiller sans, ce qui met en péril les actions de secours menées par l'ONU.

La nourriture et d'autres produits essentiels se font rares. Certaines familles gazaouies ne peuvent faire qu'un seul repas par jour, une situation très préoccupante notamment pour les femmes enceintes, dont l'alimentation peut faire la différence entre la mort et la survie, pour elles comme pour leurs nouveau-nés.

Gaza n'est par ailleurs en mesure de fournir que 5 % de sa quantité d'eau habituelle.

« Nous avons entendu des récits atroces sur les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes enceintes ; certaines [n'ont] qu'une ou deux petites bouteilles [par jour], d'une eau qui est assez salée » à cause la destruction des dispositifs de filtration, explique Dominic Allen, représentant de l'UNFPA en Palestine.

« Nulle part où aller »

Comme Gaza est un territoire entièrement enclavé, sans aucune échappatoire, fuir les hostilités est quasiment impossible - tout comme avoir accès à des soins de santé, car les systèmes sont en plein effondrement.

« Ces femmes enceintes n'ont absolument nulle part où aller. Elles doivent faire face à des difficultés inimaginables », déplore M. Allen. « Au milieu d'un tel chaos, certaines doivent accoucher dans des refuges, chez elles ou même dans des structures de santé qui sont à bout de souffle. »

« Une femme qui a réussi à se rendre à l'hôpital a dû en sortir [trois heures après avoir accouché] pour laisser sa place à d'autres femmes enceintes ou à des personnes blessées », ajoute-t-il.

72 camions d'aide humanitaire ont pu entrer à Gaza depuis le 7 octobre, transportant des produits essentiels tels que de la nourriture, de l'eau et des produits médicaux. Le volume de produits entré à Gaza ne représente cependant que 4 % des livraisons quotidiennes de produits qui entraient sur ce territoire avant la crise actuelle.

« Ce dont nous avons besoin, c'est d'un accès humanitaire immédiat et sans restriction. Nous avons besoin d'eau, de nourriture, de carburant, de médicaments. Nous en avons besoin en grande quantité et de manière durable », déclare M. Allen. « La population gazaouie ne peut plus attendre. »

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