Madagascar: Population Autochtone - Les Mikea réclament la reconnaissance de leur tribu

Madagascar participe pour la première fois au congrès sur la conservation de la population autochtone à Namibi. La tribu Mikea y a été présente.

L'espoir renaît chez la tribu Mikea après sa participation au congrès sur la conservation des peuples autochtones à Namibi et des communautés locales d'Afrique, du 25 au 27 octobre.

« Nous avons appris que nous ne sommes pas seuls dans notre combat. De nombreuses tribus sont confrontées aux mêmes problèmes que nous, et nous pouvons réunir nos forces pour améliorer l'avenir du peuple autochtone », a déclaré Manou, membre de la tribu Mikea qui a assisté à ce congrès avec son époux Tsivahora, leader de cette tribu, hier.

Ce dernier ne cache pas son inquiétude sur l'avenir de sa tribu car le nombre des Mikea ne cesserait de diminuer.

Les chiffres officiels parlent de mille quatre cent Mikea.

« Mais en réalité, nous sommes moins nombreux que ces chiffres. Beaucoup sont passés à autres choses, vu les contraintes auxquelles notre tribu est confrontée », lance ce père de famille.

Il raconte qu'ils ont de la difficulté à circuler librement dans le parc national Mikea, là où ils ont chassé et cueilli pour survivre.

La forêt qu'il considère comme leur « maison» ne leur serait plus accessible.

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« Il y a des agents du parc qui nous interdisent d'y entrer, alors qu'un décret dit clairement que les Mikea sont autorisés à y circuler librement », déplore Manou.

Pressions

Interrogé sur ce sujet, Madagascar National Parks dément.

« Ce n'est pas vrai que les Mikea ne peuvent pas vivre dans la forêt. Un recensement a été effectué pour identifier les Mikea qui vivaient réellement dans la forêt. Les recensés sont autorisés à y entrer et à y sortir. Si ce n'est pas le cas, c'est qu'ils n'ont pas vécu dans la forêt pendant le recensement », lance une source auprès de MNP.

Les Mikea que nous avons interviewés affirment pourtant qu'ils ont habité le village de Bedoa, une zone d'occupation contrôlée autour du parc, et ont été inscrits dans le recensement.

« Nous sommes partis, fautes d'insécurité et de pression des agents de forêt », lancent-ils.

Leur culture, leur tradition se perdent petit à petit suite à ces pressions.

Beaucoup d'entre eux ont abandonné la forêt et vivent désormais au bord de la mer. Ils doivent travailler pour trouver de quoi se nourrir, ils doivent utiliser une marmite pour cuire le riz, si dans leur coutume, ils ne mangeaient pas de riz et vivaient des produits de chasse et de cueillette qu'ils grillaient aux feux.

La suite de ce déplacement à Namibi sera une rencontre de ces Mikea avec des représentants de l'État.

Une occasion pour eux d'évoquer leurs problèmes et de réclamer la reconnaissance de leur tribu.

« Leur présence à ce congrès est une sorte de reconnaissance au niveau de l'Afrique, qui n'existe pas encore à Madagascar », souligne Jean Claude Vinson, président de l'association Mikea Forest.

Cette reconnaissance de l'État malgache est essentielle, pour le peuple Mikea, pour assurer leur existence.

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