À deux semaines du scrutin prévu par la Haute cour constitutionnelle, la population d'Antsiranana vit désormais une véritable ambiance de propagande électorale.
Comme tout le monde le sait, trois des treize candidats à l'élection présidentielle participent, à ce jour, à la propagande.
Mais dans le Nord, deux candidats potentiels ont essayé de mobiliser un électorat largement populaire.
Il s'agit des candidats Andry Rajoelina n°3 et de Siteny Randrianasoloniaiko n°13.
Si le premier a mis son choix sur la capitale du Nord pour démarrer sa campagne, le deuxième a voulu rattraper son retard, après avoir participé à la manifestation interminable du collectif des candidats dans la capitale.
Par le biais de leurs partisans et leurs comités respectifs, les deux candidats ont, en réalité, fait une démonstration de force.
La tension est montée d'un cran, à Antsiranana, entre les deux candidats qui continuent de se mobiliser sur le terrain.
Ils devront répondre à deux défis de taille, l'abstention et les électeurs encore indécis.
Samedi, Siteny Randrianasoloniaiko a effectué un déplacement à Antsiranana pour rencontrer la population, tout en organisant un meeting sur la Place du 13 mai, devant le stade municipal.
En fait, il comptait se rendre au stade Kianjasoa (stade manara-penitra), lieu qui ne figure pas dans les dispositions de l'arrêté préfectoral.
Une décision que son comité de soutien considère comme « partiale »par rapport au candidat n°3, qui l'a utilisé au début de sa campagne.
« Pourquoi l'ancien président a-t-il obtenu l'autorisation d'y faire sa propagande, alors que Siteny ne l'a pas eue », se plaignent ses partisans.
Ces derniers ont argumenté sur l'étroitesse de cet espace, par rapport au nombre des artistes de grosse pointure qui accompagnent leur candidat.
Public déchaîné
Mais en réalité, stratégie bien préparée, le roi du salegy Wawa a donné le préambule sur l'estrade du Sômarôho, installé depuis la matinée.
L'objectif étant de mobiliser des gens à ne pas se concentrer sur le grand carnaval, organisé par les partisans du candidat Andry Rajoelina et l'Upar.
Là, on savait déjà qu'il y avait une démonstration de force et une intention de mater le mouvement de l'adversaire.
Par contre, les membres du parti TGV et les gens qui soutiennent le candidat Rajoelina, conduits par la députée Jocelyne Rahelihanta, ont su faire preuve d'enthousiasme.
Et la ville a été recouverte de la couleur orange car les carnavaliers ont été en uniforme et arboré le drapeau à l'effigie de l'ancien président.
Ils sont issus de différents quartiers de la ville pour sillonner les artères avant d'atteindre la place devant le jardin Pergola, pour laquelle ils ont obtenu l'autorisation de se rassembler.
La particularité du stade du 13 mai, a été la présence d'artistes de grosse pointure car, outre Wawa, il y a aussi eu Tence Mena, Lola, Jior Shy... Ce qui a déchaîné le public.
Les gens sont sortis pour s'amuser et ils ont mis leurs plus beaux atouts, comme au jour de la fête nationale, pour assister au spectacle gratuit.
Notons que le nombre de personnes portant des tee-shirts de couleur citron a été faible.
En fin d'après-midi, vers 17h30, le candidat Siteny Randrianasoloniaiko est monté sur scène et il a été le seul à prendre la parole.
On a remarqué qu'il n'a plus parlé de la nationalité de son adversaire, mais a plutôt formulé de vives critiques sur les actions de son administration.
Il a déclaré que l'état actuel de la société Secren et de nombreuses autres entreprises ainsi que la mauvaise qualité de l'enseignement à l'Université étaient dus à l'absence de la bonne gouvernance.
Il a accusé ouvertement le candidat Andry Rajoelina d'être responsable de cette défaillance.
Comme à son habitude, il a évoqué son programme de décentralisation. Il a souligné qu'il constitue une solution dans tous les domaines, entre autres de l'énergie ou de l'éducation.
« Je ne suis pas un homme orgueilleux, je ne promets pas différents stades et piscines aux normes, mais comme notre slogan le dit, c'est la population qui prime. Je réaliserai ce que je promets », lance-t-il.
Le public a remarqué que le député-candidat a commis une autre erreur en affirmant que les consulats de France qui s'occuperont des visas et des passeports seraient rouverts dans les régions.
Il a oublié que c'est l'ambassade de la République française à Madagascar qui a décidé cette suppression en raison de la mise en oeuvre de la politique d'austérité de son pays, indépendamment du gouvernement malgache.