Amnesty International dénonce la responsabilité du groupe Meta, propriétaire du réseau social Facebook, dans les atteintes aux droits de la communauté tigréenne en Éthiopie. Dans un rapport publié ce mardi 31 octobre, l'ONG affirme que la multinationale américaine n'a pas limité « de façon adéquate » la diffusion de contenus haineux lors de la guerre opposant le Front populaire de libération du Tigré et les forces fédérales éthiopiennes entre 2020 et 2022.
Le modèle de Facebook, basé sur la logique des algorithmes, est en cause selon Amnesty. Ce système paramétré pour augmenter l'utilisation du réseau social favorise la propagation de contenus violents, car cela attire l'attention des internautes. Facebook est très utilisé en Éthiopie. Le réseau est perçu par de nombreux utilisateurs comme une source d'informations fiable. Or, durant le conflit, les algorithmes ont renforcé la diffusion de messages haineux visant la communauté tigréenne.
Le rapport retrace l'histoire de Meareg Amare. Ce professeur de chimie tigréen a été assassiné après que son nom, son adresse et sa photo ont été diffusés sur Facebook, avec un message de menace l'accusant de collaborer avec le Front populaire de libération du Tigré. En plein conflit, les menaces ciblées de ce genre ont proliféré. Pour Amnesty, le système de modération de Facebook a été défaillant. L'ONG relève des signalements de contenus dangereux non pris en compte et un temps de réaction trop lent.
Avant et pendant le conflit, Meta a reçu des mises en garde de la part d'organisations de la société civile et d'experts des droits humains. « Meta n'a cependant pas pris ces mises en garde en considération, et n'a pas pris les mesures d'atténuation qui s'imposaient, même après le déclenchement du conflit », dénonce la secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard. L'ONG appelle le groupe Meta à des « réformes de grande envergure » alors que la région Amhara, dans le nord de l'Éthiopie, est toujours confrontée à une crise sécuritaire.
Une plainte collective avait été déposée en décembre 2022 contre Meta, au centre de régulation du réseau Facebook à Nairobi. Les plaignants accusent notamment l'entreprise de ne pas avoir modéré correctement le contenu diffusé en langue éthiopienne, en plus d'avoir favorisé les discours clivants et haineux.