Madagascar: Élection présidentielle - La campagne réduite à deux candidats

Andry Rajoelina (photo d'archives).

Il ne reste plus que deux semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle. Après ces vingt premiers jours de propagande, le constat est que seuls deux candidats battent le pavé pour séduire les électeurs.

Un duel. La campagne électorale s'y apparente de plus en plus. Entre le collectif des candidats qui fait la moue et le candidat Sendrison Daniela, discret depuis plusieurs jours, ce sont les candidats Andry Rajoelina et Siteny Randrianasoloniaiko qui occupent, seuls, le terrain.

Officiellement, trois prétendants à la magistrature sont engagés dans la campagne. Dans les faits, deux sortent du lot. En effet, le candidat Sendrison Daniela Raderanirina, porte-étendard du parti Fy-M ou "Fandrosoa faritsy iaby ho an'i Madagasikara" (FY-M), est relativement discret. Les activités et prises de position politiques du candidat numéro 11 trouvent aussi des échos modestes sur les réseaux sociaux. Sa dernière sortie publique a été la conférence-débat baptisée TAFA, organisée par la société civile, le 25 octobre.

De prime abord, la campagne électorale du candidat numéro 11 est anecdotique. En termes d'envergure, de présence sur terrain, d'engouement des partisans et de résonance des activités, ce sont les candidats Andry Rajoelina et Siteny Randrianasoloniaiko qui animent la campagne. Leurs tournées cassent l'incertitude, conjuguée à une certaine indifférence engendrée par l'ambiance singulière de cette période pré-électorale.

"Qu'importe qui participera à la course ou qui vont s'abstenir, nous, nous sommes prêts et nous franchirons la ligne d'arrivée en vainqueurs", scande le candidat numéro 3 à chacun de ses meetings, afin d'affirmer son assurance face au verdict des urnes. Seul à occuper le terrain le 10 octobre, date du début de la campagne électorale, Andry Rajoelina a une longueur d'avance sur ses concurrents. Ceci, même s'il a levé le pied durant une semaine, avant de redémarrer sur les chapeaux de roue son périple électoral.

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Ayant claqué la porte du collectif des candidats, Siteny Randrianasoloniaiko bat le pavé depuis une semaine et tente de rattraper son retard sur le porte-étendard des oranges. Sur la forme, sa décision de s'engager dans la campagne électorale coïncide avec l'arrivée au pays de l'hélicoptère qu'il a affrété à cet effet. Sur le fond, avec le groupe des dix qui continue à bouder le processus électoral, le candidat numéro 13 y voit, visiblement, une opportunité de briguer le rôle de seul challenger du Président sortant.

Challenger

Ce statut de principal challenger de Andry Rajoelina, le candidat Randrianasoloniaiko l'a revendiqué depuis qu'il a lancé sa pré-campagne. Son dernier discours avec le collectif des candidats, au Coliseum Antsonjombe, le 21 octobre, le laisse entendre. Lui qui a demandé un débat en face-à-face avec le candidat numéro 3. En tout cas, dans ses tournées électorales, sa seule cible est le Président sortant. L'abstention du candidat Marc Ravalomanana pourrait jouer en sa faveur.

Pauvre en débat d'idée jusqu'alors, la campagne électorale se mesure par l'applaudimètre et au taux d'affluence dans les meetings. Même le collectif des candidats se prête au jeu. Sur ce point, autant Andry Rajoelina que Siteny Randrianasoloniaiko peuvent se targuer de remplir les stades. Seulement, seuls les votes comptent. Les observateurs s'accordent sur un point. Il ne faut pas d'emblée considérer Marc Ravalomanana comme hors course.

Bien qu'il refuse de faire campagne, le candidat numéro 5 jouit toujours d'un électorat confortable. Les résultats de la présidentielle de 2018 le confirment. Ses partisans le soutiennent et le suivent contre vents et marées. Ceux-ci composent justement l'écrasante majorité de ceux qui suivent le mouvement du collectif des candidats. Dans ses tournées politiques, depuis plus d'un an, il s'est, du reste, appliqué à revigorer et restructurer sa base politique.

Le succès du meeting du collectif des candidats à Imerintsiatosika, la semaine dernière, est essentiellement grâce à la branche locale du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM). Pareillement, pour les marches organisées à Antsirabe. Comme l'épisode de Talatamaty et Ivato, il y a quelques jours, le mouvement des dix candidats se mue parfois en un rassemblement de soutien au patron du TIM.

Effectivement, la campagne électorale se résume jusqu'ici en un duel. Rien ne garantit cependant que le scrutin du 16 novembre se limite à un mano à mano entre les candidats numéro 3 et numéro 13. D'autant plus que, jusqu'à l'heure, aucun des membres du collectif des candidats n'a déclaré qu'il allait boycotter le vote. Par ailleurs, il n'est plus possible de se rétracter une fois leur candidature officialisée par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Le verdict des urnes pourrait réserver quelques surprises.

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